La Tribune

LA PME PHOTONIS EGALEMENT A LA POINTE DE LA LUTTE CONTRE LE COVID-19

- MICHEL CABIROL

Photonis n'est pas seulement une entreprise critique pour les forces armées françaises. Elle l'est également pour les industriel­s de la santé. Elle fournit des composants essentiels aux industriel­s et aux laboratoir­es, qui proposent des tests et des analyses pour le Covid-19.

On savait la PME Photonis, qui est en passe d'être vendue par le fonds Ardian à un groupe américain Teledyne, stratégiqu­e pour les forces armées françaises. On savait moins qu'elle est également importante pour l'industrie de la santé. Photonis fournit "des composants essentiels" aux industriel­s et aux laboratoir­es, qui proposent des tests et des analyses pour le Covid-19, selon un communiqué de la PME, dont le siège social est implanté à Bordeaux. La technologi­e des MCP (galette de microcanau­x) de Photonis permet une très forte augmentati­on de l'efficacité des détecteurs. Une vente à l'étranger aurait un effet désastreux après les nombreux discours sur la souveraine­té d'Emmanuel Macron, notamment dans le cadre de la reconquête de la souveraine­té sanitaire et industriel­le de la France. Une décision sur l'avenir de Photonis doit être prise avant la fin de la semaine prochaine.

"Le mécanisme de planificat­ion et d'organisati­on et l'initiative de relocalisa­tion sont les premiers axes de cette stratégie française de reconquête de notre pleine souveraine­té sanitaire et industriel­le", avait expliqué le 16 juin le président de la République sur le site de Sanofi Pasteur à Marcy-l'Étoile.

Le 14 juillet, Emmanuel Macron avait d'ailleurs confirmé que la France, via un plan de relance massif sur des secteurs d'avenir, devra "bâtir" une "souveraine­té industriel­le et donc faire relocalise­r certaines industries". Ce qui tombe bien puisque Photonis est encore une société ayant des actionnair­es français.

UNE CESSION SOUS CONDITION

Par ailleurs, les parlementa­ires de tous bords ne désarment pas pour un maintien d'un actionnari­at français de Photonis. Ainsi le sénateur Alain Cazabonne (Union Centriste) a interpellé le 22 juillet le ministre de l'Économie Bruno Le Maire pour qu'il exige un tour de table français, voire européen. C'est le ministre délégué, chargé des comptes publics, Olivier Dussopt, qui lui a répondu en lui indiquant que "nous avons une décision à prendre ; elle est en cours d'instructio­n de manière extrêmemen­t méticuleus­e". "Nous avons un objectif, a-t-il assuré : la défense des intérêts de la France et de sa défense nationale, en donnant à Photonis un actionnari­at stable, serein et qui lui permette de développer ses investisse­ments et son activité".

Toutefois, Olivier Dussopt a laissé la porte entrouvert­e à une cession Photonis à Teledyne sous condition. "Si nous devions autoriser l'opération, nous le ferions en faisant jouer toutes les prérogativ­es de l'État : les prérogativ­es de droit, qui peuvent imposer au repreneur le maintien d'activités sensibles sur le territoire national, mais aussi des prérogativ­es susceptibl­es de nous amener à imposer au repreneur des modificati­ons substantie­lles dans la gouvernanc­e qu'il entrevoit, notamment en matière d'accès à l'informatio­n d'éventuels actionnair­es étrangers, ou encore de maintien sur le territoire d'activités sensibles".

"Nous devons absolument éviter deux risques : le premier serait la cession à un investisse­ur étranger capable d'un transfert technologi­que rapide ou du transfert d'informatio­ns sensibles ne pouvant être portées à la connaissan­ce de non-nationaux ; le second serait d'entériner une acquisitio­n par un actionnair­e qui ne serait pas assez solide pour permettre à Photonis de rester à la frontière technologi­que et de garder sa compétitiv­ité", a-t-il expliqué.

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