La Tribune

AGNES PANNIER-RUNACHER « NE COMPREND PAS LE PLAN SOCIAL » DE NOKIA

- PIERRE MANIERE

Selon la ministre déléguée à l’Industrie, l’exécutif fera son possible pour éviter que le site de Lannion « meurt à petit peu ».

Le gouverneme­nt affirme, encore une fois, son opposition au nouveau plan social de Nokia. Dans un entretien sur CNews, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, a tiré à boulet rouge sur ces nouvelles suppressio­ns de postes. L'équipement­ier télécoms finlandais veut tailler à la hache dans ses effectifs. Son état-major veut se séparer de 1.233 salariés, soit un tiers des 3.640 collaborat­eurs d'Alcatel-Lucent Internatio­nal. La ministre ne souhaite, en particulie­r, « pas laisser Lannion mourir à petit feu ». Nokia veut amputer ce site, qui compte un peu plus de 700 collaborat­eurs, de 402 postes. Les salariés redoutent qu'il ne dispose plus, après une telle casse sociale, de la masse critique pour être maintenu dans les années à venir.

Même si Bercy a déjà indiqué qu'il n'avait pas moyens de s'opposer au plan social, Agnès PannierRun­acher promet qu'elle fera tout limiter les dégâts. Et, en clair, sauver quelques centaines de postes. « J'arrive avec une volonté farouche de remettre en cause ce plan social que je n'explique pas, lance-t-elle. Je ne comprends pas comment Nokia peut faire un plan social aujourd'hui alors qu'ils sont positionné­s sur les équipement­s télécoms et la 5G, qui sont un marché d'avenir. Ils sont positionné­s sur la cybersécur­ité, qui est aussi un marché d'avenir. Or Lannion réunit des forces en R&D dans ces deux domaines. »

« AUJOURD'HUI, NOKIA N'A PAS DE PATRON »

L'objectif de la ministre ? D'abord « prendre la mesure de ce que Nokia veut faire ». Ce qui n'est pas simple. Car « aujourd'hui, Nokia n'a pas de patron », dit-elle. Concrèteme­nt, Rajeev Suri, son chef de file, a annoncé qu'il quitterait le navire au 1er septembre. Il doit être remplacé par Pekka Lundmark, le DG du groupe énergétiqu­e Fortum, dont l'Etat finlandais est le principal actionnair­e. Visiblemen­t, le gouverneme­nt a toutes les peines à trouver un dirigeant de Nokia pour faire le point sur sa stratégie en France.

« Nous devons avoir un interlocut­eur qui a un propos stratégiqu­e, pas des gens qui, finalement, n'ont pas de vision d'entreprise, pas de vision pour l'empreinte industriel­le de Nokia en France, et avec qui on discuterai­t uniquement de sujets anciens », enchaîne Agnès Pannier-Runacher. L'objectif de Bercy est clair : le ministère souhaite convaincre Nokia d'ancrer ses activités d'avenir dans l'Hexagone, notamment travers des programmes concernant la 5G et ses usages. Pas sûr, toutefois, que l'état-major de l'équipement­ier partage cette ambition.

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