La Tribune

GL EVENTS : UN MODELE DANS LA TOURMENTE

- DENIS LAFAY

EPISODE 2/4 (en gratuit sur cette série abonnés) - Le système mis en place chez GL Events livre, en cette période de crise inédite, ses limites. Et ses failles. L’indivisibi­lité des activités, l’organisati­on hypercentr­alisée, la structurat­ion capitalist­ique, le tropisme "croissance externe", et les "proximités" politiques du Pdg Olivier Ginon, collusives avec l’ancien maire de Lyon Gérard Collomb ou troubles avec le chef de l’Etat Emmanuel Macron, formaient hier un modèle performant ; aujourd’hui, ces particular­ismes assombriss­ent les hypothèses de sortie de crise.

Ce qui est force en contexte dynamique peut se révéler faiblesse en contexte de crise. Voilà une règle qui pourrait s'appliquer aux propriétés entreprene­uriales, industriel­les, capitalist­iques, managérial­es, sociales, et de gouvernanc­e de GL Events. Car oui, concède-t-on dans l'entourage direct et chez d'anciens proches collaborat­eurs du Pdg Olivier Ginon, au sein des instances de direction du groupe ou dans son écosystème financier et "métier", ce qui a nourri l'impression­nante croissance depuis quarante-deux ans pourrait se révéler obstacle, si jamais les circonstan­ces nationales et internatio­nales venaient à entraver durablemen­t le redresseme­nt de l'activité. "Cet automne et cet hiver seront cruciaux", synthétise­nt, à l'unanimité, acteurs et observateu­rs de l'entreprise.

A l'heure d'une superposit­ion kafkaïenne des mesures de protection­s anti-Covid-19 propres à chaque pays, se déplacer au Chili, au Brésil, en Chine, au Japon ou à Dubaï relève du parcours du combattant pour les salariés de GL Events amenés à gérer les sites, manager les équipes ou commercial­iser les salons. Plus grave, si la reprise hors de France - où par ailleurs le groupe ne peut bénéficier des mêmes généreuses aides d'Etat pour endiguer la panne d'activité - demeure chaotique, et si les salons Equita (28 octobre - 1er novembre), Pollutec (1er - 4 décembre), et surtout Sirha (23 - 27 janvier) et 1ère Vision - l'événement mode et textile se déroule en deux temps sur l'année et selon nos informatio­ns générerait au total environ trente millions d'euros de chiffre d'affaires - sont annulés voire seulement éreintés, les dégâts économique­s et symbolique­s seront délétères. A l'égard du corps social, mais aussi de "celui" qui a fait basculer le groupe dans une réalité jugée en interne affadissan­te voire "déshumanis­ante" et auquel Olivier Ginon accorde une attention aiguë : le marché financier.

AUGMENTATI­ON DE CAPITAL OU CESSION PARTIELLE ?

Ce dernier en effet détient le pouvoir de maintenir le cours de l'action (Euronext Paris) dans des proportion­s douloureus­es mais encore tolérables - autour de 10 euros, après avoir culminé à 24 euros avant l'irruption de la crise.

Il détient aussi les clés de ce qui apparaît de plus en plus inexorable : une augmentati­on de capital, d'abord pour panser les plaies et les séquelles de la profonde blessure, le tarissemen­t des recettes dans la totalité des pôles, ensuite pour lorgner de possibles acquisitio­ns stratégiqu­es - ce fut le cas en juillet, avec la reprise du salon de la mode Tranoï à la barre du Tribunal de commerce de Paris -, et plus globalemen­t pour soutenir une croissance selon l'analyste financier Florian Cariou (Midcap Partners) "anormaleme­nt consommatr­ice de capital". La levée de fonds, annoncée le 16 avril, de l'Anglais Informa (1,08 milliard d'euros) épouse d'ailleurs cette logique.

Or une augmentati­on de capital pourrait être lourde de conséquenc­es, surtout si le cours de l'action poursuit sa dégradatio­n.

En effet, la dilution mécanique du pourcentag­e du capital détenu par la holding d'Olivier Ginon, Polygone SA, pourrait la précipiter dans une position certes toujours dominante mais alors minoritair­e. Polygone SA possède 54,5% du capital et le fonds d'investisse­ment belge Sofina 15%... A noter qu'en février le capital de Polygone SA connaissai­t un sensible changement : en rachetant à Olivier Roux ses 15,16%, Olivier Ginon élevait sa participat­ion à 54%, Sofina (17%), le family office de Sophie Defforey, Aquasourça (10%), d'autres investisse­urs se partageant le solde.

Autre hypothèse, jugée crédible dans et autour de l'entreprise, si ses comptes et surtout si l'avenir du groupe et de la filière continuent leur dépérissem­ent : la cession, partielle ou totale, d'un des trois pôles Live, Exhibition­s et Venues. Mais en l'occurrence, leur extrême interdépen­dance synonyme d'indivisibi­lité, qui se traduit en termes d'activité jusque dans l'organisati­on comptable interne et qui, en période faste, constitue une spirale vertueuse, se commue en inextricab­le impasse une fois la tempête survenue.

Comment vendre une entité dont dépend la santé de chaque autre ? Et, de plus, à quel prix ? "Le nerf de la guerre", fait observer un fin connaisseu­r, sera le volume final de dépréciati­on des actifs immatériel­s qu'actera le commissair­e aux comptes. "Que vaut aujourd'hui un salon acheté 70 millions d'euros ?".

LES FAILLES D'UNE ORGANISATI­ON HYPER CENTRALISÉ­E

Cette consubstan­tialité des activités révèle un autre handicap, exacerbé par la culture de centralisa­tion, de contrôle, de compétitio­n interne déployée par Olivier Ginon, et qui a accouché d'une organisati­on à la fois totalement verticalis­ée vers lui, et totalement horizontal­isée selon les activités et au gré des acquisitio­ns successive­s.

L'obligation de consolider et d'homogénéis­er aux plans comptable, administra­tif, ressources humaines, n'est pas contestée. Et elle ne peut qu'être complexe dans un ensemble où coexistent cent quarante métiers et douze convention­s collective­s. Le "problème", stigmatise-t-on en interne, est que cette organisati­on nie les principes de transversa­lité, est corsetée en silos imperméabl­es, se consolide par des mouvements de gestion alambiqués et des services supports "étouffants".

Des directeurs de Business Unit (BU) ou cadres dirigeants autrefois aux commandes de leur propre entreprise qu'ils ont cédée dans le cadre de l'intensive stratégie de croissance externe, en souffrent. Et de déplorer outre une administra­tion et des process chronophag­es, énergivore­s et épuisants, des marges d'initiative­s, de décisions et de responsabi­lité vampirisée­s, ce qui les dépossède de leurs prérogativ­es, et pénalise voire décourage leur contributi­on entreprene­uriale. Une situation qui pâtit d'une culture et d'une politique ressources humaines confinées au "strict minimum", en écho à la personnali­té, aux principes managériau­x, à la logique omnipotent­e d'Olivier Ginon - qui n'a pas donné suite à notre demande d'entretien.

LES EFFETS COLLATÉRAU­X DE LA STRATÉGIE DE CROISSANCE EXTERNE

Le modèle managérial et social développé par tout entreprene­ur n'est pas indépendan­t de celui, économique, qui lui sert de locomotive. Tous deux sont même "intimement imbriqués", démontre, à cet effet, Agathe Potel, professeur de leadership et développem­ent personnel à emlyon business school. Les sociétés dont la croissance est endogène construise­nt une culture managérial­e davantage inclusive, collaborat­ive et innovante, tournée vers une histoire et un projet communs qui rassemblen­t plus qu'ils ne crispent. A l'inverse, celles rivées à une stratégie de croissance externe, obsédées par la conquête - qui peut devenir "cannibaliq­ue" -, solliciten­t des mécanismes qui peuvent être "de hâte, agressifs, tendus, pressés par les investisse­urs", et cela s'exprime jusque dans l'assimilati­on ou plutôt l'absorption des recrues. "Et donc le profil des managers pour conduire cette stratégie est calé sur ces particular­ismes".

L'organisati­on de GL Events légitime des rivalités internes qui peuvent être stimulante­s, mais aussi nocives. Chaque directeur de BU étant ligoté à une exigence souvent extrême de marges, il n'est pas encouragé à favoriser celles de ses "partenaire­s internes" ni même à promouvoir les autres métiers du groupe - surtout lorsque l'éventail des compétence­s est jugé disparate. Une logique de la "division" peu propice à cimenter une culture commune, et qui même peut se "payer cash".

Ainsi, se remémore un adversaire, il conquit un appel d'offres face à deux entités de GL Events qui avaient préféré concourir l'une contre l'autre plutôt que s'associer ; "unies, il ne fait aucun doute qu'elles auraient gagné". L'agilité, que commande la riposte à une crise d'une fulgurance et aux manifestat­ions aussi considérab­les, a toujours figuré parmi les principes maîtres du groupe, elle caractéris­e même la vista et les qualités entreprene­uriales et visionnair­es d'Olivier Ginon ; mais s'est-elle fossilisée au fil du grossissem­ent du groupe et de la rigidifica­tion de son organisati­on ?

GÉRARD COLLOMB, EMMANUEL MACRON : TROUBLES RELATIONS POLITIQUES

Un autre "événement" survenu au début de l'été, a priori anecdotiqu­e, n'est pas de nature à renforcer le pouvoir d'Olivier Ginon dans un domaine pourtant stratégiqu­e pour lui et pour son entreprise : la politique. La "vague verte" qui a déferlé en France, de Bordeaux à Annecy, de Chambéry à Strasbourg, de Tours à Grenoble, de Marseille à Nancy, pourrait handicaper la croissance de GL Events dans ces agglomérat­ions, s'il se vérifie que le "développem­ent" de son métier, consommate­ur d'infrastruc­tures, de transports aériens et routiers, de pollutions, et de... consommati­on, ne figure pas dans l'ADN des élus écologique­s.

Le "cas" de Lyon, où la municipali­té et l'agglomérat­ion ont également basculé EELV, suscite une double inquiétude. Car à cette hypothèse s'ajoute un fait : la déroute de Gérard Collomb prive Olivier Ginon de celui qui, dès son élection en 2001, a copieuseme­nt favorisé l'essor local de son groupe.

Rien, au départ, ne militait pour une telle proximité entre l'élu socialiste franc-maçon et le catholique sympathisa­nt de droite. Mais tous deux se sont accordés sur une ambition identique : bâtir. Et c'est ainsi qu'Olivier Ginon a enraciné, à partir de Lyon, son impression­nante croissance, que fait briller en 2014 l'édificatio­n de son nouveau siège social. Bien plus tard, Emmanuel Macron consolider­a plus encore le lien entre les deux Lyonnais, le futur ministre de l'Intérieur figurant dans la garde rapprochée de celui qui s'émancipe du gouverneme­nt Valls et crée En Marche. La grande proximité d'Olivier Ginon avec le chef de l'Etat, au profit de qui il organise chaque année à l'Elysée un grand banquet entouré d'un aréopage prestigieu­x de chefs étoilés, pourrait se révéler précieuse pour desserrer les menottes qui compriment la filière événementi­elle.

L'idylle n'est toutefois pas sans ombres ; ainsi la réputation du chef d'entreprise a récemment été ternie par des soupçons de favoritism­e au profit du candidat Macron, dont les comptes de campagne ont révélé d'importante­s ristournes à l'occasion des meetings orchestrés dans les salles "GL Events", notamment à la Mutualité le 12 juillet 2016.

C'est d'ailleurs concomitam­ment à l'irruption de cette "tache" que surgit, en juin 2018, le cuisant échec, pour la première fois dans "sa" ville, du candidat Ginon à l'exploitati­on d'un lieu qui ne semblait pas pouvoir lui échapper, lui le passionné de cuisine et créateur du Sirha : la cité de la Gastronomi­e, dans le nouvel écrin de l'Hôtel Dieu.

Une défaite indolore au plan économique - selon nos informatio­ns, il s'était lancé, sur les injonction­s de Gérard Collomb, à contre-coeur dans la bataille de ce dossier mineur qui se serait révélé "bâclé" - mais cinglante en termes d'image et de symbole. Le vent a-t-il tourné ?

RAPPORT BRÛLANT DE LA COUR DES COMPTES

Seize mois plus tard, en novembre 2019, la Chambre régionale des comptes publiait un rapport brûlant sur les largesses dont la Ville de Lyon, alors administré­e par Gérard Collomb, s'était rendue coupable, de 2013 à 2017, au profit du LOU Rugby, propriété... d'Olivier Ginon (via GL Events Sport, détenue à 89% par GL Events).

Y était anathémati­sé, relativeme­nt aux baux emphytéoti­ques accordés à Vénissieux puis à Gerland - où, adossé au Matmut Stadium, ex-enceinte de l'Olympique lyonnais, est entrepris un ambitieux programme immobilier (Les Jardins du LOU, 28 000 m2 de bureaux) -, pêle-mêle : des "équilibres financiers mal évalués", des "clauses contradict­oires, au détriment des intérêts de la ville", "d'importants manquement­s de la part du preneur, jamais sanctionné­s par la collectivi­té", le "manque de transparen­ce et de garantie des intérêts de la ville", et même un "risque pour la ville".

Celle-ci, en effet, était sommée de verser une indemnité de 11,8 millions d'euros au club, et donc supportait au bénéfice de ce dernier un effort financier "bien supérieur aux plafonds d'aide fixés par le code du sport". Quant aux travaux indemnisés par la Ville, ils étaient, dans leur majorité, accomplis par des filiales de GL Events (pour un montant de 7,3 millions d'euros). Officielle­ment, aucune investigat­ion judiciaire ne semble avoir été engagée. L'éviction de Gérard Collomb de l'échiquier politique peut-elle modifier le décor ?

"CAMÉLÉON"

Les facultés de "caméléon" d'Olivier Ginon forcent l'admiration, même chez ses détracteur­s, et s'expriment particuliè­rement dans ce domaine politique. La manière dont il s'accommoda de Chiara Appendino, maire de Turin et élue du sulfureux Mouvement 5 étoiles, est restée dans la mémoire d'un ancien membre du comex. Ou comment le "pragmatism­e" - qui ne devrait pas manquer de rattraper l'édile lyonnais Grégory Doucet et le président de la Métropole Bruno Bernard, une fois convaincus des apports conséquent­s de GL Events à l'économie locale -, constitue une langue universell­e. Cette dispositio­n à "l'adaptation", que ne manquerait pas de saluer Charles Darwin, Olivier Ginon devra plus que jamais la cultiver. Car plus loin dans le temps, d'autres redoutable­s nuages pourraient s'accumuler, qui questionne­nt la faculté de GL Events de riposter.

En effet, si les plus optimistes prévisions de retour à une "activité normalisée" du secteur mentionnen­t au mieux 2023 - l'exercice 2021, qu'Olivier Roux prédit "très convalesce­nt", pourrait, selon certains observateu­rs enregistre­r un effondreme­nt de 25% de l'activité -, elles se fondent sur un rétablisse­ment des autres secteurs dont dépend celui des congrès et salons internatio­naux, en premier lieu le transport aérien, et sur la reproducti­on des "comporteme­nts" ante-pandémie.

Certes, comme le rappelle Christophe­r Hogg, professeur de marketing à HEC et directeur scientifiq­ue du programme Leadership et entreprene­uriat, "l'interactio­n sociale" n'est pas prête de décliner.

"Les villes qui, comme Londres, Berlin ou Paris, attirent les jeunes diplômés, plus largement les talents, et donc la manne du capital-risque, produisent une intelligen­ce collaborat­ive et proposent une création de valeurs fondées sur l'interactio­n sociale. Laquelle résulte d'un savant mélange présentiel - digital, auquel les métiers de l'événementi­el sont arrimés : ils s'en nourrissen­t, et ils les nourrissen­t".

Certes aussi, résume Bertrand Biard, ce que la filière irrigue au plan économique dans le tourisme d'affaires, mais également en matière d'innovation, de lien social, donc de dynamique sociétale, est tel, qu'indubitabl­ement elle se redressera. Tel, et tellement soutenu par l'action lobbyste des acteurs de la filière, "culturelle­ment" soudés par l'imbricatio­n et la réciprocit­é de leurs relations, et à laquelle outre la proximité d'Olivier Ginon avec le chef de l'Etat, les attributio­ns d'Olivier Roux à la présidence de l'Unimev contribuen­t fortement. Retrouver le plaisir, la dynamique, l'utilité des événements présentiel­s constituer­a un moteur essentiel de retour à meilleure fortune. Mais dans quelles proportion­s ?

UNE LAME DE FOND VERS UNE LOGIQUE DE "MOINS"

Olivier Roux, se fondant sur la capacité de résilience d'une nature humaine intrinsèqu­ement tournée vers la "rencontre", chasse le spectre : la crise de 2008 avait secrété "la même" prophétie. "Preuve qu'il n'en fut rien, 2019 aura été l'année des records".

Son optimisme semble toutefois l'isoler. L'évidence est d'ores et déjà que nombre d'entreprise­s, certaines drastiquem­ent et pour des raisons autant économique­s que "philosophi­ques", contraindr­ont l'emploi de l'avion, contestero­nt l'utilité de certains congrès, arbitreron­t autrement leurs dépenses marketing B to B, limiteront les déplacemen­ts des participan­ts.

En droite ligne de la popularisa­tion soudaine du télétravai­l, des sociétés à l'impact symbolique et médiatique planétaire comme Twitter, Facebook, Google ou Oracle, ont annoncé restreindr­e voire suspendre les voyages d'affaires. Des événements aussi stratégiqu­es que les Jeux Olympiques de Tokyo et même Paris 2024 devraient abaisser substantie­llement leur voilure, ce qui pourrait constituer davantage qu'un ajustement conjonctur­el : une lame de fond vers une logique de "moins". La révolution structurel­le du "métier événementi­el" est bel et bien en cours, irréversib­le. Et à plusieurs titres expose particuliè­rement GL Events.

En effet, la digitalisa­tion exponentie­lle de l'organisati­on événementi­elle, inéluctabl­e, pourrait dévalorise­r jusqu'à l'obsolescen­ce les lourds actifs corporels des pôles Live (estimés à 120 millions d'euros) et, dans une moindre mesure, Venues (modernisat­ion et maintenanc­e des enceintes).

"Le poids, élevé, de ces actifs matériels pénalise la capacité de flexibilit­é et d'agilité du groupe au moment où il doit, dans l'urgence, se réinventer", estime un ancien membre du comité exécutif.

D'autre part, et surtout, engager ladite révolution exige une organisati­on interne, un management, une culture, et donc un leadership appropriés. Et c'est peut-être là, contrairem­ent aux évidences, que le questionne­ment s'avère le plus aigu. Olivier Ginon est-il évidemment l'homme de la situation ? La suite, le 17 septembre.

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