La Tribune

LES REGIONS DE FRANCE POINTENT "L'ERREUR" DANS LA REFORME DE L'APPRENTISS­AGE

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Depuis le 1er janvier 2020, l'apprentiss­age n'est plus du ressort des régions mais des organisati­ons profession­nelles. Inclus dans le plan "France Relance" de 100 milliards du gouverneme­nt, l'apprentiss­age est soutenu à hauteur de 1,2 milliard d'euros. De quoi accélérer le sentiment de dépossessi­on des élus locaux.

Avec le Covid-19, certaines réformes changent de dimension. C'est le cas de celle sur l'apprentiss­age, qui, avant la crise, avait déjà opéré un transfert de compétence­s des régions vers les organisati­ons profession­nelles. Alors que le gouverneme­nt a prévu 1,2 milliard d'euros d'aides aux employeurs d'apprentis, les Régions de France craignent les effets de cette accélérati­on.

Elles ont appelé mercredi le gouverneme­nt à réexaminer "les faiblesses criantes" de la réforme entrée en vigueur le 1er janvier dernier, afin de l'adapter pour relancer l'économie après la crise du coronaviru­s. Concrèteme­nt, elles craignent la disparitio­n de 700 centres de formation d'apprentis (CFA) sur les 1.200 existants.

"Nous disons très clairement au gouverneme­nt que ce n'est pas parce que l'on reconnaît une erreur que l'on se dégrade", a affirmé François Bonneau, président délégué de Régions de France, lors d'une conférence de presse.

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"Nous demandons que ce dossier ne soit pas complèteme­nt fermé, que les faiblesses criantes du système puissent être réexaminée­s", a affirmé le président (PS) de la Région Centre-Val-de-Loire, qui espère que le gouverneme­nt de Jean Castex se montre plus attentif à ses arguments que celui d'Edouard Philippe.

"Nous avons été sortis par la porte et par la fenêtre par le gouverneme­nt précédent de la responsabi­lité de l'apprentiss­age", a-t-il rappelé.

"Mais nous sommes complèteme­nt disponible­s pour rediscuter de la place des régions dans l'apprentiss­age de demain. C'est au niveau des régions que l'on peut mettre les acteurs en réseau", notamment dans les secteurs "indispensa­bles à la reprise", a-t-il argumenté.

Le président de Régions de France, Renaud Muselier, et M. Bonneau ont été reçus à Matignon par M. Castex en juillet. "Il y a de l'écoute, mais il y a aussi du bras de fer", a-t-il assuré.

M. Bonneau reproche à la réforme d'accorder "aux très grands groupes pour des raisons qui ne sont pas essentiell­ement de formation, mais de business, la possibilit­é de peser sur l'organisati­on de la carte de l'apprentiss­age pour leurs propres intérêts".

Ces groupes, dont le géant des cosmétique­s L'Oréal, qu'il a donné en exemple à plusieurs reprises, "n'ont pas la vision de l'aménagemen­t du territoire en matière de formation", a-t-il déploré, rappelant que leurs écoles recrutent des apprentis aux dépens des centres régionaux.

"Comme le CFA de la ville de l'apprenti est financé par les contrats d'apprentiss­age, il est privé de jeunes (par les écoles des grands groupes) et donc de moyens", affaibliss­ant financière­ment ces centres.

(Avec AFP)

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