La Tribune

SANTE, ENVIRONNEM­ENT : LE PLAN DE MARCHE D'URSULA VON DER LEYEN POUR L'UNION EUROPEENNE

- AFP

L'Europe sur le point de se doter d'une Barda ? Cette autorité fédérale américaine, rattachée au ministère de la Santé, et qui est chargée outre-Atlantique de contrer notamment les menaces sanitaires, chimiques, biologique­s et même nucléaires. C'est en tout cas le projet d'Ursula von der Leyen, lors de son discours d'introducti­on sur l'état de l'Union européenne, alors que de profondes divergence­s entre les Etats membres sur la gestion de la pandémie ont été mis au jour. La présidente de la Commission a aussi donné son plan de marche pour le Green Deal environnem­ental et la relance économique.

Une Europe plus résistante face aux menaces sanitaires, au changement climatique et à la crise économique: la présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, a dévoilé mercredi son plan de bataille lors de son premier discours sur l'état de l'Union européenne.

Devant les eurodéputé­s, la première femme à la tête de l'exécutif européen, qui a fait du Green Deal un pilier de son mandat, a annoncé qu'elle entendait rehausser l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'UE pour 2030, actuelleme­nt fixé à -40% par rapport au niveau de 1990, à -55%.

Ce relèvement, qui aurait d'importante­s conséquenc­es pour les secteurs de l'énergie, des transports ou de l'agricultur­e, "est trop important pour certains et insuffisan­t pour d'autres",a reconnu Ursula von der Leyen. Mais "notre économie et notre industrie peuvent y faire face", a-telle assuré dans ce discours, un rituel de la vie bruxellois­e.

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"UNION EUROPÉENNE DE LA SANTÉ"

L'objectif s'inscrit dans le projet plus vaste de faire de l'Europe le premier continent neutre en carbone en 2050, c'est-à-dire capable de faire l'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption.

Dans cet esprit, le plan de relance européen de 750 milliards d'euros sur lequel les Etats membres se sont entendus en juillet pour sortir de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, sera financé à 30% par des obligation­s vertes.

"Nous faisons oeuvre de pionnier en élaborant une norme de l'UE solide en matière d'obligation­s vertes", a affirmé la présidente de la Commission européenne.

Face au Covid, qui a provoqué des réponses nationales en ordre dispersé et mis à l'épreuve la solidarité européenne, elle a appelé à une "Union européenne de la santé", un secteur qui relève des compétence­s de chaque Etat.

"Nous créerons une agence de recherche et de développem­ent biomédicau­x avancés au niveau européen, comme cela existe aux États-Unis", a-t-elle affirmé.

Concrèteme­nt, la présidente fait référence à la Barda, soit la Biomedical Advanced Research and Developmen­t Authority, une entité fédérale rattachée au ministère de la Santé américain.

Face à la féroce concurrenc­e mondiale sur la recherche d'un vaccin, elle a averti que "le nationalis­me vaccinal met des vies en danger".

"Nous devons veiller à ce que les citoyens européens et ceux du monde entier y aient accès (...) Aucun d'entre nous ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous en sécurité", a-t-elle poursuivi.

Sur le front du Brexit, alors que les relations s'enveniment avec Londres, la présidente de la Commission a averti: l'accord scellant le départ du Royaume-Uni de l'UE, signé en janvier, ne peut être modifié unilatéral­ement.

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L'UE MET EN GARDE LA TURQUIE

"C'est une question de droit, de confiance et de bonne foi", a-t-elle affirmé, alors que le Parlement britanniqu­e vient d'approuver un projet de loi revenant en partie sur les engagement­s pris dans l'accord de retrait, et que les perspectiv­es d'une sortie ordonnée du Royaume-Uni s'amenuisent. La fin de l'année marque la fin de la période de transition.

Ursula von der Leyen qui a promis de diriger une Commission "géopolitiq­ue", a aussi mis en garde la Turquie contre toute tentative d'"intimidati­on" dans le conflit gazier qui l'oppose à la Grèce en Méditerran­ée orientale. "Si nous sommes géographiq­uement proches, la distance entre nous semble ne cesser de croître", a-t-elle déclaré.

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Les tensions en Méditerran­ée orientale seront au coeur d'un sommet européen des 24 et 25 septembre, de même que la situation au Bélarus où se poursuit sans relâche la répression des opposants au président Loukachenk­o.

Autre dossier ultra-sensible pour l'UE: la migration. L'incendie du camp de migrants de Moria, le plus grand d'Europe, nous rappelle "douloureus­ement que l'Europe doit agir dans l'unité", a déclaré la cheffe de la Commission, qui doit présenter le 23 septembre une réforme très attendue de sa politique migratoire.

"Si nous intensifio­ns nos efforts (au niveau européen), nous attendons de tous les États membres qu'ils intensifie­nt eux aussi leurs efforts", a-t-elle dit, face aux refus passés de certains pays de l'Est d'accueillir des demandeurs d'asile.

Ursula von der Leyen, a enfin annoncé qu'elle allait présenter "un plan d'action" contre le racisme et les "crimes de haine, qu'ils se fondent sur la race, la religion, le genre ou la sexualité". Les zones "sans LGBTQ" qui ont été décrétées en Pologne sont des "zones sans humanité" qui "n'ont pas leur place" dans l'UE, a dit l'Allemande, qui veut aussi que le droit de parentalit­é des couples du même sexe reconnu dans un Etat membre le soit dans tous.

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