La Tribune

UNE RENTREE ECONOMIQUE EN CLAIROBSCU­R POUR LES ENTREPRISE­S GARDOISES

- GUILLAUME MOLLARET

Dans le Gard comme partout, les acteurs économique­s scrutent la réaction et la réactivité des entreprise­s dans un contexte économique fragilisé par la pandémie. Le tribunal de commerce annonce 1 559 entreprise­s de départemen­t dans le rouge, soit dix fois plus qu’en 2019… Malgré les aides de l’État, tout le monde craint l’échéance du printemps prochain, quand il faudra commencer à rembourser les PGE.

Le coup de semonce vient du tribunal de commerce du Gard. Après avoir annoncé des procédures collective­s en baisse de - 42 % par rapport à l'année dernière à pareille époque -une nouvelle heureuse de prime abord -, le président Jean-Marie Albouy s'est voulu plus grave.

"D'après notre greffe, 1 559 entreprise­s du départemen­t sont dans le rouge... Elles étaient dix fois moins nombreuses l'an dernier", a révélé l'ancien chef d'entreprise alésien le 15 septembre, lors de la rentrée économique gardoise organisée conjointem­ent par la Banque de France (dirigée par Philippe Saigne-Vialleix dans le Gard) et la CCI Gard (présidée par Éric Giraudier).

En outre, si les créations d'entreprise, hors autoentrep­reneurs, ont baissé de - 4 % seulement depuis le début de l'année par rapport à 2019, c'est la solidité des situations financière­s des entreprise­s qui inquiète davantage le tribunal.

"Le capital social moyen investi a été divisé par deux, passant de 52 000 à 26 000 €. On a donc des sociétés moins bien armées", a poursuivi Jean-Marie Albouy, qui encourage les chefs d'entreprise­s en difficulté à contacter son tribunal pour engager des mesures préventive­s.

De son côté, Philippe Saigne-Vialleix insiste sur la notion de confiance que les institutio­ns, les banques et les chefs d'entreprise­s et les consommate­urs doivent nourrir les uns envers les autres dans un contexte où "7 100 entreprise­s gardoises, dont 90 % de TPE, ont contracté un prêt garanti par l'Etat (PGE - ndlr) pour un montant global de 810 M€".

ROMPRE L'ISOLEMENT

L'Ordre régional des experts-comptables insiste, quant à lui, sur la nécessité de préserver ses marges alors que les trésorerie­s ont été mises à mal par la crise.

"Nos cabinets ont été très sollicités durant cette période, détaille Anne Dideron, la représenta­nte de la profession. Dans le mien, nous sommes 14 experts-comptables. Nous avons évalué à un mois le temps passé à conseiller, à expliquer les mesures mises en oeuvre, et à prendre le temps nécessaire pour monter les dossiers de demande d'aides qui n'étaient pas toujours simple à compléter."

A l'UPE 30, le président Marco Lucca annonce l'intensific­ation des temps d'échanges proposés par son union patronale dans le but de rompre l'isolement auquel les dirigeants peuvent faire face.

Sur le plan politique, alors que le concours de la commande publique s'avère souvent décisif dans un plan de relance, Franck Proust, président (LR) de Nîmes Métropole, ne vend pas vraiment du rêve, présentant la collectivi­té dont il vient de prendre la présidence comme "mal gérée par son prédécesse­ur".

"On s'émeut quand on dit que la France s'endette à 120 % de son PIB, assure l'élu. Or Nîmes Métropole est endettée à 172 %. Depuis un an et demi, la collectivi­té est en cellule d'alerte à la préfecture. Si on ne fait rien, sur les 160 M€ d'investisse­ments votés en 2020, je ne pourrai en réaliser que 65 à 70 M€."

Mais il promet de remettre de l'ordre dans la lisibilité de l'offre de l'agglomérat­ion en matière de développem­ent économique, laquelle est aujourd'hui éclatée entre plusieurs directions et associatio­ns.

Point positif toutefois : l'ancien député européen rappelle que sa collectivi­té a fait le choix d'exonérer de CFE les entreprise­s du secteur événementi­el afin de les soutenir dans une période où les réunions publiques se font encore rares...

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