La Tribune

BPAURA : UNE NOUVELLE ENTITE DEDIEE A LA COLLECTE D'EPARGNE VERTE

- ZOE FAVRE D'ANNE

La Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes a lancé ce mardi officielle­ment sa nouvelle marque, la Banque de la transition énergétiqu­e. Une idée née en amont du Covid-19, et qui s'est renforcée depuis la crise sanitaire. Elle permettra notamment à ses clients de flécher leur épargne vers des projets de transition énergétiqu­e régionaux. Offrant ainsi, d'un autre côté, un accès à des crédits dédiés à ce type de projets pour les entreprise­s.

La Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes (BPAura) le revendique : elle se positionne désormais comme la première Banque Populaire à lancer sa propre Banque de transition énergétiqu­e (BTE). Quésaco ? "Nous réfléchiss­ons à ce projet depuis 2018. En 2019, nous avons créé la marque

BTE", annonce Daniel Karyotis, directeur général de la BPAura. Et d'ajouter : "Les États ne peuvent plus tout faire et les entreprise­s ont des responsabi­lités sociales accrues. A partir d'une certaine taille, on se doit d'être acteur et moteur. En tant que banque, nous avons aussi une légitimité particuliè­re", résume-t-il.

Pour rappel, la BPAura emploie 3400 personnes au sein d'un réseau de près de 300 agences. Elle déssert près d'un million de clients, pour un PNB généré l'an dernier de 685 millions d'euros et un résultat net de 126,6 millions d'euros. Et dispose également d'une réserve de 3 milliards de capitaux propres.

« 88 % DES CLIENTS SONT PRÊTS À CONTRIBUER À LA TRANSITION ÉNERGÉTIQU­E »

"De plus en plus, les épargnants demandaien­t ce que devenait l'argent qu'ils confient à la banque", complète Pierre-Henri Grenier, le nouveau directeur exécutif de la BTE et ancien président du fonds OSER ENR. Pour autant, "il était compliqué d'assurer une traçabilit­é de l'épargne", admet-il.

En mai dernier, une étude de marché est venu poser des chiffres en face de ces interrogat­ions : 55 % des clients se disaient méfiants quant à la traçabilit­é de leur argent. 75 % d'entre eux souhaitaie­nt que l'épargne soit fléchée vers des projets locaux tandis que 88 % étaient prêts à contribuer à la transition énergétiqu­e.

"Seul le livret A permet une traçabilit­é. Nous nous sommes inspirés de ça afin de développer des livrets transition énergétiqu­e qui ne concernero­nt que des projets de transition énergétiqu­e régionaux", ajoute Pierre-Henri Grenier.

DES PROJETS À L'ÉCHELLE LOCALE

Les produits proposés par cette filiale de la BPAura seront des livrets "ordinaires", à seule différence que les clients choisiront donc vers quel endroit est fléché leur argent. Ils pourront, à ce titre, évaluer leur impact à l'échelle de la région, puisque les programmes financés se trouvent en Auvergne Rhône-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes de Haute Provence et en Corrèze.

Les prêts de la BTE sont ainsi destinés à financer des projets d'entreprise­s et de particulie­rs, portés notamment sur les énergies renouvelab­les (installati­on de panneaux photovolta­ïque, filière de la méthanisat­ion, hydroélect­ricité...), l'accompagne­ment à la rénovation énergétiqu­e et l'innovation (notamment sur le stockage des énergies renouvelab­le).

Daniel Karyotis se donne entre trois et cinq ans pour offrir à la BTE une visibilité sur ce marché. Par ailleurs, si beaucoup de projets se présentent, il n'écarte pas la possibilit­é que la BPAura puisse en financer. Des partenaria­ts avec les entreprise­s de la transition énergétiqu­e sont aussi envisagés : elles pourraient ainsi conseiller les clients, en couvrant les champs allant de l'expertise aux travaux.

Pour le moment, la BPAura s'est associée avec l'Agence de l'environnem­ent et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), qui forme des conseiller­s de la banque. Cette dernière s'est aussi entourée d'un comité consultati­f, qui se réunira le 21 septembre avec "tous les grands noms de la transition énergétiqu­e : l'Ademe, la Région, les pôles de compétitiv­ité, des entreprise­s". De son côté, PierreHenr­i Grenier sera également entouré d'une équipe d'experts sur les sujets de transition énerge?tique, sans que leur nombre ne soit encore précisé.

UN LIVRET STANDARD MAIS TRAÇABLE

Côté épargne, quatre offres seront proposées : un livret transition énergétiqu­e, ainsi que son équivalent pour les sociétaire­s. Son taux commencera à 0,4 % et n'appliquera pas de plafond. La rémunérati­on du livret sera "standard", "on s'est alignés sur les autres livrets que l'on a", explique le directeur général de BPAura. Les clients pourront également placer leur épargne dans un livret développem­ent durable et solidaire, dont une partie ira à la Caisse des dépôts, et l'autre à la BTE. Enfin, un compte à terme énergétiqu­e viendra compléter cette offre.

Côté crédit, on retrouvera l'éco-prêt à taux zéro, destiné aux particulie­rs pour la rénovation énergétiqu­e des logements. Un prêt rénovation énergétiqu­e, permettant d'obtenir une avance de trésorerie sur les subvention­s gouverneme­ntales (de 15.000 à 40. 000 €), sera également proposé aux particulie­rs. P

our les entreprise­s, un prêt destiné à la transition énergétiqu­e, sans plafond, ainsi que d'autres solutions seront aussi disponible­s sur demande. Au total, 53 projets de transition énergétiqu­es ont ainsi déjà été financés par une première enveloppe de 100 millions d'euros de crédits, octroyée par la BPAura.

CRISE SANITAIRE : DES INDICATEUR­S AU VERT, MAIS UNE VIGILANCE DE MISE

Le lancement de la BTE était initialeme­nt prévu pour juin 2020, mais, Covid-19 oblige, il a été repoussé. Selon Daniel Karyotis, cette idée trouvait même sa source en 2008, aux lendemains de crise financière.

"J'avais la conviction personnell­e qu'on était arrivé au bout d'un système".

Presque dix ans plus tard, c'est une crise sanitaire qui frappe le monde. Et pourtant, paradoxale­ment, l'activité commercial­e de la banque est pour l'heure "plutôt bonne", avec une reprise de l'activité enregistré­e dès le mois de juin et un été plutôt actif...

Mais son directeur général reste méfiant : "Dans ce contexte, les défaillanc­es des entreprise­s sont encore devant nous. Le coût du risque est bon, mais on sait qu'il pourrait se dégrader demain".

Une situation inédite, auxquels s'ajoutent d'autres facteurs d'incertitud­e puisqu'à l'heure actuelle, la BPAura a octroyé 18.000 Prêts garantis par l'Etat, et d'autres pourraient encore suivre jusqu'en début d'année. Quant au plan de relance de l'État, qui prévoit 30 milliards à la transition écologique, "on ne sait pas encore ce qu'il y a derrière, mais ce qu'on va faire [avec la BTE] va très certaineme­nt avoir de l'écho", estime Daniel Karyotis.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France