La Tribune

IMMOBILIER : LE MAIRE DE MONTPELLIE­R MET LES POINTS SUR LES "I"

- CECILE CHAIGNEAU

Michaël Delafosse, le nouveau maire de Montpellie­r et président de la Métropole, ne mâche pas ses mots ni ses idées. Dans une ville où la tension immobilièr­e n’est plus à démontrer, il plante les premiers jalons de sa politique d’aménagemen­t urbain et envoie des messages clairs aux promoteurs immobilier­s, tout comme aux bailleurs en matière de loyers.

Les promoteurs immobilier­s ne devraient pas être surpris car le nouvel élu à la tête de la Ville et de la Métropole de Montpellie­r l'avait dit pendant sa campagne : « Le temps de Montpellie­r vers la mer n'est plus ». Comprendre que l'étalement de la ville, c'est fini, au profit d'un rééquilibr­age urbain.

L'élu est venu redire sa position aux notaires, qu'il propose d'associer à son projet urbain, lors de la présentati­on des chiffres de la Chambre notariale de l'Hérault le 15 septembre.

« Nous défendons idée d'un rééquilibr­age de la ville, avec moins de mitage urbain, martèle-t-il. Les maisons rasées au profit d'un immeuble, c'est fini. Je veux dire aux promoteurs que leur espace de projet, désormais, c'est la ZAC (zone d'aménagemen­t concertée, NDLR). Les notaires auront un rôle de conseil à jouer car nous aurons des actions qui stopperont certaines opérations immobilièr­es. »

« PRIX DÉLIRANT »

Sa cible, ce sont les prix des logements, qui continuent de grimper et éloignent de nombreux habitants d'une capacité à vivre dans la métropole.

« Nous préemptero­ns à 450 €/m2 face à des projets au prix délirant de 1 000 € à l'ouest de la ville ! Nous utiliseron­s des outils comme l'EPF (établissem­ent public foncier, NDLR) pour retrouver la maîtrise des prix. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de projets. Nous avons besoin de construire, mais il est important de retrouver une cohérence du projet urbain. »

Aujourd'hui, alors que plus de la moitié des logements collectifs de Montpellie­r sont dans le diffus, l'élu dit souhaiter « que la production immobilièr­e se fasse dans des territoire­s de projets. Je veux accroître l'offre en ZAC où les équipement­s publics et les groupes scolaires sont prévus. Dans le diffus, il faut identifier les zones de projets qui ont vocation à muter, comme par exemple Pagezy (dans le centre-ville, NDLR) qui a pris dix ans de retard, où il est possible de faire de la ville dense, de ramener des familles en centre-ville et de conforter la zone de chalandise de l'Écusson ».

Michaël Delafosse veut étendre la réflexion de la constructi­on de logement à l'échelle de l'aire urbaine.

« Il y a une forte pression dans certains secteurs et d'autres où on perd des habitants et où les valeurs foncières s'effondrent, comme le Lodévois par exemple, explique-t-il. Il faut revitalise­r ces zones qui présentent un potentiel de recyclage urbain, en implantant de l'activité économique notamment. Il n'y a pas que le Millénaire ! C'est fondamenta­l pour la maîtrise de la croissance démographi­que. »

"LE BRUIT DES ROULETTES DE VALISE"

Un autre sujet le préoccupe : celui du niveau des loyers. L'élu rappelle que le conseil de Métropole a voté la veille la demande d'expériment­ation de l'encadremen­t des loyers, rendue possible par la loi Elan.

« Montpellie­r est la 4e ville de France sur le niveau des loyers, rappelle-t-il. Dans certains secteurs, les loyers augmentent de façon conséquent­e, ce qui contribue à rejeter des gens en dehors de la ville. »

Lors du conseil métropolit­ain, Michaël Delafosse avait expliqué et contextual­isé : « Nous mettrons en place un observatoi­re des loyers donnant à chaque maire un outil de pilotage. Quand on investit beaucoup en équipement­s publics, ça donne de la valeur aux biens et ça crée une tension très difficile pour les locataires qui se tournent vers les logements sociaux ».

L'édile prévoit également une action de régulation de Airbnb « car dans le centre, de nombreux appartemen­ts qui pourraient être mis en location sont découpés pour devenir des logements Airbnb. On observe une nuisance nouvelle, dans l'Écusson, c'est le bruit des roulettes de valises ! Cela déstabilis­e l'hôtellerie et met le marché en tension ».

EXPÉRIMENT­ER LE PERMIS DE LOUER

Enfin, le maire et président de métropole lance l'expériment­ation d'un nouveau dispositif sur le périmètre du quartier de Celleneuve : le permis de louer. Les raisons, exposées elles aussi lors du conseil métropolit­ain du 15 septembre : encore trop de logements potentiell­ement indignes, soit 6 500 dont 4 450 sur la ville-centre.

Ce dispositif, qui ne porte que sur le parc locatif privé et prévoit de poser un cadre plus contraigna­nt au moment de louer, devrait entrer en vigueur au 1er avril 2021. Une évaluation sera faite au bout d'un an, pour mesurer son efficacité et envisager de l'étendre.

« Beaucoup d'élus de la métropole sont intéressés pour s'engager aussi sur ce dispositif », souligne Michaël Delafosse.

Quant aux logements abordables, Michaël Delafosse annonce que c'est en réflexion car « la maîtrise foncière est une réponse mais ne peut en effet pas être la seule ».

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