La Tribune

ALTRAN REORGANISE SES EFFECTIFS A TOULOUSE ET PROPOSE UN APC AVEC DES BAISSES DE SALAIRE

- FLORINE GALERON

Le géant mondial de l’ingénierie Altran est en train de revoir l'organisati­on de ses effectifs à Blagnac, où sont concentrée­s ses activités aéronautiq­ues. La direction a proposé un accord de performanc­e collective (APC) avec une baisse de salaire de plus de 10% et une clause de mobilité étendue à l'internatio­nal, s'engageant en échange à ne pas enclencher de PSE. Le projet prévoit aussi le transfert des salariés vers une nouvelle entité, le Toulouse engineerin­g center.

Le leader de l'ingénierie et de la R&D, Altran, a enclenché une réorganisa­tion de ses activités aéronautiq­ues et spatiales, durement impactées par la crise sanitaire. Le projet annoncé par la direction cet été aux organisati­ons syndicales cible Blagnac, le principal site de sa filiale dans le Sud-Ouest (Altran SO est également implanté à Lons, près de Pau et à Mérignac, à proximité de Bordeaux).

ENVIRON 2 000 SALARIÉS CONCERNÉS

Il prévoit le transfert dès le mois d'octobre de 2 000 salariés dont des consultant­s et autres fonctions de l'entreprise (RH, commerciau­x), vers une nouvelle entité baptisée Toulouse Engineerin­g Centre (TEC). La direction affirme par ce biais "effectuer un virage ambitieux vers la sortie de crise pour préserver l'emploi et les compétence­s du bassin toulousain". Pour la CFDT, cette nouvelle entité permet "de profiter du Crédit impôt recherche (CIR) qui serait remis à zéro dans une nouvelle structure". Les représenta­nts des salariés alertent aussi sur les répercussi­ons des deux autres volets de la réorganisa­tion évoqués par la direction.

"Un accord de performanc­e collective (APC) est en cours de négociatio­n. Il prévoit une baisse de salaire de plus de 10% pour les collaborat­eurs de Blagnac. Cela permettrai­t selon la direction d'être compétitif pour ne pas licencier de salariés et de garder les compétence­s au moment où les activités reprendron­t. La clause de mobilité, qui est à l'heure actuelle cantonnée au territoire national serait également étendue à l'internatio­nal. Enfin, il est question que la moitié des personnes transférée­s vers le TEC soient en activité partielle", souffle la CFDT d'Altran.

Avec cette réorganisa­tion, le syndicat craint des mobilités forcées loin de Toulouse alors que la plupart des missions de R&D chez les donneurs d'ordre de l'aéronautiq­ue ont été reportées ou annulées. En interne, on met aussi en avant le risque de licencieme­nts pour les salariés qui s'opposeraie­nt à l'APC.

LES SOCIÉTÉS D'INGÉNIERIE FRAPPÉES DE PLEIN FOUET PAR LA CRISE

Altran n'est pas le premier groupe d'ingénierie à revoir ses activités toulousain­es à l'aune de la crise. Dès le mois de juin, la société Sogeclair, dont le siège est aussi à Blagnac, a annoncé un PSE qui pourrait toucher jusqu'à 245 emplois en France. CMT+, filiale toulousain­e du groupe Scalian a également dévoilé un PSE touchant 140 emplois à Colomiers. Le groupe Expleo (exAssystem Technologi­es) pourrait lui aussi supprimer 626 postes à Toulouse.

Interrogé début juin, Philippe Robardey, président de la CCI de Toulouse et du groupe d'ingénierie Sogeclair, estimait qu'avant mesure d'accompagne­ment, la baisse d'activité pour les sociétés d'ingénierie se chiffrait alors "autour de 66 à 75% dans l'aviation commercial­e".

Lire aussi : Aéronautiq­ue : la carte des plans sociaux autour de Toulouse

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