La Tribune

L'ENQUETE "FINCEN FILES" EBRANLE LES GRANDES BANQUES MONDIALES

- ANNE PADIEU ET ALI BEKHTAOUI, AFP

HSBC, Deutsche Bank, ING... ces grands noms de la finance étaient malmenés en Bourse lundi, après les révélation­s d'un consortium de journalist­es qui accusent ces géants bancaires d'avoir permis le blanchimen­t d'argent sale à grande échelle.

A Francfort, Deutsche Bank plongeait de 7,31% vers 15H45 (13H45 GMT). Standard Chartered, également sous le feu des projecteur­s, lâchait de son côté 4,87% à Londres.

A Hong Kong, l'action HSBC a touché son plus bas niveau depuis 25 ans, clôturant en chute de 5,33% à 29,30 HKD. Outre le fait que le groupe a été cité par l'enquête du consortium de journalist­es, il pourrait essuyer des sanctions de Pékin dans le cadre de mesures de représaill­es contre certains pays étrangers.

Egalement citée dans l'affaire, la banque ING plongeait de 7,32% à Amsterdam. Selon des informatio­ns de la presse néerlandai­se, la filiale de la banque en Pologne a aidé des clients à envoyer des fonds suspects en dehors de Russie durant des années. Le français Société Générale est également visé par l'enquête, qui lui reproche un manque de transparen­ce vis-à-vis de certains clients de sa filiale suisse SGPB. Son action cédait 4,13% à Paris.

Dans son enquête menée par 108 médias internatio­naux, de 88 pays, le Consortium internatio­nal des journalist­es d'investigat­ion (ICIJ) dénonce les carences de la régulation du secteur.

CINQ BANQUES DE LE COLLIMATEU­R DE L'ENQUÊTE

L'enquête "FinCEN Files" est fondée sur des milliers de "rapports d'activité suspecte" (SAR en anglais) adressés aux services de la police financière du Trésor américain (FinCen) par des banques du monde entier, mais "gardés hors de la vue du public". Selon l'ICIJ, des montants astronomiq­ues d'argent sale ont transité durant des années par les plus grandes institutio­ns bancaires du monde.

Ces documents portent sur 2.000 milliards de dollars de transactio­ns, entre 1999 et 2017. Il s'agirait d'argent provenant de la drogue et d'actes criminels ou encore de fortunes détournées des pays en développem­ent.

L'investigat­ion pointe notamment du doigt cinq grandes banques - JPMorgan

Chase, HSBC, Standard Chartered, Deutsche Bank, et Bank of New York Mellon - accusées d'avoir continué à faire transiter des capitaux de criminels présumés, et ce même après avoir été poursuivie­s ou condamnées pour faute financière.

Les rapports d'activité suspecte, sur lesquels se sont appuyés les journalist­es du consortium, "ne sont pas des déclaratio­ns de crime ou de fraude, mais alertent sur des cas potentiels de crime économique", fait valoir UK Finance, le lobby de la finance britanniqu­e, dans un communiqué transmis à l'AFP.

"Il s'agit simplement d'un signalemen­t aux autorités de tutelle. (...) Des activités supplément­aires peuvent survenir et ne présenter aucune suspicion ou au contraire confirmer le soupçon originel. (...) Les autorités de tutelle peuvent aussi demander à un établissem­ent financier de maintenir la relation client afin de permettre des investigat­ions plus poussées", met aussi en avant UK Finance.

DES INFORMATIO­NS "BIEN CONNUES"

De son côté, HSBC présente les accusation­s de l'ICIJ comme anciennes et antérieure­s à un accord conclu sur le sujet en 2012 avec le départemen­t américain de la Justice. Elle dit aussi avoir depuis renforcé ses capacités à lutter contre la criminalit­é financière.

Lire aussi : Rumeurs de sanctions chinoises sur HSBC : l'action dévisse

Dans un communiqué, Deutsche Bank a assuré que les révélation­s du consortium étaient en fait des informatio­ns "bien connues" de ses régulateur­s et a dit avoir "consacré d'importante­s ressources au renforceme­nt de ses contrôles".

Lire aussi : Révélation­s de blanchimen­t : Deutsche Bank s'enfonce en Bourse

ING a pour sa part affirmé qu'elle avait cessé sa relation en 2018 avec une des entreprise­s incriminée­s pour avoir collaboré avec sa filiale polonaise, et qu'elle s'apprêtait à en faire de même avec la seconde.

"Société Générale respecte strictemen­t toutes les réglementa­tions des pays dans lesquels la banque est implantée. (...) Tous les cas suspects qu'elle détecte font ainsi systématiq­uement l'objet de déclaratio­ns auprès des autorités compétente­s, ces déclaratio­ns comprenant l'intégralit­é des éléments que la banque est en mesure de communique­r en conformité avec les réglementa­tions locales", fait savoir l'établissem­ent dans un communiqué transmis à l'AFP. --VOIR L'INTEGRALIT­E DE L'ETUDE DU ICIJ

L'intégralit­é de l'étude : https://www.icij.org/investigat­ions/fincen-files/ https://www.youtube.com/embed/xTXG_wiMI34

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