La Tribune

COPERNICUS : AIRBUS SPACE ALLEMAGNE REMPORTE UN CONTRAT DE 300 MILLIONS D'EUROS

- MICHEL CABIROL

Airbus Space et Thales Alenia Space (TAS) sont les deux grands gagnants du deuxième contrat confié par l'Agence spatiale européenne (ESA) dans le cadre de la nouvelle tranche du programme Copernicus. Le groupe Airbus Space engrange 154 millions d'euros de volumes industriel­s tandis que TAS s'octroie 86 millions d'euros

Airbus Defence and Space (Allemagne) a signé lundi en tant que maître d'oeuvre un contrat de 300 millions d'euros pour la fourniture du satellite CRISTAL (Copernicus polaR Ice and Snow Topography Altimeter), le moins onéreux des six nouveaux satellites (1,7 tonne) lancés par l'Union européenne dans le cadre du programme Copernicus. La compétitio­n a été remportée par le consortium mené par Airbus DS au détriment de celui d'OHB Italia, qui avait pourtant au départ déposé en octobre 2019 une offre financière légèrement meilleure (296,2 millions d'euros, contre 302,72 millions pour Airbus). Mais l'équipe d'évaluation du projet de l'Agence spatiale européenne (ESA) a recommandé in fine de sélectionn­er Airbus DS, qui a proposé une meilleure combinaiso­n de qualité et de prix.

"L'expérience industriel­le (du consortium vainqueur, ndlr) est considérée comme excellente et pleinement adéquate pour que le travail soit effectué", a estimé l'ESA.

La mission CRISTAL, qui doit être livrée en 2027, permettra de mesurer avec plus de précision et de surveiller l'épaisseur de la glace de mer, la profondeur de neige qui la recouvre, et l'élévation de la calotte glaciaire. Elle embarquera à son bord, IRIS, un altimètre inferomètr­e bi-fréquence ainsi qu'un radiomètre à micro-onde. La mission CRISTAL, qui a une portée mondiale, est essentiell­e pour mieux comprendre et surveiller le climat terrestre dans un contexte de changement climatique rapide.

LA PART DU LION POUR L'ALLEMAGNE

Sur ce contrat de l'ESA, le groupe Airbus engrange 154 millions d'euros de volumes industriel­s tandis que Thales Group s'octroie 86 millions d'euros et Ruag 8 millions d'euros. L'ESA n'a pas oublié les entreprise­s de taille intermédia­ire (ETI) et les PME, qui totalisent pour 46 millions d'euros de contrats (respective­ment 22 et 24 millions). Par pays, l'Allemagne se taille la part du lion sur la mission CRISTAL en obtenant pour 167,7 millions de volumes industriel­s : France 90,6 millions, Espagne 17,5 millions, Autriche 3,5 millions, Belgique 3,3 millions et Italie 3,1 millions... Parmi les principale­s ETI et PME françaises, qui montent à bord de CRISTAL : Sodern (viseur d'étoiles), Saft (batterie), Soditech (antennes MLI). Curieuseme­nt, l'industriel américain Rockwell Collins (roue de réaction), via une filiale allemande, est également à bord de cette mission européenne.

La maîtrise d'oeuvre d'Airbus Allemagne Friedrichs­hafen est logique. C'est la mise en place du leadership allemand après la conférence ministérie­lle de l'ESA fin novembre 2019 : les industriel­s allemands se sont taillés cet été la part du lion dans le partage du grand programme européen Copernicus en obtenant 792 millions d'euros de retours industriel­s, loin devant la France (540 millions), l'Italie (485 millions), l'Espagne (252 millions) et la Grande-Bretagne (118 millions).

THALES ALENIA SPACE, PRINCIPAL SOUS-TRAITANT

Dans cette compétitio­n, Thales Alenia Space (TAS) ne pouvait pas perdre : la filiale spatiale de Thales (67%) et Leonardo (33%) était à bord des deux offres (Airbus et OHB). A noter toutefois la différence de prix entre les deux offres de l'instrument radar altimétriq­ue : 85,7 millions d'euros dans celle d'Airbus et 82,6 millions dans celle d'OHB. Dans un communiqué publié lundi, TAS a annoncé avoir signé un contrat, d'un montant proche de 88 millions d'euros avec Airbus DS pour développer deux radars altimètres interférom­étriques IRIS (Interferom­etric Radar ALtimeter for Ice and Snow) embarqués à bord de la mission CRISTAL.

Le satellite CRISTAL embarquera, pour la première fois, un altimètre radar bi-fréquence en bandes Ku et Ka pour mesurer et surveiller l'épaisseur de la glace de mer et de la neige au-dessus de la glace. IRIS mesurera et surveiller­a également les variations de hauteur des calottes glaciaires et des glaciers du monde entier, grâce à son mode radar interférom­étrique. L'altimètre améliorera de 36% la précision de mesure de son prédécesse­ur SIRAL-2 (un altimètre uniquement en bande Ku, actuelleme­nt à bord de la mission Earth Explorer CryoSat 2 de l'ESA), grâce à son fonctionne­ment bi-fréquence.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France