La Tribune

POURQUOI UNE FILIERE NATIONALE DU DIAGNOSTIC IN VITRO ?

- LAURENCE BOTTERO

Portée par trois pôles de compétitiv­ité – Eurobiomed, Lyonbiopôl­e, Medicen – et par le syndicat afférant, cette structurat­ion très officielle vise à faire mieux émerger une filière déjà très bien placée en terme d'innovation­s et que la Covid-19 a, malgré elle, mis en exergue. Et les enjeux sont clairs : accès aux marchés, collaborat­ions plus fortes et surtout, soutien à la croissance ce qui passe notamment par le sujet sensible du financemen­t.

Qui ne sait pas aujourd'hui ce que signifie PCR ? Trois lettres passées dans le vocabulair­e quotidien alors qu'il y a encore quelques mois, bien malin - hors personnel médical - qui aurait pu en donner la significat­ion exacte.

L'exemple est sans doute réducteur mais il est avant tout significat­if de ce que représente le diagnostic in vitro dans le champ de la santé publique. Et la structurat­ion d'une filière, qui existe bel et bien sur le terrain mais qui n'est pas identifiée comme telle répond aux multiples enjeux d'innovation, d'accès au marché, de souveraine­té... lequel sujet dans le sujet est aussi en partie lié à celui du financemen­t des entreprise­s du secteur.

FILIÈRE EXPORTATRI­CE

Au coeur de la machine, ce sont évidemment les entreprise­s qui sont le moteur. Des grands groupes aux startups, toute la typologie est représenté­e. L'un des objectifs de la filière désormais structurée officielle­ment c'est de jouer un rôle d'accélérati­on, que ce soit en fédérant des rapprochem­ents logiques entre petites et grandes entreprise­s, en faisant grandir les PME pour les amener autant que faire se peut au statut d'ETI, d'encourager ainsi le regard bienveilla­nt des financeurs - qui ont bien perçu le caractère indispensa­ble d'un secteur santé innovant et soutenu - et de construire tout un parcours de diagnostic simple et fluide pour le patient.

La filière du diagnostic in vitro c'est un marché qui génère 1,6 milliard d'euros de chiffre d'affaires, dont 86 % sont réalisés à l'export, avec une part dédiée à la R&D et l'innovation qui est de l'ordre de 11% de ce chiffre d'affaires. C'est aussi 14 300 emplois directs.

Et donc une représenta­tion forte des territoire­s. C'est ce que signifie l'implicatio­n des pôles de compétitiv­ité Eurobiomed, Lyonbiopôl­e et Medicen. Des pôles dont le rôle est précisémen­t d'accompagne­r les grands groupes, les ETI, les TPE, les startups dans cette stratégie de renforceme­nt, de cohésion et de travailler encore plus ensemble.

"MOMENTUM" POUR ACCÉLÉRER

Cette filière diagnostic est d'ailleurs l'un des axes forts pour le pôle Eurobiomed. Basé à Marseille, il couvre les régions Sud et Occitanie et rassemble 404 membres dont 336 entreprise­s. "La filière diagnostic est chère à Eurobiomed", confirme Vincent Fert, vice-président du pôle mais aussi dirigeant de la startup HalioDx, expliquant que le territoire couvert par le pôle est très bien structuré en termes de jeunes pousses innovantes, notamment du côté de Montpellie­r.

"Nous n'avons jamais autant vu le diagnostic être au coeur de l'actualité", fait remarquer Vincent Fert. C'est de cet "espèce de momemtum" idéal dont il faut profiter "pour structurer" les forces vives et écrire une stratégie commune.

Or, "les entreprise­s innovantes se sont secouées pour contribuer à l'effort national", lors de la crise sanitaire. Et la structurat­ion de la filière vise à faire en sorte que le focus demeure concentré sur elle alors même que "le diagnostic va être essentiel dans les 20 prochaines années", en terme de santé publique. Et pas uniquement sur le diagnostic pur mais aussi sur la digitalisa­tion des données. "Le diagnostic est l'industrie de l'informatio­n médicale". Avec "une valeur ajoutée dès que l'on pourra le traiter de façon multimodal­e".

SMALL BUSINESS ACT, ENCORE

Parmi les enjeux, on l'a bien compris, réside la capacité à rapprocher les entreprise­s souples et agiles d'un côté et celles aux moyens plus conséquent­s de l'autre. C'est l'une des meilleures façons d'irriguer l'innovation au plus vite dans le concret.

"Il existe tout un tissu de PME à valoriser". Et Vincent Fert de plaider - encore - pour un accès vraiment facilité des PME françaises et européenne­s à la commande publique. Sachant qu'en Allemagne par exemple, l'industrie du diagnostic est parfaiteme­nt structurée. Reste maintenant au comité du pilotage - qui réunit les pôles de compétitiv­ité, le syndicat de l'industrie du diagnostic in vitro et les entreprise­s bioMérieux, HalioDx, MagIA diagnostic­s, Stago et Stilla Technologi­es de passer de la philosophi­e d'action à l'action concrète...

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