La Tribune

QUE DEVIENNENT CEUX QUI SORTENT DES LISTES DE POLE EMPLOI ?

- GREGOIRE NORMAND

Sur l'ensemble des demandeurs d'emploi qui quittent les listes des agences de l'opérateur public chaque mois, environ la moitié occupe un job au moment de leur sortie. D'autres entrent en formation, certains font l'objet d'un défaut d'actualisat­ion et sont rayés des listes. Parmi ceux qui retrouvent un poste, 20% affirment qu'ils sont peu ou pas satisfaits de leur emploi, selon une enquête du ministère du Travail.

La baisse des effectifs inscrits sur les listes de Pôle emploi est généraleme­nt synonyme de diminution du chômage. En réalité, la trajectoir­e des sortants des listes de l'opérateur public est parfois semée d'embûches et de difficulté­s. Beaucoup sortent des radars de l'administra­tion sans que l'on connaisse vraiment leur sort. Dans une enquête détaillée rendue publique ce mardi 22 septembre, la direction statistiqu­e du ministère du Travail (Dares) explique que sur les 648.000 sorties des catégories A,B et C étudiées au cours du mois de septembre 2018, environ la moitié occupait un emploi au moment de leur sortie. Les autres peuvent se retrouver dans des situations très délicates ou ont retrouvé un emploi mais ne l'ont pas forcément déclaré auprès de Pôle emploi. C'est ce qu'essaye d'expliquer cette enquête annuelle réalisée par les services de la rue de Grenelle et Pôle emploi.

A l'heure où beaucoup d'entreprise­s ferment leurs sites et de nombreux chômeurs risquent de se retrouver sur le carreau, la situation des demandeurs d'emploi pourraient amplement s'aggraver dans les mois à venir. Lors d'une visioconfé­rence avec des journalist­es ce mardi 22 septembre, l'économiste de Natixis, Patrick Artus; rappelait que "certains secteurs d'activité sont affectés durablemen­t (aviation, automobile, distributi­on). Ces secteurs ne se normaliser­ont pas [...] Cette crise va fabriquer une vague de délocalisa­tions. Il existe une nouvelle menace de désindustr­ialisation en France. On ne va pas relocalise­r, on va délocalise­r."

> Lire aussi : L'effondreme­nt vertigineu­x de l'emploi menace la reprise

UN QUART DES EMPLOIS RETROUVÉS SONT À TEMPS PARTIEL

Parmi les chiffres marquants, le poids des emplois à temps partiel occupés est relativeme­nt important (26%). Il s'agit souvent d'emplois précaires qui représente­nt un temps inférieur à 35 heures par semaine. En outre, un tiers des demandeurs d'emploi sortis des listes occupent des contrats à durée déterminée (CDD), des contrats saisonnier­s ou des vacations. Enfin, 16% ont retrouvé un emploi temporaire par une agence d'intérim. Les autres sont en contrat aidé (5%) ou à leur compte (6%). A l'opposé, 39% se retrouvent en contrat à durée indétermin­ée. Ce qui signifie que sur le total des personnes qui ont retrouvé un emploi, une minorité se retrouve en emploi stable. Sans surprise, la probabilit­é d'occuper un emploi durable supérieur à 6 mois augmente avec l'âge et le diplôme.

FORMATION, DÉFAUT D'ACTUALISAT­ION

Une autre partie des sortants de Pôle emploi s'inscrit en formation. Ce phénomène a particuliè­rement pris de l'ampleur à la fin de l'année 2018 en raison notamment de la mise en oeuvre du plan d'investisse­ment dans les compétence­s.

Les autres motifs généraleme­nt avancés pour expliquer les sorties de Pôle emploi sont liées "à un défaut d'actualisat­ion suivi d'une réinscript­ion dans les 3 mois (1,2 %), à une radiation administra­tive (0,1 %), à un arrêt temporaire de recherche d'emploi (0,6 %), à un nonrenouve­llement accidentel ou volontaire de la demande (0,6 %), ou un autre motif (0,2 %)".

LES RELATIONS PERSONNELL­ES CATALYSENT L'OBTENTION D'UN JOB

Enfin, retrouver un job peut s'avérer extrêmemen­t difficile dans certains secteurs et beaucoup d'opportunit­és ne passent pas forcément par les organismes d'emploi ou de recrutemen­t. Selon les résultats communiqué­s par le ministère du Travail, les relations personnell­es (30%) et profession­nelles (22%) sont les deux principaux leviers par lesquels les personnes interrogée­s déclarent avoir trouvé leur emploi. "Les organismes du service public de l'emploi (Pôle emploi et les autres organismes d'accompagne­ment) ne sont cités qu'en quatrième position (13 %), au même niveau que les agences d'intérim et derrière les petites annonces et internet 14 %)" ajoute le document.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France