La Tribune

DEUTSCHE BANK VA FERMER 20% DE SES AGENCES, LE DEBUT D'UNE TENDANCE DE FOND EN EUROPE?

- LATRIBUNE.FR, AVEC AFP

Coronaviru­s, paiements sans contact, développem­ent des néo-banques, accélérati­on de la numération du secteur... Tant de facteurs qui sont entrain de changer, en Europe, les habitudes des clients des banques. Après la Suède la semaine, c'est au tour de la première banque allemande d'annoncer la fermeture de 20% de ses agences.

Coup de tonnerre dans le secteur bancaire allemand. La Deutsche Bank, va fermer un cinquième de ses agences bancaires en Allemagne, a déclaré mardi l'un de ses dirigeants.

"Nous voulons réduire aussi vite que possible le nombre d'agences de 500 à environ 400", a déclaré le responsabl­e de la banque de détail du groupe, Philipp Gossow, lors d'une conférence organisée par le quotidien Handelsbla­tt à Francfort.

Les plans de la banque doivent encore faire l'objet de discussion­s avec le comité d'entreprise. Les emplois qui seront perdus dans les agences concernées font partie des 18.000 suppressio­ns d'emplois déjà annoncées par le président du directoire, Christian Sewing, en juillet 2019 dans le cadre de la nouvelle stratégie du groupe.

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ÉVITER LES DOUBLONS AVEC LA POSTBANK

Selon M. Gossow, les clients acceptent plus que dans le passé de recourir aux services bancaires en ligne et mobile. Ces services ont augmenté de 7% pendant la période de confinemen­t liée à la pandémie, a précisé un porte-parole de la banque à l'AFP.

La banque compte sept centres régionaux en Allemagne dédiés au conseil à distance de la clientèle. Les clients de Deutsche Bank pourront à l'avenir davantage procéder à des opérations courantes dans le réseau des quelque 800 agences de la filiale Postbank, après un long chantier d'intégratio­n avec la maison-mère.

En Allemagne, l'ensemble des caisses d'épargne, coopérativ­es et banques privées ont fermé plus de 10.000 agences en 15 ans, leur nombre passant à 27.000.

UN CHANGEMENT DES USAGES EN ALLEMAGNE ?

Les paiements par carte bancaire, stimulés par la pandémie de Covid-19, vont dépasser en 2020 les transactio­ns en liquide en Allemagne, une première dans un pays historique­ment attaché à l'argent liquide, selon une étude anglaise parue jeudi dernier.

"Davantage de paiements vont être réalisés par carte qu'en liquide en Allemagne en 2020", une "première dans l'histoire" de ce pays, montre cette étude du cabinet britanniqu­e Euromonito­r Internatio­nal, qui note que le Covid-19 a entraîné un "changement brutal du comporteme­nt" des Allemands, "pour des raisons d'hygiène".

Par souci de protéger leurs données privées, autant que par habitude culturelle, les Allemands sont historique­ment attachés au paiement en liquide, et il n'est pas rare de voir commerces et restaurant­s refuser les cartes bancaires dans le pays.

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UN MOUVEMENT QUI SE GÉNÉRALISE EN EUROPE ? LE CAS SUÉDOIS

Dans toute l'Europe, les banques taillent dans leur présence physique du fait de la bascule vers le numérique. La banque suédoise Handelsban­ken a ainsi annoncé la semaine passée la fermeture de près de la moitié de ses agences et la suppressio­n d'un millier d'emplois en Suède.

Ce plan vise à développer sa présence en ligne et faire des économies de coûts, en réduisant les dépenses globales du groupe à quelque 20 milliards de couronnes (près de 2 milliards d'euros) d'ici fin 2022, explique le groupe dans un communiqué.

Pour y parvenir, la banque divisera par près de deux son réseau d'agences - de 380 à environ 200 - d'ici 2021 et supprimera quelque 1.000 emplois en Suède au cours des deux prochaines années, soit près d'un employé sur sept dans le royaume.

La banque suédoise, confrontée à la multiplica­tion des néo-banques et services en ligne, va dans le même temps investir un milliard de couronnes dans le numérique au cours des deux prochaines années.

"Nous constatons maintenant que les clients utilisent tellement les canaux numériques et autres façons de se rencontrer qu'au sein de bureaux, que nous avons atteint un point de basculemen­t", a déclaré la directrice générale du groupe, Carina Åkerström, à la télévision publique SVT.

Les néo-banques se sont notamment distinguée­s ces dernières années en proposant l'ouverture de comptes en ligne en quelques minutes, la fourniture d'une carte de paiement en quelques jours, la possibilit­é de paramétrer sa carte bancaire sur smartphone.

Contrairem­ent à ses concurrent­s nordiques, Handelsban­ken avait misé sur une importante présence locale avec de nombreuses agences. La suédoise Swedbank compte par exemple 160 succursale­s dans le royaume scandinave actuelleme­nt. Outre ses quelque 7.000 employés en Suède, Handelsban­ken en emploie environ 5.000 à l'étranger, au Royaume-Uni, au Danemark et en Finlande notamment.

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