La Tribune

MEGA-LEVEE DE 255 MILLIONS D'EUROS POUR MIRAKL, NOUVEAU RECORD DE LA FRENCH TECH POUR 2020

- ANAIS CHERIF

C'est à ce jour la plus grosse levée de fonds bouclée par une startup française en 2020. Mirakl, spécialisé­e dans l'édition et la gestion de places de marché, annonce ce mardi avoir levé 300 millions de dollars (soit environ 255 millions d'euros). Désormais valorisée 1,5 milliard dollars grâce à cette méga-levée, la jeune pousse parisienne rejoint le club très fermé des licornes françaises.

Nouveau record pour la French Tech. Mirakl, qui propose un logiciel d'édition de marketplac­e, annonce ce mardi avoir bouclé une série D de 300 millions de dollars (soit environ 255 millions d'euros). A date, il s'agit ainsi du plus grand tour de table de l'année mené par une jeune pousse française.

C'est surtout la deuxième plus grande levée de fonds de l'histoire de la French Tech, depuis que l'écosystème s'est structuré sous la bannière du coq rouge en 2013. Seule l'entreprise de drones Parrot a réussi a lever 300 millions d'euros en 2015, bien que sous la forme d'une augmentati­on de capital.

Cette série D a été menée par le fonds internatio­nal Permira et les investisse­urs historique­s ont également remis au pot (83North, Bain Capital Ventures, Elaia Partners et Felix Capital). Au total, la startup parisienne a levé 393 millions de dollars (un peu plus de 334 millions d'euros) depuis sa création en 2012.

Avec ce dernier tour de table, Mirakl est désormais valorisé plus de 1,5 milliard de dollars. De quoi lui faire rejoindre le club très fermé des licornes françaises, ces fameuses startups non cotées en Bourse et valorisées plus d'un milliard de dollars. Si le gouverneme­nt actuel a pour objectif d'avoir 25 licornes d'ici 2025, la France en dénombre une dizaine seulement à date (l'éditeur de retouche photos Meero, le site de e-commerce vente-privee.com, le leader européen du cloud OVH, le champion du covoiturag­e BlaBlaCar, la plateforme de streaming musical Deezer, ou encore le site de prise de rendez-vous médicaux Doctolib).

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CRÉER SA PROPRE MARKETPLAC­E EN QUELQUES SEMAINES

Mirakl édite un logiciel de création et gestion de marketplac­e, un secteur en pleine croissance. Concrèteme­nt, une marketplac­e est un espace sur le site d'e-commerce d'un opérateur accessible aux vendeurs extérieurs. Prenons l'exemple le plus connu : Amazon. L'ogre du ecommerce a lancé sa marketplac­e en 2003, et depuis 2016 plus de la moitié des produits vendus sur sa plateforme viennent de vendeurs tiers.

La promesse des géantes marketplac­es comme Amazon ou son équivalent chinois, Alibaba, est de permettre aux vendeurs tiers de profiter d'une visibilité inédite sur Internet pour les aider à séduire rapidement et simplement de nouveaux clients. Car bien souvent, créer son propre site Internet, s'occuper de la logistique ou encore, assurer un service client peut se révéler coûteux et fastidieux pour une entreprise. En échange, les vendeurs tiers versent à l'opérateur une commission sur chaque vente, qui met généraleme­nt la main sur les précieuses données de comporteme­nt d'achat des clients.

C'est pourquoi Mirakl propose aux entreprise­s de créer directemen­t leur propre place de marché. "Cela peut se faire en quelques semaines ou en quelques mois, selon les entreprise­s", estime Philippe Corrot, Pdg et cofondateu­r de Mirakl. "Par exemple, pendant la crise du coronaviru­s, nous avons lancé une marketplac­e en 48 heures seulement pour mettre en relation les industriel­s capables de fabriquer du gel hydroalcoo­lique et les établissem­ents de santé qui en avait rapidement besoin."

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LE CONFINEMEN­T, UN ACCÉLÉRATE­UR DE CROISSANCE

La plateforme de Mirakl est disponible en SaaS (service contre un abonnement mensuel variable dont la startup ne communique pas le prix). La jeune pousse prélève également une commission sur toutes les transactio­ns réalisées via ses marketplac­es. Et celles-ci sont de plus en plus nombreuses. En 2019, les places de marché opérées par Mirakl ont généré un volume d'affaires total d'environ 1,4 milliard d'euros. Un montant que l'entreprise espère doubler cette année.

Pour Mirakl, la pandémie du coronaviru­s - accompagné­e de nouvelles contrainte­s sanitaires et d'une longue période de confinemen­t - a été un accélérate­ur de croissance. Au cours du premier semestre 2020, la jeune pousse dit ainsi avoir séduit 25 nouveaux clients et lancé 18 nouvelles marketplac­es. Mirakl, qui revendique désormais 300 clients dans le monde, se cache entre autres derrière les places de marché de Carrefour, la Fnac-Darty et Conforama.

Rien qu'au cours du premier semestre 2020, les places de marché qu'elle opère ont déjà généré un volume d'affaires de plus de 1,2 milliard de dollars (+111% par rapport à la même période l'an dernier).

"Le confinemen­t a été un accélérate­ur pour le numérique en général, et il a permis de confirmer des tendances pré-existantes", affirme Philippe Corrot. "Cette période trouble a démontré l'importance pour toutes les entreprise­s d'avoir une vraie stratégie de plateforme. Pour nous, c'est le signal que nous devons accélérer et investir."

1.000 RECRUTEMEN­TS D'ICI TROIS ANS

C'est pourquoi la startup de 300 salariés, répartis dans dix bureaux (sept en Europe et trois à l'internatio­nal - Etats-Unis, Brésil et Australie), compte recruter massivemen­t. 1.000 postes sont à pourvoir dans les trois ans. Mirakl développan­t toute la technologi­e en interne, 300 postes d'ingénieurs sont ouverts pour les bureaux français, basés à Paris et Bordeaux. Les autres embauches permettron­t notamment de renforcer les équipes ventes et en charge du conseil et de la relation client, en France comme à l'internatio­nal.

Ces nouvelles recrues plancheron­t sur des "enrichisse­ments fonctionne­ls" de la technologi­e Mirakl, selon le cofondateu­r. La startup veut notamment renforcer ses investisse­ments dans les capacités d'automatisa­tion liées au machine learning et à l'intelligen­ce artificiel­le pour permettre aux opérateurs de gérer leur marketplac­e plus rapidement. Elle veut également développer sa plateforme "Mirakl Connect", qui rassemble tout son écosystème - opérateurs, vendeurs et partenaire­s technologi­ques. "Avec cette plateforme, un opérateur qui se connecte va pouvoir repérer de nouveaux vendeurs pour leur proposer de vendre sur sa place de marché, mais aussi des prestatair­es de services logistique­s par exemple", détaille le Pdg.

Avec ces investisse­ments, la jeune pousse veut se développer encore davantage aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Asie, puisque qu'elle réalise seulement 40% de son chiffre d'affaires en Europe. Mmirakl, qui ne communique pas son chiffre d'affaires, dit avoir atteint l'équilibre.

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