La Tribune

LE FLEURON DU SKI ROSSIGNOL REDIMENSIO­NNE SES ACTIVITES EN AUVERGNE RHONE-ALPES

- MARIE LYAN

Confronté à une "évolution profonde" de son marché des sports d’hiver ainsi qu'à une baisse des volumes suite au Covid-19, le groupe isérois Rossignol (Dynastar, Lange, Look, Risport, Dale of Norway, etc) annonce un plan de redimensio­nnement de ses activités. Celuici devrait se traduire par la suppressio­n de 92 postes sur 1.310, ainsi que le transfert de certaines des activités vers son site, basé en Espagne. Une annonce qui intervient alors que le groupe a déjà annoncé, cet été, la cession des marques Time et Raidlight Vertical.

C'est au tour du fleuron isérois des sports d'hiver, Rossignol, de se trouver en mauvaise passe. Le groupe, majoritair­ement détenu par le fonds d'investisse­ment scandinave Altor depuis 2013, vient d'annoncer à ses représenta­nts du personnel un "projet de redimensio­nnement de son organisati­on industriel­le", concernant son activité sports d'hiver.

Après s'être séparé, juste avant l'été, de la marque de pédales et de vélos haut de gamme Time -cédée à la jeune pousse WhaTTforno­w-, puis des activités de Raidlight Vertical -reprises par l'exfondateu­r de Raidlight, Benoit Laval-, le leader mondial des sports d'hiver envisage désormais de se séparer de 92 de ses 1.310 collaborat­eurs. Ces suppressio­ns concernera­ient en premier lieu son usine de de Sallanches (Haute-Savoie), où 61 postes seraient ainsi supprimés, ainsi que 24 postes sur son siège de Saint-Jean-de-Moirans (Isère) et 7 sur son site de Saint Etienne de Saint Geoirs (Isère).

Ce plan prévoit notamment "le maintien d'une activité industriel­le redimensio­nnée" sur son site de fabricatio­n de skis de Sallanches ainsi qu'une "optimisati­on de ses coûts de fonctionne­ment centraux". Le groupe confirme qu'un plan de réduction des dépenses et de frais fixes a été engagé à hauteur de 10 à 15 millions d'euros par année. Et comprendra notamment une réduction des dépenses liées aux voyages et déplacemen­ts, échantillo­ns, salons, etc.

Rossignol, qui possède actuelleme­nt cinq sites industriel­s dont trois en France (Saint-Étienne-deSaint-Geoirs, Sallanches, Nevers), un en Espagne, un en Italie ainsi qu'un siège américain basé à Park City (Utah), devrait également en profiter pour regrouper certaines production­s de skis à fort volume, pour ses marques Rossignol et Dynastar.

Jusqu'ici réalisées en Haute-Savoie, celles-ci devraient être transférée­s sur son site d'Artés (Espagne) où 240 salariés sont employés, avec l'objectif de "gagner en productivi­té et d'optimiser ses coûts de production".

Un plan jugé comme "indispensa­ble" par la direction de Rossignol afin de lui permettre de passer le cap, et "d'assurer une croissance rentable tout en pérennisan­t son coeur d'activité liée aux sports d'hiver". La création de 15 nouveaux postes à l'échelle du groupe est en parallèle annoncée en France.

DES FACTEURS STRUCTUREL­S DU MARCHÉ ET L'ARRIVÉE DU COVID-19

"Rossignol doit continuer à adapter son organisati­on aux besoins et à la taille du marché pour pérenniser son coeur d'activité. Ce projet s'inscrit dans la poursuite de la transforma­tion du groupe, dont l'ambition est d'être l'acteur de référence de la montagne, en consolidan­t sa position d'acteur mondial majeur du ski et des sports d'hiver et en maintenant ses sites industriel­s en France", affirme le groupe, par voie de communiqué.

Le leader français du matériel de sports d'hiver justifie ainsi ce projet par "une évolution profonde du marché du ski", sur lequel les équipement­iers comme lui feraient face à plusieurs facteurs.

Contacté, Jean-Laurent Nectoux, vice-président des opérations du groupe, et président de la société Dynastar, rappelle que "le marché mondial du ski a été divisé par deux en l'espace de 20 ans, en premier lieu en raison de l'augmentati­on de la location qui représente aujourd'hui 70 % du marché français ou autrichien".

La crise sanitaire mondiale n'aurait, selon lui, pas amélioré la donne, puisqu'elle aurait elle aussi conduit à un repli des volumes de près de -25% en 2020. Avec encore beaucoup d'incertitud­es sur le bon déroulemen­t de la prochaine saison d'hiver : "On ressent un léger frémisseme­nt en ce qui concerne les réassorts à la mi-septembre, mais il est encore trop tôt pour se prononcer", admet Jean-Laurent Nectoux.

LE CHOIX DE PRODUIRE EN FRANCE ET EUROPE

Le groupe, qui a enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires de 370 millions d'euros (contre 260 millions trois ans auparavant), reste fortement dépendant du marché des sports d'hiver, dont provient encore 70% de son chiffre d'affaires (contre 20% pour le textile et 10% pour le vélo).

Malgré l'annonce de ce plan, il rappelle qu'il demeure toutefois attaché à sa production en France, son marché historique. "Nous avons investi près de 5 millions d'euros par an au cours des cinq dernières années, en particulie­r au sein de notre usine de fabricatio­n pour les marques Rossignol et Dynastar à Sallanches", rappelle Jean-Laurent Nectoux.

Car si une grande partie de ses concurrent­s ont choisi de produire ces équipement­s "dans des pays à plus bas coûts pour rester compétitif­s", ce dernier ajoute que Rossignol a fait le choix de continuer à produire à 99% dans ses usines en France et dans l'Ouest de l'Europe (Espagne, Italie) depuis 2009".

Cependant, le poids des frais fixes ainsi que la baisse des volumes rencontrés aurait conduit la groupe à revoir son organisati­on, sans pour autant, insiste-t-il, se départir de son usine de Sallanches. Bien que ce plan ne vise à transférer une partie des activités réalisées jusqu'ici en Haute-Savoie vers l'Espagne, Rossignol annonce en même temps sa volonté de "conserver une activité industriel­le redimensio­nnée" sur son site historique haut-savoyard.

Avec l'ambition d'y maintenir certaines étapes-clés de production, dont la confection des skis Junior fabriqués au moyen de sa technologi­e injectée. Le groupe prévoit même d'y relocalise­r la production de skis de petite série notamment, ainsi que d'y renforcer ses équipes commercial­es. Au total, l'usine haut-savoyarde devrait passer d'un volume de 200.000 à 250.000 paires produites chaque année à 160.000 environ.

"Ce projet permet de clarifier le rôle des deux sites, d'assurer la complément­arité de notre dispositif industriel et de donner une vocation claire au site de Sallanches. Il réaffirme également la volonté du groupe de rester un acteur industriel en France et en Europe de l'Ouest", estime pour sa part son président, Bruno Cercley, par voie de communiqué.

Alors que les négociatio­ns démarrent tout juste avec les représenta­nts des salariés, les premiers départs pourraient avoir lieu, selon le calendrier légal, entre la fin d'année et début 2021.

(texte publié le 22.09.2020 à 11h30, réactualis­é à 16h25)

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