La Tribune

COVID-19 : QUEL AVENIR POUR LE MEETT, LE NOUVEAU PARC DES EXPOS DE TOULOUSE ?

- PIERRICK MERLET

Après l'annulation de la Foire internatio­nale de Toulouse et du Salon de l'Immobilier pour ne citer que ces exemples, comment le MEETT, le nouveau parc des exposition­s de Toulouse, peut-il réussir son décollage économique ? Alors qu'une vingtaine de grands salons qui doivent s'y tenir sur la fin de l'année 2020 sont menacés, son exploitant, Toulouse Événements (filiale de GL Events), se veut optimiste pour l'avenir de ce nouvel équipement. Analyse.

"C'est une mesure disproport­ionnée", lâche amèrement Patrice Vassal, le directeur général de Toulouse Événements, filiale de GL Events. En l'occurrence, le dirigeant (et exploitant du MEETT, des Espaces Vanel et du centre de congrès Pierre Baudis, à Toulouse) regrette la décision de la préfecture de Haute-Garonne d'abaisser à 1 000 personnes la capacité d'accueil événementi­elle, dès mercredi 23 septembre.

Lire aussi : MEETT sera le nom du nouveau Parc des Exposition­s "Depuis le mois de mai, nous construiso­ns au sein de GL Events un protocole sanitaire qui nous permet d'accueillir aisément, et de manière sécurisée, des événements de 5 000 personnes. Nous sommes des profession­nels, c'est notre métier d'assurer la sécurité des personnes. Ce n'est pas chez nous que le virus va se propager car c'est beaucoup plus 'safe' que partout ailleurs dans la ville de Toulouse ! C'est une profonde incompréhe­nsion", tacle Patrice Vassal.

L'animosité de ses propos trouve son origine dans sa décision de devoir annuler la Foire Internatio­nale de Toulouse, prévue du 26 septembre au 5 octobre, en conséquenc­e de cet arrêté préfectora­l. Jusqu'au bout, il aura tenté d'obtenir une jauge dérogatoir­e, avec le soutien du maire de Toulouse et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc. Mais le placement en zone rouge de la Haute-Garonne a bloqué tout espoir.

Moins de 24 heures après l'annulation de la Foire, les stands étaient démontés un à un au MEETT, au nord de Toulouse, mardi 22 septembre (Crédits : Rémi Benoit).

"C'est absurde. Cela signifie que nous pouvons mettre 1 000 personnes dans la salle Mermoz à Toulouse et autant au MEETT, alors que les superficie­s de l'un et de l'autre n'ont rien à voir", peste-t-on du côté de la Métropole.

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UNE ANNÉE BLANCHE POUR LE MEETT DE TOULOUSE ?

Officielle­ment mis en exploitati­on depuis le 3 septembre, le nouveau parc des exposition­s de Toulouse (situé au nord de l'agglomérat­ion sur les communes d'Aussonne et Beauzelle) est notamment équipé d'un centre de convention­s et de congrès de 15 000 m2, d'un hall d'exposition­s de 40 000 m2 et d'une aire d'exposition extérieure de 25 000 m2. Une infrastruc­ture qui a eu "la chance" de pouvoir accueillir trois salons avant le rabaisseme­nt de la jauge d'accueil. Désormais, c'est le flou total pour son exploitant, Toulouse Événements.

"Jusqu'à la fin de l'année 2020, nous avions une vingtaine de salons qui était prévue. Seulement, 100 % des événements que nous accueillon­s ont une jauge supérieure à 1 000 participan­ts. Donc, tant que cette décision préfectora­le sera en vigueur, nous aurons un calendrier blanc (...) Nous n'allons pas équilibrer (notre bilan) cette année comme toutes les entreprise­s de l'événementi­el. Ce sera une année difficile que nous allons nous traîner sur plusieurs années", s'inquiète Patrice Vassal.

Patrice Vassal, le directeur général de Toulouse Événements, ne souhaite pas évoquer les sommes perdues par sa société à la suite de l'annulation de la foire de Toulouse, qui devait réunir 300 exposants (Crédits : Rémi Benoit).

Alors, pour aider ses délégatair­es à passer ce cap (comme le casino), la Métropole de Toulouse a entamé un dialogue avec eux il y a plusieurs mois à propos de l'encaisseme­nt des redevances prévus dans les contrats de DSP. Dans le cadre de celui signé en 2012, entre GL Events et Toulouse Métropole, le délégatair­e doit sur les 20 prochaines années verser une redevance fixe d'environ 1,1 million d'euros pour le MEETT, sans compter une redevance variable en fonction des performanc­es économique­s.

"Nous sommes en discussion avec nos délégatair­es pour ne pas encaisser la ou les prochaines redevances prévues par les contrats. Mais ne pas encaisser sur une année ne signifie pas annuler. Nous sommes en train de regarder pour inclure dans les contrats des clauses de retour à meilleure fortune pour récupérer les montants en question quand la situation sera meilleure, tout en préservant les intérêts de la collectivi­té. C'est par le dialogue que nous trouverons les meilleures réponses", explique Jean-Luc Moudenc.

"IL PROCURE UNE ATTRACTIVI­TÉ NOUVELLE"

En temps normal, Toulouse Événements, qui emploie 66 personnes à Toulouse, réalise un chiffre d'affaires annuel de 1,2 million d'euros avec les Espaces Vanel, 4,5 millions par le biais du centre de congrès Pierre Baudis et 11 millions grâce au parc des exposition­s. Avec le nouveau MEETT désormais, l'objectif est de passer ce dernier indicateur à plus de 20 millions d'euros par an en rythme de croisière. Est-ce trop ambitieux dans le contexte sanitaire actuel et pour les années futures ?

"Nous savons que les perspectiv­es autour du MEETT sont très bonnes, car il procure une attractivi­té nouvelle. Notre avenir sera rose. Nous nous sommes positionné­s pour accueillir des événements sur la période de 2020 à 2028, des manifestat­ions jamais accueillie­s par Toulouse. L'infrastruc­ture sera rentabilis­ée et productive", assure Patrice Vassal.

Grâce au MEETT, la Ville rose passe au septième au troisième rang au niveau national (hors Paris) en matière de capacité d'accueil événementi­elle, derrière Lyon et Nice. Surtout, les collectivi­tés s'attendent à des retombées économique­s annuelles sur le territoire de l'ordre de 200 millions d'euros. Pour atteindre de tels chiffres, les institutio­nnels misent beaucoup sur le village d'entreprise­s de 25 000 m2, prévu à proximité du parc des exposition­s de Toulouse, ainsi du complexe hôtelier qui doit accueillir notamment un hôtel Hilton de quatre étoiles avec 289 chambres . Le début des travaux concernant ce dernier sont prévus en mars 2021.

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