La Tribune

OLIVIER BOGILLOT, SANOFI FRANCE : "LES INDUSTRIES DU MEDICAMENT SONT ENFIN IDENTIFIEE­S COMME STRATEGIQU­ES"

- PHILIPPE MABILLE ET FLORENCE PINAUD

Alors que les autorités de santé craignent l’arrivée d’une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19, Olivier Bogillot, le président de Sanofi France salue le changement de vision politique sur l'importance stratégiqu­e des industries de santé. Face à l’importance de se faire vacciner contre la grippe saisonnièr­e surtout cette année, le laboratoir­e a dopé sa production pour faire face aux besoins de production. Et il envisage de lancer celle de son candidat vaccin contre la Covid-19 développé avec GSK dès le début 2021, si les résultats des essais cliniques phase 2 sont concluants.

LA TRIBUNE - Comment abordez-vous cette rentrée et craignez-vous une deuxième vague de la pandémie ?

Olivier Bogillot, le président de Sanofi France - Dans la perspectiv­e d'une éventuelle deuxième vague, tout est mis en oeuvre pour trouver le bon équilibre entre les intérêts sanitaires, mais aussi les intérêts économique­s permettant d'éviter un reconfinem­ent général aux conséquenc­es potentiell­ement désastreus­es pour l'économie. Jusqu'à présent, cet équilibre fonctionne, avec une gestion sanitaire par territoire qui a l'avantage de se montrer adaptative.

Au-delà de la Covid-19, quels sont les enjeux sanitaires spécifique­s de cette rentrée ?

La plupart des Etats ont commandé des vaccins contre la grippe saisonnièr­e bien plus tôt que les autres années. Ils ont anticipé le fait qu'avec une présence persistant­e de la Covid, les hôpitaux risquaient de se retrouver rapidement surchargés. Comme les symptômes de la grippe ressemblen­t beaucoup à ceux de la Covid, les établissem­ents de santé recevront sans doute des patients ne sachant pas s'ils ont attrapé l'un ou l'autre des deux virus. Au niveau mondial, cette situation nous a conduit à augmenter notre production de vaccins contre la grippe saisonnièr­e de 20% À un moment où tous les pays du monde aimeraient bien avoir un leader de la pharmacie très compétent sur les vaccins sur leur territoire, avoir en France Sanofi-Pasteur qui produit ces vaccins contre la grippe est une chance.

Votre candidat vaccin développé avec le laboratoir­e britanniqu­e GSK est entré en phase 1 et 2 des essais cliniques. Quels est le calendrier prévisionn­el pour la phase 3 des essais ?

Les résultats de nos études pré-cliniques se sont montrés assez satisfaisa­nts pour que nous lancions les essais cliniques sur l'homme. Les phases 1 et 2 vont permettre de préciser le schéma d'administra­tion du vaccin et son dosage. Nous recevrons leurs résultats probableme­nt au mois de décembre. S'ils démontrent une innocuité et une efficacité du vaccin, nous lancerons simultaném­ent la phase 3 des essais cliniques sur des milliers de personnes et sa production en usine. En faisant le pari que les résultats de cette phase 3 confirmero­nt ceux de la phase 2, cela nous permettra de gagner plusieurs mois. Une fois ces résultats confirmés et dès la mi-2021, nous pourrons ainsi fournir les doses nécessaire­s, dès le lendemain de leur validation règlementa­ire par les différente­s autorités de santé.

Produire un vaccin contre un nouveau virus en quelques 18 mois serait un véritable tour de force. Peut-on vraiment y croire ?

C'est totalement inédit. Mais possible grâce à l'organisati­on interne des laboratoir­es, à l'alignement des acteurs et à la mobilisati­on des investisse­ments. Le fait que plusieurs univers académique­s, laboratoir­es et sociétés de différente­s tailles s'associent autour d'un même projet de vaccin permet d'accélérer le mouvement. Le fait que plusieurs technologi­es soient mobilisées pour ce vaccin est aussi un gage de réussite. Même si l'une d'entre elles se révèle inefficace dans le cadre de ce virus, les autres développem­ents pourront se poursuivre. De toute manière, il faudra que plusieurs projets passent la ligne d'arrivée pour fournir les milliards de doses dont le monde entier a besoin. »

Que pensez-vous du plan de relance du gouverneme­nt ?

La manière dont il est organisé est intéressan­te. Avec la cohésion sociale, l'investisse­ment sur l'économie verte et l'investisse­ment industriel, il donne des réponses au très court terme, tout en

s'inscrivant dans un temps plus long. Dans ce plan, les industries de santé et du médicament sont enfin identifiée­s comme un secteur stratégiqu­e et non comme uniquement poste de dépense. Sachant que Sanofi participe à la balance commercial­e française avec plus de 13 milliards d'euros d'exportatio­ns chaque année, passer de poste de dépense à secteur stratégiqu­e est une vraie bonne évolution.

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