METROPOLE DE LYON : COMMENT LES ELUS ECOLOGISTES VEULENT REDESSINER LE VISAGE DU LOGEMENT SOCIAL A LYON
Début février, le projet de transformation du site de l'ancien collège, Maurice Scève, a fait office de symbole, la Métropole de Lyon ayant choisi d'écarter le promoteur Vinci de l'opération. Car les équipes écologistes de Bruno Bernard ont un objectif : produire 6.000 logements sociaux par an. Le nouvel exécutif s'appuiera, pour cela, sur sa programmation pluriannuelle d'investissement (PPI), qui se traduit par une hausse du budget lié à l'urbanisme, mais aussi par son outil, la Foncière solidaire du Grand Lyon, qui vise à produire des logements en bail réel solidaire.
Chaque année, environ 15.000 personnes de plus viennent s'installer dans la métropole de Lyon. A ce rythme, la question de l'accessibilité au logement est inévitable. En parallèle, le marché immobilier est en tension, et les prix des loyers ainsi que du mètre carré ne cessent d'augmenter. Lyon est en effet la troisième ville la plus chère de France, derrière Bordeaux (4.649 euros/m²) et Paris (10.468 euros/m² ), selon les chiffres de la Fnaim.
Un ensemble de facteurs qui poussent la nouvelle équipe métropolitaine à redoubler d'efforts sur la question du logement abordable. Le 3 février dernier, Bruno Bernard, président de la Métropole, Renaud Payre, vice-président délégué à l'habitat, au logement social et à la politique de la ville, et Béatrice Vessiller, vice-présidente à l'urbanisme et au cadre de vie, ont profité de la présentation de projet de transformation de l'ancien site du collège Maurice Scève, pour détailler leur politique en la matière. "Sur la Métropole, les voyants sont au rouge. [...] Il y a un besoin de rééquilibrer les logements sociaux", a alors rappelé Bruno Bernard.
OBJECTIF 6.000 LOGEMENTS SOCIAUX PAR AN
Le cas de l'ex-collège Maurice Scève, est assez symbolique. Cet ancien squat de jeunes migrants se trouve en plein quatrième arrondissement, où le taux de logement social est de 15,65%. A titre de comparaison, le taux de logement social de Lyon est de 21,5%. Le site devait accueillir un projet immobilier confié au promoteur Vinci, mais, fin 2020, il a finalement été récupéré par la Métropole.
Cette dernière prévoit d'y construire des logements abordables et un lieu de vie de quartier. 40 % des habitations seraient en locatif social et 60% en bail réel solidaire, un dispositif qui permet de faire baisser le prix d'achat d'un peu plus de la moitié, en différenciant le foncier du bâti.
Selon les chiffres de l'antenne locale de la Fnaim (Fédération nationale de l'immobilier) arrêtés en septembre 2020, à Lyon, pour un appartement, le prix médian est de 4.289 euros /m², soit une hausse de +5,4 % par rapport à l'an dernier. Le même rapport indiquait que, depuis 2018, les loyers ont augmenté de 10 % à Lyon et de 20 % dans la métropole.
Les prix s'envolent et la population métropolitaine ne cesse d'augmenter, il y a donc urgence à résorber le problème. En 2020, 3.137 logements sociaux ont été lancés, et même si la nouvelle équipe métropolitaine vise presque le double, "6.000 logements par an, ça ne suffira pas", souffle Renaud Payre.
Selon lui, il faut donc produire du logement, mais aussi le répartir de façon égalitaire dans la métropole. Selon le journal Médiacités, en 2018, Lyon était doté à 21,5% de logement sociaux, mais d'autres communes de la Métropole comme Jonage, Solaize ou Charly, présentaient une part de logements sociaux inférieure à 5%. Même si Lyon est dans les clous au niveau de la dotation, la répartition de logements sociaux par arrondissement reste assez inégalitaire. Le 8e et le 9e, par exemple, ont 30% de logements sociaux, quand le 2e et le 4e ne dépassent pas 20%.
Passée en 2000, la loi Solidarité et renouvellement urbain, impose en effet aux communes d'avoir entre 20 et 25% de logement social, d'ici 2025. Dans ce cadre, en janvier, 17 communes du Rhône, dont 11 de la métropole ont été épinglées par la Préfecture pour leur carence et leur manque d'engagement en matière de logement social.
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En guise de sanction, "les majorations de leur prélèvement annuel ont été fixées entre 10 et 200 %. Ces prélèvements alimentant les fonds dédiés au soutien à la production de logements sociaux, ces communes contribueront donc davantage que les autres à l'effort financier de solidarité", avait communiqué la Préfecture.
"LE NERF DE L'AMÉNAGEMENT, C'EST LE FONCIER"
La Métropole entend donc se lancer dans ce que Béatrice Vessiller a qualifié de "politique volontariste foncière". En acquérant du foncier, la Métropole pourrait encadrer un peu plus son projet. "Le nerf de l'aménagement, c'est le foncier. [...] Sa maitrise permet de contenir les prix", a souligné la vice-présidente à l'urbanisme. Dans la PPI, la Métropole consacre ainsi 300 millions d'euros pour l'acquisition de fonciers et "les communes carencées seront ciblées", a affirmé la viceprésidente.
Aussi, la Foncière solidaire du Grand Lyon (ex-Office foncier solidaire) créée en
2019, permettrait de construire les 1.000 nouveaux logements abordables par an (en accession via le bail réel solidaire), au lieu des 150 prévus par la précédente mandature. Sur cette politique d'acquisition de foncier, Renaud Payre l'affirme : "A Lyon, il n'y a jamais eu ce qu'on fait là."
Selon la FPI (Fédération des promoteurs immobilier), environ 70% des logements locatifs sociaux sont fabriqués par des promoteurs privés. Philippe Layec, président de la délégation lyonnaise de la FPI note : "Notre rôle ne va pas beaucoup changer, nous sommes déjà impliqués depuis pas mal d'années. Nous allons logiquement participer à la volonté de la métropole de développer les logements sociaux.[...] C'est important pour nous qu'il y ait des grandes opérations d'aménagement publics." A chaque opération, ces promoteurs sont ainsi tenus de livrer une certaine part de logements abordables et de la céder à un bailleur social.
Dans la production de la promotion privée, les logements locatifs sociaux représentent environ 20%. Une part des qui pourrait être revue à la hausse dans certaines zones avec la modification en cours du PLU-H. En plus d'accélérer la construction d'habitats abordables, le futur PLU-H devrait aussi favoriser la mixité sociale.