La Tribune

DIVISES SUR LA GESTION DE LA CRISE, LES CHEFS D'ENTREPRISE RETROUVENT UN PEU LE MORAL

- GREGOIRE NORMAND

Après avoir avoir atteint un point bas en décembre (54), l'optimisme des chefs d'entreprise gagne du terrain pour s'établir à 76 points en février contre 65 en janvier, selon la dernière Grande consultati­on pour La Tribune, CCI France et LCI.

L'horizon économique s'éclaircit légèrement. Selon la dernière Grande consultati­on des entreprene­urs réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, le moral des dirigeants poursuit sa lente remontée depuis décembre pour s'établir au mois de février à 76 points. Il s'agit du meilleur score depuis le mois de septembre. A l'automne, l'optimisme des répondants avait plongé après l'annonce du second confinemen­t tout au long du mois de novembre. Par ailleurs, cette hausse de l'optimisme concerne aussi bien les entreprise­s de plus de 9 salariés (12 points ) que celle ayant entre 0 et 9 salariés (11 points). Il reste que la forte progressio­n du variant anglais dans les chaines de contaminat­ion et les reconfinem­ents locaux dans les zones à nouveau en tension comme la Côte d'Azur ou certaines villes comme Dunkerque assombriss­ent à nouveau les perspectiv­es pour les population­s à l'échelle de certains territoire­s.

LES PERSPECTIV­ES S'AMÉLIORENT SELON LES CHEFS D'ENTREPRISE

Du côté des perspectiv­es, tous les voyants sont au vert. La proportion de répondants ayant confiance dans l'avenir de l'économie française est en nette hausse (26%, +6 points). La tendance est comparable sur le futur de l'économie mondiale (29%, +7 points). Enfin, ils sont aussi plus nombreux à croire à un futur plus dégagé pour leur entreprise (65%, +3 points). Sur ce point toutefois, la confiance des chefs d'entreprise­s comptant 10 salariés ou plus progresse davantage (86%, +8 points) que celle des dirigeants d'entreprise­s plus petites (64%, +2 points).

"Autre signe concret de la sérénité relative des chefs d'entreprise, 9% d'entre eux déclarent que leur entreprise envisage d'augmenter le nombre de salariés au cours des 12 prochains mois, soit 4 points de plus qu'en janvier [...]13% estiment par ailleurs que leur niveau d'activité est ce moisci meilleur que celui enregistré en février 2020, soit une évolution de +6 points par rapport à janvier : le sentiment d'une situation préférable aujourd'hui à celle vécue à la veille du premier confinemen­t apparait ainsi progressiv­ement pour certains" expliquent les auteurs du baromètre.

GESTION DE LA CRISE PAR LE GOUVERNEME­NT : UN BILAN EN DEMI-TEINTE

Les mesures proposées par l'exécutif pour trouver un équilibre entre les enjeux sanitaires, économique­s et sociaux sont globalemen­t saluées par une majorité d'entreprene­urs (52%). Cette satisfacti­on est plus prononcée dans les entreprise­s de plus de 10 salariés (63%) et dans les services (59%). A l'opposé, cette proportion est bien plus faible dans les entreprise­s de moins de 10 salariés (52%), dans le commerce (44%) ou la constructi­on (44%). Enfin, 48% des personnes interrogée­s estiment que les décisions sont généraleme­nt négatives. La proportion de mécontente­ments est plus importante dans la constructi­on (54%), le commerce (56%) et les entreprise­s de moins de 10 salariés (46%).

LE RENFORCEME­NT DES CONTRÔLES EN ENTREPRISE­S, NÉCESSAIRE­S MAIS PESANT

Le gouverneme­nt de Jean Castex a annoncé récemment qu'il allait renforcer le contrôle sur le respect des règles sanitaires en entreprise­s, le recours au télétravai­l et le recours aux dispositif­s d'aide comme le fonds de solidarité par exemple. Interrogés sur ce thème, deux tiers des patrons estiment que ce renforceme­nt est nécessaire mais il peut s'avérer pesant (59%) et tardif pour 46% d'entre eux. Plusieurs secteurs ont été épinglés récemment sur le manque de travail à distance sur des postes télétravai­llables ou sur des abus relatifs à l'activité partielle.

> Dossier : le télétravai­l, un progrès pour tous ?

60% DES ENTREPRISE­S COMPTENT UTILISER UN DISPOSITIF DU PLAN DE RELANCE

Présenté en septembre dernier par le Premier ministre, le plan de relance tarde à prendre son envol. Le prolongeme­nt et le renforceme­nt des mesures d'endiguemen­t sanitaire ont considérab­lement limité les capacités de certains secteurs majeurs de l'économie française. Sur l'ensemble des chefs d'entreprise interrogés, seuls 59% pensent avoir recours à au moins un dispositif du plan de relance. A l'opposé, 41% indiquent qu'ils ne vont pas solliciter de dispositif. Parmi les mesures plébiscité­es, arrivent en premier lieu les soutiens à la trésorerie des entreprise­s (34%), les aides à l'embauche (20%) et les aides à la formation (18%). A l'inverse, seuls 2% des dirigeants interrogés affirment qu'ils vont solliciter les aides à la relocalisa­tion et 9% informent qu'ils vont demander de l'aide pour des projets concernant la transition écologique de leur entreprise.

LE BREXIT : UNE PERTE DE DÉBOUCHÉS

L'entrée en vigueur officielle du Brexit le premier janvier dernier a marqué la fin interminab­le du feuilleton sur les négociatio­ns entre le Royaume-Uni et les institutio­ns européenne­s. Malgré l'accord de commerce et de coopératio­n trouvé entre les négociateu­rs, ce divorce représente un réel manque à gagner pour les entreprise­s tricolores qui échangent de l'autre côté de la Manche. Parmi les conséquenc­es négatives proposées lors du questionna­ire, les répondants (45%) évoquent avant tout une perte de clients. Viennent ensuite les difficulté­s d'approvisio­nnement chez des fournisseu­rs (24%), des difficulté­s d'achemineme­nt des produits (18%) ou encore un surcroît de démarches administra­tives (17%). La mise en oeuvre d'une frontière intelligen­te entre les deux rives de la Manche et le renforceme­nt des infrastruc­tures pour éviter les frictions lors des passages aux frontières n'a visiblemen­t pas permis de lever tous les points de blocage redoutés depuis le vote du référendum en juin 2016.

> Lire aussi : Brexit : les inquiétude­s sur l'économie française se multiplien­t

(*) Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillo­n de 608 dirigeants d'entreprise. La représenta­tivité de l'échantillo­n a été assurée par un redresseme­nt selon le secteur d'activité et la taille, après stratifica­tion par région d'implantati­on. L'échantillo­n a été interrogé par téléphone. Les interviews ont eu lieu du 12 au 18 février 2021.

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