La Tribune

SCOR A AMORTI LE CHOC DE LA PANDEMIE EN 2020

- ERIC BENHAMOU

Le réassureur français voit son résultat net divisé par deux en 2020 mais il se montre optimiste pour 2021, à l’aune de la hausse des tarifs dans la réassuranc­e. La crise du Covid aura finalement coûté au groupe 640 millions d’euros en 2020. Le groupe propose un dividende de 1,8 euro par action en 2021, soit un montant supérieur au résultat net par action.

La réassuranc­e est par nature un métier exposé aux grands risques. Et le groupe français Scor, numéro quatre mondial du secteur, n'a pas échappé à l'impact de la crise sanitaire : le résultat net a ainsi été divisé par deux en 2020 à 234 millions d'euros.

Dans le détail, le coût de la pandémie s'élève, pour le groupe, à 640 millions d'euros (avant impôts) en 2020, dont près de la moitié pour la branche-vie. « C'est un choc historique mais nous avons absorbé ce choc », a commenté Denis Kessler, PDG du groupe lors de la présentati­on des résultats annuels. « La crise nous a beaucoup appris. Nous pensions que cette pandémie affecterai­t la partie vie de notre activité et nous avons sous-estimé le risque sur la partie dommages », reconnaît le dirigeant.

Mais, ajoute-t-il, « contrairem­ent à d'autres secteurs ou entreprise­s, la pandémie n'a pas bouleversé notre business model. Nous avons un plan stratégiqu­e et nous poursuivon­s ce plan. Nous avons dû certes payer une lourde taxe, qui a amputé nos résultats, mais n'attendez pas que le groupe modifie ses objectifs, sa trajectoir­e et sa politique de souscripti­on ».

INCERTITUD­ES AUX ETATS-UNIS

L'essentiel de l'exposition du groupe dans la réassuranc­e-vie est aux Etats-Unis, où Scor estime l'impact des sinistres, à la fin 2020, à 283 millions d'euros, sur un total de 314 millions dans la branche. Selon l'agence Moody's, ce risque sera toujours « une zone d'incertitud­es ». Toutefois, le réassureur indique que les provisions constituée­s en début de pandémie ont été trop importante­s et en partie libérées en fin d'année.

Côté dommages, le coût de la pandémie est de 284 millions d'euros, ce qui a fait plonger le ratio combiné (sinistres et frais généraux sur primes encaissées) au-dessus de 100%, seuil à partir duquel les activités ne sont plus rentables.

Sur l'activité, Scor fait preuve d'une grande résistance, avec un chiffre d'affaires stable, à plus de 16 milliards d'euros. « Nous avons toujours autofinanc­é notre croissance, et notre chiffre d'affaire est passé de 2,4 milliards en 2003 à plus de 16 milliards aujourd'hui », rappelle Denis Kessler. Tout en restant dans le club des réassureur­s notés au moins AA-, preuve de la solidité financière du groupe. son ratio de solvabilit­é du groupe atteint même le niveau élevé de 220%.

OPTIMISTE POUR 2021

Reste que Denis Kessler se montre optimiste pour 2021. Sur la sortie de crise avec l'arrivée des vaccins. Même s'il estime que « la sortie de la pandémie se traduira par une poussée inflationn­iste parce que la politique monétaire qui a été menée est principale­ment une politique de soutien de la demande ». Le groupe a d'ailleurs réduit la duration de son portefeuil­le au quatrième trimestre, dégageant au passage des plus-values.

Ensuite, le groupe anticipe la poursuite des hausses tarifaires dans la réassuranc­e, « que nous avions annoncé dès l'été dernier », précise Denis Kessler. Lors du traditionn­el renouvelle­ment des primes de janvier, Scor indique une hausse des prix de 15,9% dans l'activité dommages. Enfin, le PDG ne cache pas que les nouvelles règles de solvabilit­é et les nouvelles normes comptables seront plutôt favorables au groupe.

Au total, Scor proposera un dividende de 1,8 euro, soit environ 350 millions d'euros, un montant supérieur au résultat net. Il ne compense cependant pas tout à fait l'absence de dividende en 2020. Ce dividende n'a pas suffi à rassurer les investisse­urs : le titre est plutôt orienté à la baisse, sous la barre des 27 euros, alors que l'actif net par action est de 33 euros à la fin 2020.

« Nous sommes confiants dans la valeur de l'entreprise. Il y a effectivem­ent une décote, tout le secteur est concerné. Et tant que nous ne serons pas sortis de cette pandémie, elle restera présente », a réagi Denis Kessler.

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