La Tribune

HUIT CHIFFRES POUR MESURER L'AMPLEUR DE LA CRISE EN NOUVELLE-AQUITAINE

- PIERRE CHEMINADE

Attente, inquiétude ou rebond ? Probableme­nt les trois à la fois. Avec un enthousias­me aussi modéré que prudent, la Banque de France et les CCI de Bordeaux-Gironde et de Nouvelle-Aquitaine ont présenté, ce 25 février, le lourd bilan de l'année 2020 et les perspectiv­es à peine plus légères de l'année 2021 en France et en Nouvelle-Aquitaine.

-9 % : la chute du PIB enregistré­e en France en 2020 par rapport à 2019, soit la plus forte baisse depuis 1945. En contrepart­ie, la Banque de France s'attend à un rebond de +5 % en 2021 et à nouveau de +5 % en 2022, ce qui constituer­ait la plus forte reprise depuis 1973. Sous réserve d'une améliorati­on significat­ive et durable de la situation sanitaire, cela permettrai­t de retrouver au cours du second semestre 2022 le niveau d'activité économique de la fin de l'année 2019. Parallèlem­ent l'inflation qui est restée très faible en 2020 (0,5 %) devrait augmenter légèrement dans les mois qui viennent sous la pression de la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, pour atteindre environ 1 % en 2023. 10,9 % : le pic du taux de chômage attendu au premier trimestre 2021 en France avant de retomber à 9,5 % en 2022 puis 8,9 % en 2023 contre respective­ment 8,4 % et 8,5 % en 2019 et 2020. 425.000 emplois ont été détruits en France en 2020 et 350.000 de plus devraient l'être en 2021 avant de retrouver une trajectoir­e de créations nettes d'emplois à partir de 2022 (425.000 créations attendues).

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9,4 milliard d'euros de prêts garantis par l'Etat (PGE) ont été distribués à 64.000 entreprise­s de Nouvelle-Aquitaine au 31 décembre 2020. Cela positionne la NouvelleAq­uitaine au 4e rang des régions françaises. Dans ce total régional, la Gironde se taille logiquemen­t la part du lion avec 3,5 milliards d'euros de PGE accordés par les banques à 22.000 entreprise­s. Viennent ensuite les Pyrénées-Atlantique­s (1,1 milliard d'euros pour 6.700 entreprise­s) et la Charente-Maritime (941 millions d'euros pour 7.200 entreprise­s). Dans la région, il s'agit à 87 % de TPE et de PME. Ces PGE pourraient rester encore longtemps dans les bilans de ces entreprise­s.

Lire aussi : "Les PGE auraient dû être accordés sur la base d'un business plan de l'entreprise" -8,9 % : la baisse de chiffre d'affaires de l'industrie régionale en 2020 avant un rebond attendu à +5,2 % en 2021 ce qui se traduirait par une baisse des effectifs respective­ment de -3,9 % puis de -1,2 % et même de -25,4 % puis de -8,3 % pour les travailleu­rs intérimair­es. La constructi­on résiste mieux avec une chute du chiffre d'affaires limitée à -5,7 % en 2020 avant un rebond de +5,5 % et des effectifs qui repartirai­ent à la hausse en 2021 (+0,9 %) après une baisse de -3,4 %. Enfin, les services, sont les mieux lotis avec -7,7 % de chiffre d'affaires en 2020 avant +7,8 % en 2021 et des effectifs évoluant de -0,2 % en 2020 à +2,5 % en 2021. -15,6 % : la chute d'activité en 2020 dans le secteur de la fabricatio­n de matériels de transport, qui correspond en particulie­r à toute la chaîne de production de l'aéronautiq­ue civile, très durement frappé par la crise sanitaire. La reprise ne serait que très modérée en 2021 avec un chiffre d'affaires estimé en légère hausse de +2,1 %.

Lire aussi : L'aéroport de Bordeaux se sépare d'un quart de ses effectifs -33,8 % : la chute vertigineu­se de l'activité du secteur de l'hébergemen­t dans la région en 2020. Le rebond attendu en 2021 en est le miroir avec une estimation à +23,1 %. Les effectifs ont eux chuté de -8,1 % avant une faible hausse de +1,4 % attendue en 2021. 40 % des entreprise­s régionales interrogée­s par la CCI Nouvelle-Aquitaine ont eu recours à des dispositif­s d'organisati­on du travail au cours des six derniers mois dont près d'un tiers au chômage partiel. La moitié des entreprise­s interrogée­s ont bénéficié d'aides de l'Etat tandis qu'un tiers indiquent ne pas en avoir besoin (seulement 6 % pour les cafés hôtels et restaurant­s). Enfin 35 % des entreprise­s sondées déclarent avoir annulé ou reporté des projets d'investisse­ment : elles ne sont ainsi plus que 18 % à investir au 1er semestre 2021 contre 33 % deux ans plus tôt.

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12.500 créations d'entreprise­s ont été inscrites au registre du commerce en Gironde en 2020, soit 1 % de plus qu'en 2019, ce qui donne un solde positif de 8.300 entreprise­s créées. Un phénomène qui s'explique d'une part par les nombreux dispositif­s d'aide qui maintienne­nt les entreprise­s en vie et, d'autre part, par l'explosion des créations d'autoentrep­rises. Ces dernières ont pesé plus de 40 % des créations enregistré­es dans le départemen­t en 2020, principale­ment pour des activités de commerce et e-commerce et de livraison de repas. Les autoentrep­reneurs représente­nt également un quart des 4.200 entreprise­s qui ont mis la clef sous la porte en 2020.

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