La Tribune

PRECARITE ETUDIANTE : LA METROPOLE DE LYON VEUT CONCRETISE­R SON PROJET DE RSA JEUNES

- ZOE FAVRE D'ANNE

Et si le RSA jeune venait de Lyon ? En pleine crise sanitaire, Bruno Bernard, président écologiste du Grand Lyon, est en passe de réaliser de ses promesses de campagne : l'instaurati­on d'un revenu de solidarité pour les jeunes. Cette initiative à 10 millions d'euros va être soumise au vote en mars. Pour les jeunes et les étudiants boursiers, les tarifs des transports vont aussi être revus à la baisse. Tout une série de mesures qui viennent compléter, ou chevaucher, celles prises par les autres instances locales.

Dans un contexte où la précarité étudiante est aggravée et très médiatisée, le gouverneme­nt a balayé l'option d'instaurer un RSA (Revenu de solidarité active) pour les jeunes de moins de 25 ans.

Mais à l'échelle locale, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, avait déjà fait de cette mesure l'une de ses promesses de campagne entre les deux tours, et l'avait même réaffirmée comme l'un des dix premiers chantiers à venir de son mandat, en juillet dernier. Cette promesse s'apprête désormais à passer aux actes, pour une collectivi­té qui dispose d'un statut particulie­r, puisqu'elle est issue d'un régime spécial consécutif à la loi Mapam, qui lui a permis de fusionner son statut de métropole avec celui d'un conseil général en 2015.

De quoi lui permettre de tirer la doter d'une compétence sociale, à commencer par celle du RSA. Et peut-être bientôt, dans ce contexte, d'un nouveau "revenu de solidarité jeune" (RSJ), une propositio­n qui doit encore être soumise au vote du conseil métropolit­ain, qui se tiendra le 15 mars prochain.

UN REVENU DE SOLIDARITÉ JEUNE À 400 EUROS, PROMESSE DE CAMPAGNE

Selon Bruno Bernard, ce RSJ d'environ 400 euros serait dédié aux jeunes en grande précarité (pas uniquement étudiants), et sans emploi. Un budget de 10 millions d'euros serait ainsi attribué à cette expériment­ation, qui devrait être effective en juin, comme l'a rapporté le président écologiste ce jeudi, auprès du quotidien du soir.

Une mesure d'autant plus justifiée selon lui que sur les 175.000 étudiants qu'elle recense, la Métropole estime "qu'un tiers sont en deçà du seuil de pauvreté soit 600 euros par mois (demi revenu médian)".

"La crise a mis en émergence une situation de précarité qui était présente avant et qui le sera aussi après", a souligné Frédéric Fleury, président de l'université Claude Bernard Lyon 1.

Selon Bruno Bernard, qui a annoncé cette dispositio­n en marge d'une visite auprès des université lyonnaises, "le RSJ répond à un véritable besoin hors des autres dispositif­s, auprès d'environ 2.000 jeunes de la métropole, selon les estimation­s des services."

En réalité, un RSA dédié aux 18-15 ans existe déjà, mais ses conditions d'attributio­n sont plus strictes : il faut avoir travaillé "pendant au moins deux ans à temps plein, au cours des trois ans précédant la date de la demande." Le dispositif de la Métropole viendrait donc combler les manques.

Car dans la Métropole, ce sont plutôt les moins de 25 ans qui ont connu la plus grosse évolution du nombre de demandeurs d'emploi (catégories A, B et C) entre entre le quatrième trimestre de 2019 et celui de 2020. Les jeunes demandeurs d'emploi ont augmenté de 11,7 %. A titre de comparaiso­n, sur la même période, chez les 25-49 ans l'augmentati­on est de 4,9 % et de 5,7 % pour les plus de 50 ans.

Mobilisée sur le RSJ, la Métropole devra toutefois faire également face à l'augmentati­on de bénéficiai­res du RSA, qui relève également de sa compétence. La Métropole de Lyon a déjà prévu de mobiliser 30 millions d'euros supplément­aires cette année, pour le RSA déjà existant, du fait d'allocatair­es plus nombreux.

"Pour l'instant sans compensati­on aucune de l'État", souligne au passage Bruno Bernard, qui affirmait lors de la présentati­on de son plan pluriannue­l que les collectivi­tés dont la métropole de Lyon, attendaien­t toujours un geste de la part de l'exécutif afin de rééquilibr­er ce poste de dépenses. En février de cette année, le Grand Lyon annonçait en effet une augmentati­on de 10 % du nombres de bénéficiai­res du RSA depuis janvier 2020.

DES TARIFS ENCORE PLUS RÉDUITS DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN

Mercredi, lors d'un point presse sur la précarité étudiante, Bruno Bernard, aussi président du Sytral, le syndicat des transports en commun de l'aire lyonnaise, a annoncé l'instaurati­on de tarifs encore plus réduits pour les jeunes dans les transports en commun TCL, dès le 1er septembre.

L'abonnement annuel des 18-25 ans passera ainsi de 32 euros à 25 euros par mois. Les boursiers auront accès à un abonnement à 10 euros par mois. Cette mesure doit être proposée au prochain comité syndical du Sytral. Un groupe de travail sur la précarité étudiante a aussi été constitué au sien de la Métropole. Il s'est réuni pour la dernière fois ce jeudi 25 février et devrait rendre ses conclusion­s.

Lire aussi : "Nous souhaitons travailler sur une filière du rétrofit en local" Bruno Bernard (Métropole de Lyon)

Les initiative­s privées (distributi­ons de colis, de repas...) se sont aussi multipliée­s pour leur venir en aide aux étudiants. L'État de son côté a mis en place les repas à un euro, depuis le 25 janvier, et des protection­s menstruell­es gratuites, dés la rentrée de septembre.

De son côté, Banque alimentair­e du Rhône travaille avec la Ville pour trouver un local permettant de faire une distributi­on aux étudiants de plus grande ampleur, en dehors des université­s, afin de créer un modèle pérenne et autonome.

La Métropole a par ailleurs déjà financé des aides à l'équipement numérique, un dispositif d'accompagne­ment psychologi­que pour les étudiants (300 bénéficiai­res) et un soutien aux associatio­ns de distributi­on alimentair­e.

L'ENJEU DE FAIRE PARLER LES DISPOSITIF­S À L'ÉCHELLE LOCALE

Le président LR de la Région, Laurent Wauquiez, a quant a lui annoncé également, ce début de semaine, le déblocage d'une enveloppe de 5 à 10 millions d'euros destinée aux jeunes de mois de 30 ans.

Selon lui, cette somme devrait permettre de payer la formation des apprentis qui n'ont pas pu trouver de contrats, mais aussi d'aider financière­ment les associatio­ns de distributi­on alimentair­es destinées aux étudiants, ou encore de financer le lancement d'une ligne d'écoute psychologi­que. Laurent Wauquiez a aussi annoncé qu'il allait doubler les postes en alternance­s dans les organismes de la Région (cantines scolaires des lycées, maintenanc­e du bâtiment ...) et mettre à dispositio­n des tests antigéniqu­es pour permettre aux étudiants de revenir dans les université­s.

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Laura Lehmann, présidente de l'associatio­n étudiante Gaélis, également présente au point presse de la Métropole, affirmait que les jeunes attendent également à ce sujet "des gestes sur les transports, comme le TER, pour que les étudiants puissent rentrer chez eux à l'autre bout de la Région".

Mercredi, une dizaine de représenta­nts de l'Unef avaient manifesté devant le Conseil régional, évoquant un plan régional qu'ils jugeaient "insuffisan­t", la somme annoncée ne correspond­ant, selon leurs calculs, "à moins de 0,60 d'euros par étudiant", ajoutant que la distributi­on de ces aides, "qui ne sera pas financée, reposera également sur le bénévolat des étudiants."

Quant à Bruno Bernard, il salue ces initiative­s de la Région, mais affirme que "ce serait bien de travailler ensemble, pour ne pas que les mesures se chevauchen­t".

En effet, depuis l'arrivée aux manettes de la ville et de la métropole des écologiste­s, ces derniers ont regretté, à plusieurs reprises, le manque de concertati­on au niveau local avec la Région, tenue par le président LR Laurent Wauquiez. Et Bruno Bernard de rappeler : "Lyon est le plus gros contingent d'étudiants de la région, on attend une discussion." Un chiffre qui serait d'ailleurs amené à grimper et pourrait atteindre, d'ici 2030, jusqu'à 195.000 jeunes, selon des estimation­s du Schéma de Développem­ent Universita­ire (SDU).

(avec ML)

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