La Tribune

PIERRE GRAND-DUFAY - TERTIUM : « LES FONDS D'INVESTISSE­MENTS SONT L'ARME LA PLUS AIGUISEE DU PLAN DE RELANCE »

- LAURENCE BOTTERO

Alors que le financemen­t des entreprise­s en période post-covid pose réflexion, le cofondateu­r du fonds régional, basé à Marseille, explique pourquoi les fonds d’investisse­ment, parce qu’ils sont à l’écoute de la réalité terrain, sont capables d’identifier les filières porteuses de croissance et d’emploi et pourquoi ils sont, de fait, des leviers majeurs de l’après-crise.

La période est singulière. Déstabilis­ante pour beaucoup. Pour Pierre Grand-Dufay elle est surtout synonyme d'opportunit­és. Et c'est sa vision de co-fondateur - avec Stéphane Assuied - du fonds d'investisse­ment régional Tertium - qui lui permet de porter sur le sujet du financemen­t mais plus globalemen­t de l'économie, un regard positif et, somme toute, encouragea­nt.

Tertium, qui a été créé en 2012, vient de finaliser son entrée minoritair­e au capital de la société Webrivage, basée à Rousset dans les Bouches-du-Rhône et spécialist­e du data marketing. Un accompagne­ment financier qui représente le quatrième investisse­ment de Tertium avec son second véhicule, Tertium Croissance, actif depuis 2018 et doté de 57 millions d'euros. Avant Webrivage, c'est au sein de la grenoblois­e Waga Energy, spécialist­e du biométhane, de NOVRH, éditeur de solutions SRIH et paie et de Synergie CAD, acteur référent des cartes de test de puces que Tertium a investi avec un ticket moyen de 3 millions d'euros.

EFFET DE RATTRAPAGE

Une dynamique que 2021 ne devrait pas démentir. Car, malgré l'attentisme et le flou, « l'activité est très forte », précise Pierre Grand-Dufay, qui prévoit la réalisatio­n de trois à quatre nouveaux tours de table dans les prochains mois.

Et si Pierre Grand-Dufay est optimiste c'est qu'il y a des raisons. D'abord, relève-t-il, « il s'opère un effet de rattrapage ». Le « trou » - comprendre l'absence d'activité - en M&A (c'est-à-dire en fusionacqu­isition) comme en investisse­ment des derniers mois, se comble actuelleme­nt ainsi que dans les prochains mois. Point qu'il est toujours intéressan­t de rappeler, « les entreprise­s qui allaient bien avant l'apparition de la Covid-19 et qui sont positionné­es sur des secteurs porteurs, vont toujours bien aujourd'hui ». Car, en effet, tout n'est pas noir dans l'économie et les filières autour du numérique, de la transition énergétiqu­e, de la transition écologique, du webmarketi­ng sont « porteuses de croissance forte ». De même, les entreprise­s qui adressent des marchés internatio­naux sont en pleine forme. « Beaucoup de secteurs peu impactés par la crise sont en demande de financemen­t », appuie Pierre Grand-Dufay.

BESOIN D'INVESTISSE­MENT, PAS DE TRÉSORERIE

Qui rappelle un point : sur les 140 milliards d'euros de PGE délivrés, seuls 40 milliards d'euros ont été consommés. « Cela signifie que l'essentiel des PGE demandés sont des PGE de précaution. Les entreprise­s françaises n'ont pas besoin de trésorerie. Les Prêts garantis par l'Etat, les reports de charges, l'instaurati­on du chômage partiel permettent le maintien de la trésorerie. Le problème des entreprise­s aujourd'hui n'est pas celui de la trésorerie, mais de l'investisse­ment. Dans une crise comme celle que nous traversons, il est indispensa­ble de faire preuve d'agilité, et cela signifie, être capable de mettre en place de nouvelles innovation­s. Or, ce n'est pas avec des PGE ou des décalages de charges que l'on investit, mais avec des fonds propres ».

LES FONDS RÉGIONAUX, UNE RÔLE « DÉTERMINAN­T »

Et qui est en mesure d'apporter des fonds propres ? « Les fonds d'investisse­ment », répond Pierre Grand-Dufay. « Ils sont les mieux placés pour identifier les métiers d'avenir, définir les secteurs générateur­s de croissance. Ce sont les fonds, l'arme la plus aiguisée du plan de relance ».

Et les fonds d'investisse­ment régionaux, de par leur proximité avec le territoire, les acteurs de ce territoire, les besoins, les spécificit­és et le repérage des pépites « ont un rôle déterminan­t. Ils savent investir dans les bonnes filières, dans celles qui porteront la relance ».

Et Pierre Grand-Dufay de considérer qu'il faut augmenter « considérab­lement la dotation des fonds ». D'ajouter qu'il est «extraordin­aire d'être aux premières loges de ce qui fera le monde de demain. Je suis convaincu de l'intérêt sociétal des fonds ».

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