La Tribune

JEAN CASTEX A SIGNE LE PREMIER CONTRAT METROPOLIT­AIN DE RELANCE A NANTES

- FREDERIC THUAL

Le premier ministre Jean Castex a signé, à Nantes, le premier protocole du Contrat de Relance et de Transition Ecologique entre l’Etat et une métropole. Entre la constructi­on du futur CHU, les mobilités, les solidarité­s, les défis écologique­s ou la restaurati­on de la cathédrale, le chef du gouverneme­nt a sorti le carnet de chèques pour accompagne­r 1,5 milliard d’euros d’investisse­ments. Une mise en cohérence des politiques gouverneme­ntales et des actions territoria­les.

Huit mois après sa première visite à Nantes, au lendemain de sa prise de fonction et de l'incendie criminel de la cathédrale Saint-Pierre le 18 juillet dernier, le premier ministre Jean Castex était de retour dans la cité des ducs de Bretagne, vendredi 26 février, pour annoncer, cette fois, la signature du premier protocole du contrat métropolit­ain de relance et de transition écologique (CMRTE) signé entre l'Etat et une métropole. A l'occasion d'un déplacemen­t de huit heures où il a inauguré une station d'épuration des eaux usées destinée à produire du biogaz, Jean Castex est allé à la rencontre des soignants du CHU, a sillonné la ville, en bus, en navette fluviale et à pied jusqu'à la cathédrale, et a détaillé « un plan d'un milliard et demi d'euros d'investisse­ments, à parité, pour la relance sur le territoire métropolit­ain nantais ». Une action qui veut « illustrer la volonté politique et la méthode du gouverneme­nt», en quête de cohérence entre les démarches de l'Etat et les collectivi­tés infrarégio­nales.

Cet accord de relance, comme celui signé avec la région, à hauteur de 500 millions d'euros (1),

« doit permettre de faire face immédiatem­ent à la crise en ne retenant que des opérations prêtes à démarrer et donc à donner de l'activité et du travail dès 2021 et 2022 pour contrecarr­er les effets de la crise économique sociale.» Ce pacte devrait être formalisé d'ici l'été par un partenaria­t de long terme entre l'État et Nantes Métropole pour une durée de 6 ans (2020-2026). « Le protocole prévoit d'investir pour les 5 ans à venir dans les secteurs clés de la transition écologique, de la cohésion sociale et en faveur de l'emploi. D'ores et déjà, il prend acte d'un engagement financier près d'1,5 milliard pour 2020-2022 à parité entre l'État et la Métropole nantaise» précise Johanna Rolland, par ailleurs présidente de l'associatio­n France Urbaine. La veille Johanna Rolland avait d'ailleurs signé un accord-cadre national entre l'Etat et France Urbaine. « Ces contrats doivent être aussi le point de départ d'un nouveau rapport entre l'État et les grandes villes, métropoles ou les collectivi­tés locales en général», souhaite-t-elle. « C'est ce que fait très concrèteme­nt le gouverneme­nt en consacrant 10 milliards d'euros aux territoire­s urbains dont 6,5 dans le cadre de France relance »,a ajouté Jean Castex.

NANTES COMME MODÈLE...

Voulus pour accélérer la transition écologique, renforcer la cohésion sociale et territoria­le, et accroître la résilience et la souveraine­té économique, de nombreux soutiens en faveur de la métropole nantaise ont ainsi été annoncés par le premier Ministre. En premier lieu pour la cathédrale pour laquelle Jean Castex a annoncé « une enveloppe de 10 millions d'euros pour répondre à l'urgence, panser les plaies et préparer l'avenir ». Tout en louant le couple «mairepréfe­t » et rappelant la nécessité de faire face à la pandémie en prenant les mesures urgentes (solidarité envers les étudiants, soutien aux acteurs de la santé...) imposées par la crise sanitaire, Jean Castex a indiqué que l'Etat avait décidé d'allouer 175 millions supplément­aires pour la constructi­on d'un nouveau CHU sur l'île de Nantes et « ainsi sécuriser la réalisatio­n de cette opération majeure pour la métropole et l'ensemble du territoire régional ». La contributi­on de l'Etat atteint désormais 400 millions d'euros sur un projet dont le financemen­t est chiffré à 953 millions €. Un effort diversemen­t apprécié qui ne suffit pas à convaincre pas de toutes façons les détracteur­s de ce projet qui dénoncent, tout à tour, le lieu -l'île de Nantes- inopportun de ce transfert, un nombre de lits jugé insuffisan­t, sur lequel l'Etat doit se prononcer dans les prochains mois, ou un budget qualifié d'exorbitant.

« UN EFFORT INÉDIT »

Dans le cadre du projet de loi Climat et résilience où l'Etat a décidé de déployer 30 milliards d'euros, la métropole, au titre de la transition écologique et du développem­ent des mobilités, bénéficie d'un soutien de 135 millions € pour l'acquisitio­n de 49 rames de tramways, l'achat de quarante bus au GNV, dont 6,3 millions d'euros pour la création de pistes cyclables et la fluidifica­tion du périphériq­ues nantais. Plusieurs dizaines de millions d'euros seront également fléchés vers la rénovation énergétiqu­e des bâtiments privés et publics. « Parce que l'Etat doit donner l'exemple » a indiqué le premier ministre, «7 millions d'euros seront investis pour rénover 44 bâtiments publics, 5 millions d'euros au bénéfice de bâtiments des collectivi­tés territoria­les de l'aire métropolit­aines et 30 millions d'euros pour la rénovation thermique des établissem­ents d'enseigneme­nt supérieur. » « Un effort inédit » a commenté Jean Castex. C'est « la hotte du père Castex », a ironisé le quotidien régional Ouest-France. Après avoir décidé l'abandon du transfert de l'aéroport de Nantes Atlantique vers Notre Dame des Landes, le chef du gouverneme­nt a indiqué que l'Etat verserait six millions d'euros pour le fonds d'aides à l'insonorisa­tion des riverains de l'aéroport de Nantes Atlantique. Suffisant ? Le montant laisse pour le moins perplexe, Jean-Claude Lemasson, le maire de Saint-Aignan de Grandlieu, l'une des trois communes riveraines du site aéroportua­ire où 16000 habitants sont concernés. Sur les 1200 premiers dossiers d'indemnisat­ions déclarés, seul un quart aurait pour l'instant pu bénéficier de financemen­t. Les six millions d'euros veulent y remédier. L'élu s'attendait à dix...

ET LA SÉCURITÉ ?

« Ce sont de bonnes nouvelles et des avancées concrètes pour Nantes et la Métropole...», a pour sa part commenté Johanna Rolland, présidente de la métropole nantaise, sachant « qu'il reste cependant, des sujets sur la table dans notre rapport avec l'État», souligne-t-elle. Face aux enjeux de sécurité publique, la présidente de la métropole nantaise n'a pas manqué de rappeler à Jean Castex, comme elle l'avait fait lors de la venue du ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, le 11 février dernier, qu'elle attendait que l'État renforce ses effectifs de Police nationale à la même hauteur que les soixante-dix agents de la Police municipale recrutés par la Ville de Nantes au cours du mandat. Le sujet est sensible. Et l'opposition ne manque pas une occasion de dénoncer l'insécurité des nantais et l'inaction municipale alors que Nantes voit se multiplier les incivilité­s, les trafics et les coups de feu dans certains quartiers et villes périphériq­ues. La maire de Nantes a également réitéré ses demandes d'aides publiques concernant le soutien au fonctionne­ment du centre d'accueil (ouvert 24h/24 et 7J/7) pluridisci­plinaire récemment créé pour les femmes victimes de violences et leurs enfants. Un sujet sur lequel Jean Castex aurait promis qu'Élisabeth Moreno, ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes, à la Diversité et à l'Égalité des chances viendrait à Nantes courant mars avec un engagement précis. (1) Au titre du contrat de plan Etat-Région 2021-2027, 3,4 milliards d'euros seront mobilisés à parité par l'Etat et la Région sur la période 2021-2027, dont plus d'un milliard d'euros sont destinés à accompagne­r la relance à court terme. L'objectif de cet accord de relance 2020-2022 vise à l'accélérati­on et la réalisatio­n de grands projets structuran­ts et de soutenir les ligériens et les secteurs économique­s touchés par la crise.

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