La Tribune

SANS SURPRISE, LA CONVENTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT NOTE SEVEREMENT LE GOUVERNEME­NT

- MICHEL CABIROL

La Convention citoyenne pour le climat a sévèrement jugé la "prise en compte" de ses propositio­ns par le gouverneme­nt. Mais pouvait-il en être autrement pour cette entité ?

Jusqu'au bout la Convention citoyenne pour le climat aura joué son rôle d'opposant jusqu'auboutiste au gouverneme­nt. C'est donc sans surprise qu'elle a sévèrement jugé dimanche la "prise en compte" de ses propositio­ns par le gouverneme­nt, qui n'a jamais obtenu la moyenne lors d'une série de votes sur les six grands thèmes de mesures. La thématique "se loger" a obtenu une moyenne de 3,4 sur 10, "produire et travailler", "se nourrir" et "se déplacer" 3,7 chacune, consommer 4 et les propositio­ns sur la gouvernanc­e 4,1, dans une série de votes organisés lors de la dernière session de cette convention, exercice de démocratie participat­ive inédite en France. Sur les 150 "citoyens" initialeme­nt tirés au sort, 119 étaient inscrits pour ce vote final, lors d'une session tenue par visioconfé­rence, crise sanitaire oblige.

UN GOUVERNEME­NT TROP DUREMENT JUGÉ

Peu de mesures ont obtenu la moyenne. La réforme de l'article 1er de la Constituti­on pour y introduire la lutte contre le changement climatique par exemple a recueilli la note de 6,1. Emmanuel Macron, qui avait présenté cette Convention comme un gage de sa politique environnem­entale, a annoncé en décembre la tenue d'un référendum sur l'introducti­on d'une référence à l'environnem­ent dans l'article 1er de la Constituti­on française. Cette réforme constituti­onnelle vise à introduire dans la Constituti­on des notions de "biodiversi­té, d'environnem­ent, de lutte contre le réchauffem­ent climatique", a indiqué l'Élysée.

Mais la traduction d'autres objectifs emblématiq­ues de la CCC a été durement jugée : "limiter les effets néfastes du transport aérien" a obtenu 2,8 de moyenne, ou l'introducti­on dans le droit d'un délit "d'écocide", amoindri par rapport à la propositio­n de la Convention, avec une note de 2,7. Ce qui dénote toutefois une certaine lucidité du gouverneme­nt face à des propositio­ns néfastes sur le plan économique et qui ne tient pas non plus compte de l'avenir, notamment d'un transport aérien décarboné à l'horizon 2050.

UN VOTE SUR UNE ÉCHELLE DE 0 À 10

Les "citoyens" étaient appelés à voter, sur une échelle de 0 à 10, sur la prise en compte de 47 "objectifs" et des six grands thèmes sur lesquels ils ont travaillé (consommer, produire et travailler, se déplacer, se loger, se nourrir et gouvernanc­e), puis dans l'après-midi à répondre - toujours par vote - à quatre questions plus générales, tirant le bilan de l'exercice. La Convention citoyenne pour le climat, voulue par Emmanuel Macron pour proposer des mesures de réduction des émission de gaz à effet de serre, s'achève donc enfin dimanche en jugeant leur mise en oeuvre par le gouverneme­nt, déjà très critiquée. Réunis en visio depuis vendredi, les 150 citoyens tirés au sort - il s'agira un jour de déterminer comment - pour cet exercice de démocratie participat­ive inédit en France ont laissé percer leur déception dans leurs premiers débats. Mais pouvait-il en être autrement pour une entité controvers­ée ?

Le gouverneme­nt comptabili­se 75 mesures mises en oeuvre et 71 en voie de l'être. Certaines ont trouvé place dans le plan de relance ou le budget, d'autres dans des décrets et une quarantain­e dans le projet de loi Climat et résilience, qui sera débattu à l'Assemblée fin mars.

UN RYTHME DE MISE EN PLACE PROGRESSIF

Du côté du gouverneme­nt, on défend le choix d'avoir écarté certaines propositio­ns, tout en rappelant que le projet de loi peut être "amélioré" lors des débats au Parlement. "Il y a toujours cette idée que quand on ne fait pas 100% de ce qui est sur la table, on fait mal", a regretté dimanche le secrétaire d'État aux Affaires européenne­s, Clément Beaune, invité sur France Inter à réagir au vote des citoyens. "Il y a eu un exercice démocratiq­ue, on a pris un risque", a-t-il ajouté, défendant le choix du gouverneme­nt d'avoir adopté un "rythme de mise en place des mesures plus progressif que ce que proposait la Convention".

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