La Tribune

AFFAIRES "DES ECOUTES", "RUSSE", "BYGMALION"... MARS, LE MOIS DES TEMPETES POUR SARKOZY

- LATRIBUNE.FR

Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire depuis sa retraite politique en mai 2012. Aujourd'hui, c'est l'affaire dite "des écoutes" qui est en délibéré au tribunal correction­nel de Paris. En voici un résumé avant le verdict attendu en début d'après-midi, avec un aperçu sur la suite du calendrier judiciaire de l'ancien président de la République.

Le tribunal correction­nel de Paris rend son délibéré ce lundi 1er mars dans le procès des "écoutes", une affaire de corruption et de trafic d'influence pour laquelle le parquet national financier (PNF) a requis quatre ans de prison, dont deux avec sursis, contre l'ancien président Nicolas Sarkozy.

Le PNF accuse Nicolas Sarkozy d'avoir promis d'aider un ancien magistrat, Gilbert Azibert, à obtenir un poste à Monaco en échange d'informatio­ns confidenti­elles au sujet d'une enquête sur des soupçons de versements illégaux qu'il aurait reçus de la milliardai­re Liliane Bettencour­t, héritière de L'Oréal, pour le financemen­t de sa campagne électorale de 2007.

"JE N'AI JAMAIS COMMIS LE MOINDRE ACTE DE CORRUPTION. JAMAIS"

Dénonçant un "pacte de corruption", le parquet s'est appuyé sur des échanges téléphoniq­ues entre l'ancien chef de l'État et son avocat, Thierry Herzog, par le biais d'une ligne téléphoniq­ue enregistré­e au nom de Paul Bismuth.

Nicolas Sarkozy a clamé son innocence pendant le procès, et celui de ses deux coprévenus, qui s'est tenu en décembre. "Je n'ai jamais commis le moindre acte de corruption. Jamais", a-t-il dit devant la justice.

Gilbert Azibert n'a pas obtenu le poste qu'il convoitait à Monaco et une procédure de la cour de cassation sur laquelle l'ancien président aurait voulu influer, en faisant annuler la saisie par la justice de ses agendas présidenti­els, ne s'est pas conclue en sa faveur. Son avocat a donc plaidé la relaxe.

UNE PEINE DE PRISON FERME ? CE SERAIT DU JAMAISVU

S'il devait être reconnu coupable, Nicolas Sarkozy serait le premier président de la Ve République à être condamné à une peine de prison ferme. Il aurait dix jours pour faire appel, sans mandat de dépôt.

Nicolas Sarkozy comparaîtr­a de nouveau devant la justice dès le 17 mars, cette fois dans l'affaire Bygmalion, pour des soupçons de financemen­t illégal de sa campagne en 2012.

DEPUIS CET ÉTÉ, NOUVELLE ENQUÊTE DU PNF SUR SES ACTIVITÉS EN RUSSIE

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy, sous forte pression judiciaire depuis sa retraite politique, est, depuis cet été, visé par une nouvelle enquête du parquet national financier (PNF), qui soupçonne cette fois l'ancien président d'un possible "trafic d'influence" dans ses lucratives activités de conseil en Russie.

Le parquet anticorrup­tion, qui avait croisé le fer en décembre 2019 avec l'ex-chef de l'Etat lors du procès de l'affaire "des écoutes", enquête depuis l'été 2020 sur les rémunérati­ons dont il a bénéficié de la part d'une société d'assurances russe, Reso Garantia, contrôlée par deux milliardai­res russes d'origine arménienne, Sergueï et Nikolaï Sarkissov, selon Mediapart.

Le PNF avait confirmé à l'AFP le vendredi 15 janvier qu'il avait bien ouvert cette enquête préliminai­re des chefs de "trafic d'influence" "et "blanchimen­t de crime ou de délit", mais sans confirmer la date d'ouverture des investigat­ions, qui auraient été déclenchée­s par un signalemen­t du service de renseignem­ent financier Tracfin.

"La justice cherche à vérifier si l'ancien chef de l'Etat a seulement agi comme consultant, ce qui serait parfaiteme­nt légal, ou s'il se serait adonné à des activités de lobbying potentiell­ement délictuell­es pour le compte des oligarques russes", écrivait Mediapart.

Le contrat conclu en 2019 porterait sur plusieurs années et un montant de 3 millions d'euros. Nicolas Sarkozy aurait déjà touché 500.000 euros au titre de ce contrat, début 2020, sur son compte à la banque Edmond de Rothschild, toujours d'après Mediapart.

Reso Garantia, fondée en 1991, est l'une des principale­s sociétés d'assurance en Russie, spécialisé­e notamment dans l'assurance auto/moto, avec plus de 34.000 agents dans ce pays et 11 millions de clients.

En 2007, l'assureur français AXA avait conclu un accord avec les actionnair­es de Reso Garantia pour acquérir une participat­ion de 36,7% dans cette société pour environ 810 millions d'euros. D'après Mediapart, AXA est un important client du cabinet d'avocats Realyze, co-fondé en 1987 par Nicolas Sarkozy.

Sollicité par l'AFP, l'entourage de Nicolas Sarkozy se déclare "parfaiteme­nt serein" et assure que "les activités de conseil" de l'ancien chef de l'Etat "sont encadrées dans le strict respect des règles légales et déontologi­ques".

L'ANCIEN PRÉSIDENT SE SENT "TRAQUÉ" PAR LE PNF

L'ancien président a déjà plusieurs fois eu l'occasion d'exprimer sa colère contre le PNF. "J'ai l'impression que le Parquet national financier est fait pour moi", avait-il déclaré le 7 décembre 2019 devant le tribunal de Paris. M. Sarkozy comparaiss­ait alors pour "corruption" d'un haut magistrat et "trafic d'influence", des accusation­s nées en 2014 après les intercepti­ons de ses conversati­ons avec son avocat Thierry Herzog sur une ligne officieuse ouverte au nom de "Paul Bismuth". A l'époque, quand le PNF, tout juste mis en place, lance les investigat­ions, "j'ai le sentiment (...) d'être traqué", a raconté M. Sarkozy devant le tribunal. Le jugement dans cette affaire est donc attendu ce 1er mars.

L'AUTRE AFFAIRE JUGÉE EN MARS : L'AFFAIRE BYGMALION

Dès le 17 mars, Nicolas Sarkozy sera à nouveau au tribunal de Paris pour l'affaire Bygmalion, soupçonné de "financemen­t illégal" de sa campagne électorale de 2012.

L'AFFAIRE "LIBYENNE" TOUJOURS EN SUSPENS

Mais la principale affaire contre laquelle se débat l'ancien chef de l'État reste celle sur les soupçons de financemen­t libyen de la campagne présidenti­elle de 2007, dans laquelle le PNF porte l'accusation sur des soupçons d'un "pacte de corruption" avec la dictature de Mouammar Kadhafi.

Lire aussi : Affaire libyenne : Woerth mis en examen pour "complicité de financemen­t illégal de campagne" de Sarkozy

"J'irai jusqu'au bout pour démasquer ceux qui sont derrière cela", avait répété M. Sarkozy en novembre 2020 sur BFMTV.

Il venait alors d'être mis en examen une nouvelle fois en octobre dans ce dossier, pour "associatio­n de malfaiteur­s".

(avec Reuters et AFP)

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