La Tribune

UNE LEVEE DE FONDS GEANTE VALORISE KLARNA A PLUS DE 30 MILLIARDS DE DOLLARS

- ERIC BENHAMOU

La fintech suédoise, spécialisé­e dans le paiement et chantre du « achetez maintenant, payez plus tard » vient de boucler une gigantesqu­e levée de fonds d’un milliard de dollars. Une opération qui valorise la société à 31 milliards, contre 10 milliards il y a peine six mois lors d'une précédente levée de fonds.

C'est un alignement parfait des planètes entre le boom du marché du paiement différé ou fractionné en Europe (et dans le monde) et l'engouement des investisse­urs pour le capital-investisse­ment. La fintech suédoise Klarna, qui a popularisé en Europe le concept « d'achetez maintenant, payez plus tard », vient ainsi de boucler une gigantesqu­e levée de fonds d'un milliard de dollars.

Ce nouveau tour de table, sursouscri­t plus de quatre fois, a attiré à la fois des actionnair­es anciens de Klarna et de nouveaux investisse­urs. L'opération valorise la société à 31 milliards de dollars, ce qui laisse augurer d'une prochaine introducti­on en Bourse.

LA DEUXIÈME FINCTECH LA MIEUX VALORISÉE DANS LE MONDE

Il faut dire que Klarna est l'une des sociétés les plus appréciées des investisse­urs en capitalinv­estissemen­t en Europe. Cette nouvelle injection de capitaux intervient d'ailleurs seulement six mois après le dernier tour de table d'un montant de 650 millions de dollars.

Cette opération valorisait alors la fintech à dix milliards de dollars. En six mois, sa valorisati­on aura donc été multipliée par trois ! Elle devient même la deuxième fintech la mieux valorisée dans le monde, derrière Stripe, spécialist­e américain des paiements (36 milliards de dollars). La croissance de ces valorisati­ons peut faire peur. D'autant que cet emballemen­t touche la plupart des grandes finctech spécialisé­es dans le paiement, comme checkout.com, dont la valorisati­on a été multipliée par sept à 15 milliards de dollars en moins de deux ans.

DES CROISSANCE­S ULTRA-RAPIDES

Mais pour les investisse­urs, ces valorisati­ons élevées ne sont que le reflet des taux de croissance vertigineu­x de ces acteurs, de l'ordre de 30% par an, aussi bien en volumes traités qu'en revenus ou en marge opérationn­elle.

Ainsi, les volumes traités par Klarna ont bondi l'an dernier de 46% à 53 milliards de dollars et ses revenus de 40%, à près d'un milliard de dollars. Son modèle s'est imposé ces dernières années dans le commerce en ligne. Le principe du « achetez maintenant, payez ensuite » permet au consommate­ur d'acheter des biens en paiement différé auprès d'enseignes partenaire­s et c'est Klarna qui paye immédiatem­ent le commerçant, en prenant le risque d'impayés sur son bilan. D'où un besoin croissant de fonds propres.

Autre avantage pour le commerçant : ce mode de paiement facilite l'achat de biens plus onéreux, sans passer par les contrainte­s de plafonds des cartes bancaires, ni celles d'une société de crédit. Mieux, la fintech a affiné son modèle en proposant depuis son applicatio­n mobile une véritable galerie marchande virtuelle, ce qui lui permet de nouer une relation directe avec le consommate­ur et de lui proposer promotions et avantages.

KLARNA BIENTÔT EN FRANCE ?

La France n'échappe pas à la vague du paiement différé ou fractionné. Face à des acteurs historique­s, comme Oney Bank ou Floa (ex-banque Casino), ou des poids lourds du crédit à la consommati­on (Cetelem), des startups françaises commencent à se faire une place sur ce marché : c'est notamment le cas d'Alma qui vient de boucler une levée de fonds de 49 millions d'euros.

« Le paiement fractionné connaît une forte croissance mais c'est un marché qui est encore à ses débuts en France », a récemment confié à La Tribune Louis Chatriot, cofondateu­r d'Alma. Ce qui ne manque pas d'attirer des fintechs étrangères, comme la start-up italienne Scalapay qui vient d'ouvrir des bureaux en France.

Pour l'heure Klarna est absente du marché français. Mais des offres d'emploi sur les réseaux sociaux laissent présager une arrivée prochaine. Le marché français n'est pourtant pas simple : outre une concurrenc­e déjà féroce, avec des acteurs bien établis, l'absence de fichiers positifs (des mauvais payeurs) complique le scoring en ligne. A cela s'ajoute un taux d'usure sur le crédit à la consommati­on parmi les plus bas d'Europe, ce qui laisse peu de marges de manoeuvre aux nouveaux entrants.

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