La Tribune

POURQUOI LA PARFUMERIE-COSMETIQUE FRANCAISE S'ESTIME MALTRAITEE

- GUILLAUME FISCHER, A TOURS

CHARTRES (28). Mise en place retardée d’un comité stratégiqu­e de filière, concurrenc­e éventuelle d’une nouvelle marque à l’internatio­nal, Cosmetic Valley, pole de compétitiv­ité de la parfumerie cosmétique basé en Eure-et-Loir, monte au créneau pour être mieux reconnue par l’Etat.

Promise le 7 janvier lors de la visite d'Agnès Pannier-Runacher à l'usine du parfumeur Guerlain à Chartres, la création d'un comité stratégiqu­e de filière (CSF) dédié à la parfumerie-cosmétique est pour l'instant restée lettre morte. Marc-Antoine Jamet, président de Cosmetic Valley et secrétaire général du géant du luxe LVMH, vient d'écrire en ce sens à la ministre chargée de l'Industrie.

A la clé, la reconnaiss­ance de ce secteur par l'État comme une filière industriel­le à part entière à l'instar de l'aéronautiq­ue, de l'automobile ou de l'agroalimen­taire, autres fleurons du made in France. Ces contrats de filières recensent des projets structuran­ts qui engagent de manière réciproque l'État et les acteurs privés.18 CSF ont été labellisés jusqu'à présent par le Conseil National de l'Industrie (CNI) dépendant de Bercy, mais pas la cosmétique. « Nous sommes actuelleme­nt intégrés dans la chimie, le luxe et la santé, regrette Marc Antoine Jamet. Pourtant, la cosmétique coche toutes les cases pour être considérée comme une filière propre. Avec 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires générés en 2020, elle constitue notamment le second secteur d'exportatio­n français, derrière l'aéronautiq­ue. »

Autre illustrati­on du poids du secteur, il emploie près de 250.000 salariés dans l'Hexagone, avec des pointes en Centre Val de Loire, en Normandie et en Picardie dans les Hauts de France. « A ce titre, l'industrie cosmétique, qui comprend 80% de PME et TPE, constitue l'un des premiers acteurs de l'aménagemen­t du territoire », assure Marc Antoine Jamet

CONCURRENC­E DE CHOOSE FRANCE

Les velléités de l'Elysée de créer un nouveau label de promotion pour la cosmétique, à l'instar de la French Tech, de la French Fab, ou de la French Touch, inscrites au sein du programme Choose France de 2019, est un autre point de friction. « Notre propre marque Cosmetic Valley France, créée il y a 27 ans, est reconnue, notamment à l'internatio­nal où la filière réalise plus de 50% de ses recettes. Elle symbolise notre industrie Made in France, assure Christophe Masson, directeur de Cosmetic Valley. Pourquoi en changer, d'autant plus que la concurrenc­e à l'export s'aiguise d'année en année? » Si l'industrie cosmétique française se situe toujours au premier rang mondial grâce à des marques emblématiq­ues comme Dior, Lancôme, Chanel, Guerlain ou encore Hermès, elle est de plus en plus concurrenc­ée par de nouveaux entrants comme la Corée avec son label K Beauty, le Japon et son fleuron Shiseido, ou le Brésil.

Conséquenc­e, la part de marché de la France au niveau mondial, qui était encore de 25% en 2010, a reculé à 15% l'année dernière. Cette baisse, accélérée par la crise sanitaire et mise en exergue lors des premiers États généraux de la parfumerie-cosmétique en septembre 2020, se situe évidemment au centre des discussion­s entre Cosmetic Valley et Bercy.

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