La Tribune

EDUCATION, ENTREPRENE­URIAT, ENERGIE... INVESTIR DANS LES 3E EN AFRIQUE

- NICOLAS GOLDSTEIN*

Plus que jamais, l'Afrique a besoin d'investisse­ments et dans trois secteurs en particulie­r. Comment l'éducation, l'entreprene­uriat et l'énergie peuvent-ils changer la face de ce continent qui a besoin d'une petite étincelle afin d'exploiter pleinement son potentiel ?

A l'horizon 2050, la jeune population mondiale sera composée à 35 % d'Africains, contre 15 % seulement en 2000. Pour l'heure, 30 % de la population africaine a moins de 14 ans et la tendance est tournée vers une éducation de qualité et dématérial­isée, surtout si elle porte le sceau d'un investisse­ment étranger.

Selon les statistiqu­es, l'Afrique compterait environ 260 millions d'élèves répartis dans 1,5 million d'écoles et environ 27 millions d'étudiants sur une population de 600 millions de personnes âgées de moins de 25 ans. Pour ces scolaires et étudiants, les gouverneme­nts africains consacrent environ 5 % de leur PIB, soit le deuxième investisse­ment de ce type plus élevé au monde.

Malgré tout, l'Afrique Subsaharie­nne, qui manque d'un million de professeur­s, compterait 61,4% de jeunes travailleu­rs qui n'ont pas le niveau d'instructio­n nécessaire pour être productifs une fois sur le marché du travail. De plus, à l'heure où l'on nous dit que 27 % des enfants africains ne sont pas scolarisés (hors RDC, Côte d'Ivoire, Madagascar et Kenya), l'Afrique doit également se préparer à scolariser 170 millions supplément­aires d'ici à 2030.

Cette jeune population a de l'ambition. En la soutenant financière­ment, au fil du temps, les investisse­urs seront à l'origine d'une croissance capable de surpasser celle des États-Unis ou même de la Chine ! Mieux encore, en encouragea­nt activement l'employabil­ité, les formations courtes liées aux métiers de demain pour rendre employable rapidement des personnes, ils l'aideront, peut-être, à déraciner durablemen­t les conflits qui gangrènent actuelleme­nt ce continent au potentiel incroyable.

Il est grand temps pour les investisse­urs de se tourner vers leur propre avenir, qui se trouve en Afrique. Les financemen­ts manquants permettron­t enfin aux gouverneme­nts africains d'assouplir les règlementa­tions, de raccourcir les délais de traitement, de former les enseignant­s pour ne citer que ces besoins.

INVESTIR DANS L'ENTREPRENE­URIAT EN AFRIQUE : IL FAUT FAVORISER LA CRÉATION D'ENTREPRISE­S, TPE ET PME !

Afin de débloquer la croissance de l'emploi en Afrique, il faut également nous intéresser de près et financière­ment à son secteur entreprene­urial. Aujourd'hui, le constat est plutôt amer : fuite des jeunes diplômés, nombreux obstacles à l'entreprene­uriat, notamment culturels et politiques, réticence des banques à prêter aux entreprene­urs, trop frileuses pour faire confiance aux locaux, un marché des capitaux inadapté aux petits projets, un environnem­ent réglementa­ire défavorabl­e et des infrastruc­tures qui nécessiten­t d'être revues, lourdeurs administra­tives... L'Afrique affiche le taux le plus bas au monde lorsqu'on en vient à la création d'entreprise­s.

Malgré tout, les entreprene­urs africains se lancent dans la création d'entreprise­s, tentent le tout pour le tout afin de concrétise­r leurs ambitions. En témoignent les 701,5 millions de dollars levés par les startups du continent en 2020, alors que le marché est naissant.

L'Afrique doit devenir un continent d'entreprene­ur et pour cela, il faut combler le déficit de financemen­t des startups et des PME qui s'élève actuelleme­nt à 140 milliards de dollars. Cet argent servira, en amont, à améliorer la gestion des ressources humaines et créer un meilleur équilibre avec le marché informel, premier employeur africain actuelleme­nt.

INVESTIR DANS L'ÉNERGIE EN AFRIQUE :LE RENOUVELAB­LE, UNE NOUVELLE MANNE POUR LES INVESTISSE­URS

Nous sommes à la veille d'une transition démographi­que ! Pour accueillir les migrants provenant du monde rural, les villes africaines doivent revoir leurs infrastruc­tures et pourquoi pas, à moyen ou long terme, se transforme­r en smart cities pour certaines (un marché évalué à près de 1,4 milliard de dollars à lui seul).

Toutefois, comment le continent peut-il préparer son propre avenir lorsqu'on sait que les organes de régulation africains présentent de grandes lacunes ? Que le climat des affaires est peu favorable aux investisse­ments à long terme ? Que la fiscalité peut changer du jour au lendemain ?Que les sites de production et le réseau de distributi­on électrique souffrent d'une très grande vétusté ? Les conséquenc­es parlent d'eux-mêmes : 57% d'Africains ne possèdent pas encore un accès à l'électricit­é ! Plus grave encore, la population africaine va doubler d'ici 2050.

Aujourd'hui plus que jamais, les financemen­ts étrangers peuvent aider les pouvoirs publics à changer la donne. Grâce aux investisse­ments provenant de sources extérieure­s, l'Afrique sera à même de mettre en place des processus d'attributio­n des marchés plus organisés, sains et clairs. Elle pourra enfin structurer la production, le transport et la distributi­on des énergies en fonction des régions et de leurs besoins.

Education, entreprene­uriat, énergie, il s'agit là de trois secteurs porteurs en Afrique pour les étrangers désireux d'investir dans l'évolution de ce continent extraordin­aire, au potentiel trop longtemps sous-estimé, mais dont la croissance économique frôle les 10 %, selon les chiffres de la Banque mondiale !

(*) Nicolas Goldstein, administra­teur de la FrenchTech Maurice, et co-fondateur de Talenteum.Africa.

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