La Tribune

LUOS CHOISIT L'OPEN SOURCE POUR COMMERCIAL­ISER SON ARCHITECTU­RE DE SYSTEMES EMBARQUES

- PIERRE CHEMINADE

La startup bordelaise fait le choix de l'open source pour déployer sur le marché sa solution de développem­ent modulaire de systèmes électroniq­ues embarqués. Une stratégie élaborée avec ses investisse­urs qui apportent 1,2 millions d'euros à Luos pour lui permettre de gagner rapidement en notoriété et de viser la rentabilit­é dès 2022. Dix recrutemen­ts sont en cours à Bordeaux.

Dans nos voitures et nos avions, dans nos vélos et trottinett­es électrique­s, dans notre petit et gros électromén­ager, dans nos multiples objets connectés... L'électroniq­ue embarquée est présent partout ou presque dans les objets et engins qui nous entourent au quotidien. Et ce sont les développeu­rs de ces systèmes électroniq­ues embarqués, ceux-là même qui mettent au point l'interface entre la partie mécanique et la partie logicielle, qui sont le coeur de cible de la solution de développem­ent modulaire proposée par la startup bordelaise Luos. Créée en juillet 2018 et accompagné­e par Unitec, l'équipe de huit collaborat­eurs est installée chez Héméra, à Bordeaux Ravezies, avant de possibleme­nt rejoindre l'incubateur Technowest à la suite de l'appel à projets sur l'aéronautiq­ue.

"La plupart de nos clients viennent nous voir parce qu'ils ont des problèmes de développem­ent liés à leur moteur. La technologi­e de Luos est d'autant plus pertinente quand un appareil ou un véhicule embarque plusieurs cartes électroniq­ues qui doivent fonctionne­r et communique­r ensemble. C'est pour cela que notre cible prioritair­e ce sont les acteurs de la robotique, des nouvelle mobilités électrique­s et de l'électromén­ager", souligne Nicolas Rabault, le CEO de Luos et cofondateu­r avec Emanuel Allely et Simon Baudry.

"Au départ nous étions sur une solution 100% payante puis sur une licence hybride avant de faire de choix d'un modèle open core, c'est à dire d'une solution entièremen­t gratuite et en open source", rembobine le dirigeant qui indique avoir pris cette décision en concertati­on étroite avec ses investisse­urs Aquiti Gestion, Skalepark, Foreis, Bpifrance, Région Nouvelle-Aquitaine, Airbus Développem­ent et Michelin Développem­ent. Car l'objectif de la levée de fonds de 1,2 million d'euros qui vient d'être bouclée est bien de gagner rapidement en notoriété et d'évangélise­r le marché pour trouver un maximum d'utilisateu­rs et donc de clients potentiels. "Notre défi c'est de sensibilis­er les développeu­rs à cette nouvelle approche de micro-services. L'open source leur permet de tester notre technologi­e et de se faire un avis en quelques minutes seulement. C'est un critère essentiel pour la diffusion et l'adoption de notre offre", assure Nicolas Rabault.

L'autre avantage de l'open source c'est l'autonomie des clients et les apports de la communauté. "Notre solution appartient désormais en partie à la communauté d'utilisateu­rs. C'est une grande sécurité pour les clients puisqu'ils sont certains que la solution perdurera quoi qu'il arrive à Luos et qu'ils peuvent eux-mêmes améliorer l'outil, corriger des bugs et développer de nouvelles fonctions. Mais ce n'est pas non plus notre priorité : si 1 % des utilisateu­rs sont contribute­urs ce sera déjà énorme", souligne le dirigeant de la startup.

1,5 MILLION D'EUROS DE CHIFFRE D'AFFAIRES EN 2022

D'ici fin 2022, Luos vise 2.500 utilisateu­rs dont 10 % qui opteraient pour des fonctions payantes. Ce qui permettrai­t de viser 1,5 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année prochaine et d'atteindre l'équilibre de rentabilit­é à cet horizon. Les recettes de Luos proviendro­nt de la facturatio­n de services connexes, de fonctions supports de formation et d'accompagne­ment, d'options spécifique­s, de logiciels additionne­ls de diagnostic et de debug ainsi que du déploiemen­t à venir d'une surcouche logicielle dédiée à la sécurité.

L'augmentati­on de capital permettra de recruter dix personnes sur des postes de développem­ent, de marketing et de prospectio­n commercial­e, notamment pour accélérer sur les marchés américain, japonais et sud-coréen, jugés plus ouverts aux nouveaux usages promus pas Luos.

DES PERSPECTIV­ES DANS L'AÉRONAUTIQ­UE ET L'AUTOMOBILE

Et la présence, parmi les investisse­urs dans Luos, d'Airbus Développem­ent et Michelin Développem­ent ne doit rien au hasard. La startup bordelaise suscite en effet le vif intérêt des acteurs de l'aéronautiq­ue et de l'automobile même s'il s'agit des perspectiv­es de long terme comme l'explique Nicolas Rabault : "Nous sommes beaucoup approchés par des entreprise­s de l'aéronautiq­ue, du spatial et de l'automobile mais il y a des normes et certificat­ions très difficiles d'accès pour répondre à ces marchés et davantage de concurrenc­e. On se positionne donc aujourd'hui sur du co-développem­ent avec ces acteurs dans l'objectif d'être sur ce marché d'ici cinq à dix ans, le temps d'être normalisé."

Lire aussi : Aéronautiq­ue : qui a eu de l'écho sur le web en Nouvelle-Aquitaine en 2020 ?

"Nous sommes très fiers de soutenir cette startup deeptech qui a tous les atouts pour devenir un standard de l'électroniq­ue embarquée", salue de son côté Camille Le Roux Larsabal, directrice de participat­ions chez Aquiti Gestion. Luos compte parmi ses clients l'entreprise parisienne Eat Cala et les startups bordelaise­s 3ditex et Nimbl'bot, engagées dans une colocation originale à SaintMédar­d-en-Jalles, ainsi que des partenaria­ts avec la SNCF et le Crédit Agricole.

Lire aussi : "L'année 2020 a révélé toute la pertinence des startups issues de la deeptech"

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France