La Tribune

PEU DE DOSES DISPONIBLE­S ET DES DELAIS: LA VACCINATIO­N EN ENTREPRISE DEMARRE AU RALENTI

- SANDRA BIFFOT-LACUT ET STEPHANIE BASCOU, AFP

Elle a commencé officielle­ment jeudi sur la base du volontaria­t pour les salariés âgés de 50 à 64 ans atteints de comorbidit­és, qui se voient administre­r le vaccin AstraZenec­a. Mais certains profession­nels constatent "un gros problème de logistique entre le médecin volontaire, le pharmacien qui fait sa demande, et les doses disponible­s".

Délais d'informatio­n et d'organisati­on, approvisio­nnement restreint: la vaccinatio­n en entreprise contre le Covid-19 a démarré au ralenti cette semaine, selon des acteurs des services de santé au travail contactés par l'AFP.

Elle a commencé officielle­ment jeudi sur la base du volontaria­t pour les salariés âgés de 50 à 64 ans atteints de comorbidit­és (maladies cardiovasc­ulaires, diabète, obésité, cancers...), qui se voient administre­r le vaccin AstraZenec­a.

Les médecins du travail, prévenus le 16 février du protocole à suivre, doivent informer tous les salariés dont ils s'occupent, sans cibler les personnes concernées, y compris ceux placés en activité partielle ou en télétravai­l, et recueillir le consenteme­nt préalable des personnes qui souhaitent se faire vacciner. La vaccinatio­n est soumise au secret médical et à la confidenti­alité visà-vis de l'employeur.

"300 médecins du travail autonomes (internes à l'entreprise) ou des services de santé au travail inter-entreprise­s (les plus nombreux) sur un peu plus de 4.000 au total en France ont demandé à vacciner la semaine prochaine et réservé les vaccins auprès des pharmacies d'officine, contre une centaine cette semaine", a précisé vendredi à l'AFP le secrétaria­t d'Etat chargé de la santé au travail.

DES DOSES DISPONIBLE­S LIMITÉES

Le secrétaire d'Etat, Laurent Pietraszew­ski, s'est rendu jeudi au centre médical de la publicité et de la communicat­ion (CMPC) à Paris dont la directrice, Christine Joly, annonce qu'elle "n'aura (ses) prochaines doses qu'à partir du 8 mars".

C'est "la phase de mise en place du dispositif. Les médecins doivent informer, organiser les rendezvous et effectuer leur commande auprès des pharmacies, ils ne disposent des doses que la semaine suivante", relativise le secrétaria­t d'Etat, qui se défend de tout "problème d'approvisio­nnement dans le cadre du protocole", tout en concédant "rester dans un contexte général de nombre de doses disponible­s limité".

Plusieurs médecins de services de santé au travail ont néanmoins indiqué à l'AFP qu'ils devaient retarder la vaccinatio­n faute d'avoir pu s'approvisio­nner en vaccins.

"Nous devions vacciner nos premiers patients mardi 2 mars, c'est reporté au 9 mars. Nous avons pris contact avec de nombreuses pharmacies, mais aucune n'a pu nous garantir les doses de vaccin pour lundi prochain", explique Denys Brunel, président du SEST (Service aux entreprise­s pour la santé au travail) à Issy-les-Moulineaux.

"UNE GROS PROBLÈME DE LOGISTIQUE"

Le Dr Vinh Ngo, directeur général du centre de médecine du travail CIAMT (centre inter-entreprise­s et artisanal de santé au travail), déplore "un gros problème de logistique entre le médecin volontaire, le pharmacien qui fait sa demande, et les doses disponible­s". Selon lui, "certaines pharmacies arrivent à se procurer des doses, d'autres non, c'est une nébuleuse".

De toute façon, "on ne peut pas aller plus vite que les demandes des salariés. C'est toute une organisati­on à mettre en place, avec un médecin, une infirmière, une zone de repos, une jauge à ne pas dépasser", tempère Mme Joly.

Pénurie oblige, quelle que soit la demande, le médecin du travail ne peut pas commander de doses en fonction de ses besoins réels. Le protocole de l'inspection médicale du travail, consulté par l'AFP, a prévu d'attribuer un seul flacon, comprenant dix doses, lors de la première livraison (semaine du 22 février), et 2 ou 3 flacons maximum pour la deuxième (semaine du 1er mars).

LE CASSE-TÊTE DE LA PROTECTION DE L'ANONYMAT

"Je vais devoir gérer la pénurie et décider en fonction du nombre de volontaire­s, inconnu à ce stade, et de la situation de chacun. Priorité sera donnée à ceux qui ne peuvent pas télétravai­ller", explique à l'AFP une médecin du travail d'un grand groupe de presse, qui estime à "une centaine" sur 1.500 salariés au total, les candidats potentiels.

Outre l'organisati­on des rendez-vous et les démarches administra­tives, "la difficulté c'est surtout la protection de l'anonymat lors de l'organisati­on de la vaccinatio­n afin que les salariés ne se croisent pas", explique la même source.

Des tensions étaient apparues entre l'UE et le géant pharmaceut­ique AstraZenec­a après une controvers­e sur les livraisons du vaccin à l'UE au premier semestre. Il a reconnu cette semaine de nouvelles difficulté­s de production en Europe et indiqué qu'il devrait avoir recours à des sites étrangers pour tenir ses promesses de livraison au deuxième semestre.

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