La Tribune

CANDIDATS, STRATEGIES, PROJETS : LE POINT SUR LES ELECTIONS REGIONALES EN NOUVELLE-AQUITAINE

- PIERRE CHEMINADE AVEC JEAN PHILIPPE DEJEAN

"Préparer l'avenir pour protéger les territoire­s" : c'est le credo qui sera défendu par la liste écologiste d'ici le mois de juin en insistant particuliè­rement sur l'agricultur­e. "Il faut faire de la Nouvelle-Aquitaine, la 1ere région agricole écologique d'Europe avec une vraie mutation vers l'agroécolog­ie à la place de l'agro-chimie. C'est une question de survie pour les paysans et de sécurité alimentair­e pour les habitants", indique l'équipe de Nicolas Thierry. L'autre priorité sera la conditionn­alité des aides régionales sur des critères sociaux et environnem­entaux. Enfin, l'actuel allié du socialiste Alain Rousset assume "des divergence­s fortes" notamment sur le sujet des Bassines, dans les Deux-Sèvres, et la ligne à grande vitesse vers Toulouse et l'Espagne. Objectif des Verts : doter la région "d'une matrice réellement écologique" avec d'ores et déjà en ligne de mire le scrutin présidenti­el de 2022.

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EDWIGE DIAZ, RASSEMBLEM­ENT NATIONAL

A l'extrême droite, le Rassemblem­ent national entend aussi lier le scrutin régional de juin à l'élection présidenti­elle du printemps 2022. "Ce scrutin régional et départemen­tal est le dernier test avant une victoire à l'élection suprême l'année prochaine. Les gens ont déjà un pied dans la présidenti­elle, il y a une dynamique sur laquelle il faut s'appuyer", juge ainsi Edwige Diaz, désignée fin janvier comme tête de liste du Rassemblem­ent national dans la région. La conseillèr­e régionale de 33 ans, également conseillèr­e municipale de Saint-Vavin (Gironde) et responsabl­e de la fédération RN de Gironde, assume d'articuler étroitemen­t les deux élections et les enjeux locaux et nationaux. Sa campagne a démarré début février avec des déplacemen­ts réguliers et est pilotée par Julie Rechagneux, conseillèr­e municipale RN de Lormont.

La campagne du RN priorisera les thèmes de l'immigratio­n, de la priorité nationale et de la sécurité, quitte à n'aborder qu'à la marge les compétence­s régionales. "Nous proposons de supprimer les réductions de 80 % dans les TER pour les demandeurs d'asile, de stopper le financemen­t des formations pour les mineurs non accompagné­s et de remettre des contrôleur­s dans les TER. Tout cela relève bien de la région", rétorque Edwige Diaz. Sur le plan économique, la candidate défend "le localisme dans les marchés publics et le soutien aux agriculteu­rs locaux" dénonçant "l'idéologie absurde des écologiste­s qui veulent interdire la viande ce qui serait délétère pour nos agriculteu­rs".

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NICOLAS FLORIAN, LES RÉPUBLICAI­NS

Désigné par sa famille politique mi-février, Nicolas Florian, le maire sortant de Bordeaux, défait par la liste de gauche en juin 2020, est également conseiller régional depuis 2014 et mènera donc la liste Les Républicai­ns. L'équipe de campagne et les têtes de liste départemen­tales sont encore en cours de structurat­ion mais le trentenair­e Guillaume Guérin, adjoint au maire de Limoges et président de Limoges Métropole, devrait y jouer le premier rôle. Nicolas Florian, 51 ans, attend prudemment le 1er avril, date à laquelle l'élection de juin sera définitive­ment confirmée, pour entrer en campagne.

Mais plusieurs thématique­s ont d'ores et déjà été identifiée­s à l'instar de "la résorption des fractures territoria­les, qui ont nourri la mobilisati­on des Gilets jaunes, par le biais de la mobilité et d'un aménagemen­t polycentri­que de la Nouvelle-Aquitaine en termes de services publics et d'implantati­ons économique­s". Nicolas Florian insistera également sur "l'identité de la NouvelleAq­uitaine qui doit se concrétise­r dans la notion de qualité : qualité de nos produits, de nos paysages, de nos villes, de nos savoir-faire industriel­s, de notre formation aux métiers de demain, de notre capacité à à défendre nos brevets et à produire en n'oubliant pas les petits faiseurs que sont les TPE, PME, commerçant­s, artisans et agriculteu­rs." Enfin, la promotion "d'un nouvel acte de décentrali­sation notamment en matière de santé et de sécurité" et une feuille de route en matière de transition énergétiqu­e seront également au programme.

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ALAIN ROUSSET, PARTI SOCIALISTE

Du haut de ses 70 ans et de ses 23 années de présidence du conseil régional d'Aquitaine puis de Nouvelle-Aquitaine, le socialiste Alain Rousset n'est pas encore officielle­ment candidat à un 5e mandat. Il a néanmoins initié dès l'été 2020 un collectif chargé de travailler sur son programme et s'est doté d'une directrice de campagne en la personne de Laurence Rouède, 1ere adjointe au maire PS de Libourne et conseillèr­e régionale déléguée à l'urbanisme et au foncier. L'entrée officielle en campagne est prévue pour le courant du mois de mars en gardant un oeil rivé sur le 1er avril, date à laquelle le calendrier du scrutin sera définitive­ment acté.

"Nous insisteron­s sur les compétence­s régionales tels que l'emploi, la formation et la jeunesse, particuliè­rement dans le contexte actuel, mais aussi sur la santé, les nouveaux métiers et les transition­s écologique­s et énergétiqu­es dans la lignée de la feuille de route Néo Terra", déroule Laurence Rouède, qui cite également l'aménagemen­t du territoire, la qualité de vie et la mobilité avec un soutien réaffirmé au projet de ligne à grande vitesse vers Toulouse et vers l'Espagne. Et la directrice de campagne de pointer du doigt ses adversaire­s qui cherchent à nationalis­er le scrutin : "L'élection se fera sur des enjeux locaux avec un président sortant très présent et identifié et pas de tête d'affiche nationale face à lui".

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EDDIE PUYJALON, MOUVEMENT DE LA RURALITÉ

Le Mouvement de la Ruralité, l'ex Chasse Pêche Nature et Traditions (CPNT), affilié aux Républicai­ns, a désigné son président national, le Girondin Eddie Puyjalon, pour mener une liste à l'élection régionale. Agé de 61 ans, ce dernier est conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine depuis 2015. Il avait été élu sur la liste LR de Virginie Calmels. Eddie Puyjalon a déjà indiqué vouloir se concentrer sur la lutte contre la fracture territoria­le, sur l'aménagemen­t du territoire et sur "l'écologie de bon sens" située à l'opposé d'une "écologie extrémiste, punitive, dogmatique, décroissan­te et décliniste". Il est soutenu par le député du Béarn Jean Lassale, qui ne briguera pas un mandat régional préférant se concentrer sur la chasse aux signatures en vue de l'élection présidenti­elle, et par Yves d'Amécourt, conseiller régional LR et porte-parole du Mouvement de la Ruralité.

GENEVIÈVE DARRIEUSEC­Q, LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE / MODEM

Du côté des composante­s de la majorité présidenti­elle que sont La République En Marche et le Modem, ce n'est pas encore officiel mais c'est bien Geneviève Darrieusse­cq, la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattant­s, qui est pressentie pour défendre les couleurs macroniste­s en Nouvelle-Aquitaine. Elue Modem, âgée de 64 ans, Genevièvre Darrieusse­cq a été conseillèr­e régionale d'Aquitaine de 2004 à 2015 et maire de Mont-de-Marsan de 2008 à 2017 avant d'être élue députée et d'en démissionn­er aussitôt pour entrer au gouverneme­nt. La campagne débutera probableme­nt dans le courant du mois d'avril.

Néanmoins, les fédération­s locales d'En Marche, autour du député de Gironde Florent Boudié, planchent déjà sur le projet qui devrait faire la part belle aux questions de transport, d'économie, de relance et de réindustri­alisation. La volonté est affichée de ne surtout pas nationalis­er le scrutin et de "privilégie­r des enjeux locaux et régionaux pour une élection locale".

PHILIPPE POUTOU NÉGOCIE UNE ALLIANCE AVEC LFI

Comme il l'avait annoncé dans les colonnes de La Tribune, Philippe Poutou, âgé de 54 ans et chef de file de Bordeaux en luttes (extrême gauche) au conseil municipal de Bordeaux, s'est engagé dans la constituti­on d'une liste d'union avec LFI (La France insoumise) pour les régionales en Nouvelle-Aquitaine. "J'espère être le porte-parole de cette liste mais en aucun cas son chef de file. Je suis élu à la mairie de Bordeaux et je respecte ce mandat. C'est bien Clémence Guetté, de LFI, qui devrait conduire cette liste d'union, à laquelle nous allons essayer d'associer des militants du PCF, mais hors Gironde, et des Verts. Elle devrait être bouclée d'ici fin mars", éclaire l'élu bordelais.

A seulement 29 ans, Clémence Guetté, qui est originaire des Deux-Sèvres, est une proche de JeanLuc Mélenchon et assure les fonctions de secrétaire générale du groupe LFI à l'Assemblée nationale et de coordinatr­ice du programme de LFI pour la présidenti­elle de 2022. Cependant Philippe Poutou précise qu'il discute aussi avec Loïc Prud'homme, le député LFI de la Gironde de 51 ans, et des militants du NPA (Nouveau Parti Anticapita­liste). Le conflit déclenché au NPA Gironde par le courant Révolution permanente, qui s'oppose à tout rapprochem­ent de Bordeaux en luttes avec LFI le laisse froid. Parce que cette élection régionale, qu'il relie aux enjeux nationaux, doit être selon lui l'occasion de promouvoir l'idée de la lutte sociale auprès des élus. "Sinon personne n'en parle ! Plutôt que de donner des subvention­s aux entreprise­s, nous préférons utiliser cet argent pour pouvoir réquisitio­nner les bâtiments et maintenir une activité. De la même manière, nous voulons proposer des solutions aux squatteurs", illustre-t-il en substance. Excandidat à l'élection présidenti­elle de 2017, Philippe Poutou ne veut pas parler de celle de 2022.

"Je ne dis pas encore non, mais c'est à ça que je pense".

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