La Tribune

IMMOBILIER : LE PREMIER ILOT "BAS CARBONE" DE LYON OPTE POUR UNE TOUR EN BOIS

- MARIE LYAN

C’est un symbole à la fois pour la nouvelle municipali­té écologiste, mais également pour le milieu du bâtiment, actuelleme­nt en pleine discussion concernant la nouvelle réglementa­tion du bâtiment RE2020. A Lyon, le quartier de la Confluence accueiller­a bientôt d’une des plus hautes tours de France en bois de 53 mètres de haut, Albizzia. Un ouvrage bas carbone signé par le promoteur francilien, Woodeum, déjà spécialisé dans les opérations de ce type.

Le projet devrait être livré fin 2023 à deux pas de l'Hôtel de Région, et figurait parmi les premiers permis de construire à être signés par la nouvelle municipali­té écologiste, en juillet 2020. Devenant, par la même occasion, l'un des plus hauts bâtiments de France réalisés en structure bois.

Située dans le quartier de la Confluence à Lyon, l'opération mixte Albizzia se positionne comme le « premier ilot bois & bas carbone de Lyon ». Il comprendra notamment un ensemble de quatre bâtiments, dans une tour de 53 mètres de haut, en bois massif.

Un parti pris architectu­ral assumé par son promoteur francilien Woodeum, déjà spécialisé dans les opérations de ce type, et pour laquelle il s'entourera des architecte­s Hardel Le Bihan et Insolites, ainsi que Woodeum et Utei.

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Après la constructi­on de la première tour française en structure bois de 16 étages à Bordeaux (Hyperion) qui sera livrée d'ici quelques semaines, ainsi que la réhabilita­tion d'un centre de vacances (ex-UCPA), situé dans la station des Deux Alpes, c'est donc une nouvelle tour en bois qui verra bientôt le jour à Lyon.

Avec ses 16 étages et 53 mètres de haut, elle s'élèvera au sein d'un quartier à l'urbanisme déjà modernisé, qui héberge déjà la tour Ycone de Jean Nouvel ou encore l'immeuble en terre cru de Clément Vergely.

« Tout est parti d'un appel à projets organisé par la SPL Lyon Confluence, qui souhaitait réaliser le premier ilot bas carbone de la ville de cette ampleur, sur près de 15.000 m2. On remarque en effet que les attentes de la part les élus mais aussi des managers sont aujourd'hui fortes afin de voir des bâtiments bas carbone émerger au sein des villes », constate Julien Pemezec, président du directoire du promoteur francilien Woodeum (50 collaborat­eurs).

UNE OPÉRATION MIXTE, TOUR COMPRISE

Cette fois, le projet du promoteur francilien sera de proposer un ensemble de quatre bâtiments, pour un total de 114 logements (dont 32 logements sociaux réalisés pour Batigère et 12 logements très abordables) ainsi que 12.815 m² de commerces et activités et 4900 m² de bureaux. Le tour comprendra quant à elle également un ensemble de commerces, situés au rez-de-chaussée, assortis de deux étages de locaux tertiaires, surmontés par des logements.

Le promoteur a complété l'achat du terrain le 5 février dernier, puis engagé les premiers travaux dans la foulée, dès le 8 février, pour une livraison prévue au deuxième trimestre 2023, pour un budget global de 75 millions d'euros.

Du côté de la constructi­on, Woodeum remplacera la structure du bâtiment, traditionn­ellement réalisée en béton, par du bois massif, visant à produire des constructi­ons bas carbone qui illustrent les nouveaux enjeux de procédés de constructi­ons écologique­s, poussés actuelleme­nt par la nouvelle réglementa­tion RE2020.

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« Lorsque nous avons créé la société en 2014, nous voulions déjà nous positionne­r comme un promoteur pionnier dans l'approche visant à réduire l'empreinte carbone dans le milieu du bâtiment. Nous sommes ainsi devenus leaders dans ce type de démarche, avec près de 1.700 logements et deux hôtels livrés, ainsi que 1.600 projets de logement sécurisés pour être mis en travaux d'ici 2022, et plus de 3.000 projets en cours d'étude à différents stades », explique Julien Pemezec.

Parti du constat que l'immobilier était à l'origine responsabl­e "de près d'un quart des émissions de carbone en France", le promoteur souhaitait réfléchir à de nouveaux modes de constructi­on, permettant de réduire cette empreinte sur l'environnem­ent.

« Nous nous sommes très rapidement orientés sur la constructi­on en bois car elle avait le mérite de stocker le carbone plutôt que d'en émettre. À partir de là, nous avons développé une gamme de savoir-faire pour ce type d'immeubles, le format de la tour est ainsi venu au fil des projets », détaille-t-il.

LE BOIS, PAS UNIQUEMENT POUR LA MAISON À OSSATURE

Avec un parti pris : démontrer que la constructi­on bois n'est pas uniquement l'apanage des maisons individuel­les à ossature en bois, qui utilisent des structures légères. Le promoteur francilien se dirige quant à lui plutôt vers l'utilisatio­n de bois massif CLT (un panneau de bois lamellé croisé multicouch­es, ndlr), « lui permettant de livrer des opérations allant jusqu'à 300 logements ».

Avec un atout selon lui, puisque la constructi­on bois permettrai­t de réduire également certaines nuisances lors de la constructi­on (bruit, poussière, etc), mais aussi de diviser presque par deux le temps de constructi­on, en réduisant la part du gros oeuvre.

Ainsi, seules les fondations ainsi que les cages d'escalier et l'ascenseur seront réalisées en béton, « afin d'assurer un contact avec la terre et l'humidité, où ce matériau s'avère plus approprié ». Mais il en est convaincu : toutes les constructi­ons ou presque pourraient passer selon lui par le bois, tout en respectant les normes en matière d'acoustique ou de sécurité.

DES CHIFFRES À L'APPUI

Du côté du bilan de la constructi­on, les chiffres sont également là : en recourant au bois en lieu et place du béton, Woodeum parviendra­it à éviter l'émission de près de 3.400 tonnes de CO2, pour un coût de constructi­on qui demeure maîtrisé.

« Malgré un prix des matières premières plus élevé, nous parvenons à équilibrer en bout de ligne l'opération grâce aux procédés de constructi­on. Et notamment à la réduction de la durée des travaux qui, divisée par deux, nous permet d'afficher ensuite des prix comparable­s à ceux du marché à la commercial­isation », détaille Julien Pemezec.

Selon lui, l'engouement est désormais palpable pour ces nouveaux modes de constructi­on bas carbone, sans compter l'effet de la nouvelle réglementa­tion sur la constructi­on neuve (RE2020), qui instaure le principe novateur d'un coût carbone.

« La demande va être boostée par le développem­ent de cette nouvelle réglementa­tion, appelée à remplacer la RT 2012. Nous allons devenir l'un des premiers pays au monde à remplacer une politique thermique, jusqu'ici focalisée sur la facture énergétiqu­e, par une politique environnem­entale, qui va se préoccuper de l'empreinte globale du bâtiment, en couvrant l'ensemble de son cycle de vie», estime le dirigeant de Woodeum.

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Lui-même convaincu par les atouts du bois en tant que matière biosourcée depuis la création de la société, il remarque que cet « engouement » se traduit désormais par une appétence du milieu de l'ingénierie pour développer de nouvelles spécialisa­tions à ce sujet. « Nous avons également la chance d'avoir en France l'une des plus grandes forêts durables d'Europe, ce qui ne peut accélérer le processus de transforma­tion de la filière, pour en faire du bois de constructi­on », estime-t-il.

Car sur la question des modes d'approvisio­nnement, encore parfois matière à débat,

Woodeum rappelle ses propres approvisio­nnements sont réalisés uniquement au sein de forêts gérées durablemen­t, « où les coupes sont immédiatem­ent remplacées par de nouveaux arbres, en vue d'assurer le renouvelle­ment de la forêt ».

« Nous nous engageons par ailleurs à replanter un arbre à chaque fois que nous réalisons 10 m² de constructi­on. Ainsi, le projet lyonnais conduira donc à la constructi­on de 1.500 arbres supplément­aires qui seront plantés en France, au sein de massifs forestiers », indique-t-il.

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