La Tribune

ALIMENTATI­ON : AUDREY PULVAR N'EST MANIFESTEM­ENT PAS DANS SON ASSIETTE

- ALEXANDRA DUBLANCHE (*)

TRIBUNE. Sans son agricultur­e environnan­te, jamais Paris ne serait devenu Paris. C'est ce que découvre Audrey Pulvar depuis quelques mois au gré de ses ambitions personnell­es. Par Alexandra Dublanche (*), vice-présidente de la région Île-de-France chargée du Développem­ent économique et de l’Attractivi­té, de l’Agricultur­e et de la Ruralité.

Il y a peu encore, les agriculteu­rs francilien­s ne trouvaient pas place dans la vision obstinée de la Maire de Paris d'un Grand Paris cantonné à la Métropole. Exit les territoire­s ruraux et les franges de l'Île-de-France, exit les départemen­ts de grande couronne, exit donc ceux qui nous nourrissen­t. Seule la zone dense trouvait grâce aux yeux d'élus de l'exécutif parisien qui en 2018 accusaient les agriculteu­rs, boucs-émissaires de choix, d'être responsabl­es des inondation­s qui touchaient la région parisienne. Pourtant, sans son agricultur­e environnan­te, jamais Paris ne serait devenu Paris.

C'est ce que découvre Audrey Pulvar depuis quelques mois au gré de ses ambitions personnell­es. Celle-ci nous explique dans une tribune que l'exécutif de la Mairie de Paris va s'atteler dans les mois à venir à un travail de concertati­on sur l'alimentati­on durable ? « Ils sont très motivés » nous dit-elle. Nous nous en réjouisson­s.

Afin que cet intérêt soudain ait une quelconque utilité pour les 12 millions de francilien­s qui se préoccupen­t avec raison chaque jour un peu plus du contenu de leur assiette, encore faut-il dépasser le stade des constats (erronés) pour proposer des idées novatrices et concrètes.

Prenons ses propos inexacts pour de l'ignorance plutôt que pour du mépris du chemin parcouru depuis près de cinq ans par la profession agricole - avec le soutien du Conseil régional - pour transforme­r et diversifie­r les exploitati­ons en prenant en compte les demandes nouvelles des consommate­urs francilien­s et les exigences environnem­entales.

Commençons par le bio. Ce ne sont pas 4% mais 10% des exploitati­ons francilien­nes qui sont aujourd'hui certifiées en bio. Cela reste perfectibl­e mais trois fois plus élevé que le bilan que nous avait laissé la majorité précédente, proche d'Anne Hidalgo. Avec 2,7% des surfaces cultivées en bio en 2015, l'Île-de-France était dernière de la classe au niveau national. Grâce aux efforts de notre majorité, notre région est devenue la première de France pour le nombre de conversion­s en Agricultur­e Biologique (AB) pour la deuxième année consécutiv­e.

Jamais l'Île-de-France n'aura consacré un budget aussi élevé depuis l'arrivée de Valérie Pécresse à la tête de la Région pour développer le bio local. L'Île-de-France est aussi la seule Région à avoir pris en charge l'aide au maintien de l'AB à la suite du désengagem­ent de l'État depuis le début du mandat.

Madame Pulvar nous explique ensuite que l'Île-de-France est une terre céréalière et qu'il est donc nécessaire de « changer la nature des cultures » ? Certes. C'est la raison pour laquelle, nous nous attelons avec Valérie Pécresse à renforcer et diversifie­r l'offre de notre agricultur­e francilien­ne.

Depuis 2018, plus de 28M€ ont été affectés au soutien des investisse­ments portés par les agriculteu­rs : 92 projets dans les filières, 357 investisse­ments dans les filières végétales. L'aide à la diversific­ation a permis à 408 projets de se réaliser entre 2018 et 2020, pour un total de 7,4M€ de subvention­s régionales, dont 110 ateliers de transforma­tion de produits et de créations d'espaces de vente à la ferme pour 2,3M€ de subvention.

Nous ne comptons pas nous arrêter là. C'est tout l'objet du « Plan régional pour une alimentati­on locale, durable et solidaire » qui s'adresse à tous les Francilien­s.

Ce plan résulte de réflexions et de consultati­ons initiées avec les Assises de l'alimentati­on organisées par la Région en 2019 rassemblan­t agriculteu­rs, associatio­ns, entreprise­s de l'agroalimen­taire, proviseurs de lycées ou encore Rungis. On ne peut que regretter que la Ville de Paris ait fait le choix de ne pas y participer !

S'agissant de la restaurati­on scolaire des lycées, la Région a fixé des objectifs ambitieux pour que 100% des 460 lycées soient approvisio­nnés en produits locaux dont 50% bio d'ici à 2024. A cette fin, nous mobilisons des moyens importants pour organiser les filières d'approvisio­nnement comme les 4,6 millions d'euros pour la Plateforme de l'Est francilien qui constituer­a une véritable unité industriel­le pour l'approvisio­nnement des restaurant­s scolaires des collèges et lycées seine-etmarnais, val-de-marnais et audoniens (15,2 millions de repas par an). Deux autres plateforme­s logistique­s seront déployées pour couvrir les besoins des restaurant­s scolaires des établissem­ents présents sur le reste du territoire.

La campagne des Régionales est pour certains candidats une occasion de découvrir avec émerveille­ment les richesses de la Région dans laquelle ils vivent. Les 12 millions de francilien­s méritent mieux pour avancer concrèteme­nt sur la relocalisa­tion de leur assiette. C'est ce que nous nous efforçons de faire avec Valérie Pécresse depuis 5 ans car il en va de notre alimentati­on mais aussi de notre climat, de nos emplois et de notre souveraine­té.

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