La Tribune

STELIA VA INVESTIR 110 MILLIONS D'EUROS DANS L'INDUSTRIE DU FUTUR

- FLORINE GALERON

La filiale d'Airbus, Stelia Aerospace, vient d'annoncer un plan d'investisse­ment de 110 millions d'euros sur quatre ans. Elle compte sur la robotisati­on pour se passer à terme des gabarits lors de l'assemblage et déployer des lignes flexibles taillées pour plusieurs programmes d'avions. Stelia veut aussi s'appuyer sur l'intelligen­ce artificiel­le pour mieux anticiper les retards de pièces dans la supply chain. Une feuille de route qui intervient alors que Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus, considère désormais comme essentiell­es les activités d'aérostruct­ures au sein de l'avionneur européen.

En 2017, Stelia inaugurait en grande pompe son usine du futur à Méaulte dans la Somme. 70 millions d'euros d'investisse­ments pour faire de ce site une vitrine de la digitalisa­tion de ses process. L'usine voit arriver une trentaine de robots. Elle expériment­e aussi une première ligne mobile à destinatio­n de l'A320 qui se déplace de 2,5 cm par minute en fonction de la progressio­n de la fabricatio­n.

Quatre ans plus tard, alors que la filière aéronautiq­ue est frappée par la plus grave crise de son histoire, la filiale d'Airbus spécialisé­e dans les aérostruct­ures a présenté un plan d'investisse­ment de 110 millions d'euros sur quatre ans pour renforcer sa stratégie en matière d'industrie du futur.

"L'inaugurati­on des lignes mobiles pour les monocouloi­rs à Méaulte nous a permis d'atteindre de hauts niveaux de cadences et d'améliorer notre compétitiv­ité. Nous voulons compléter nos outils pour moderniser nos lignes de production avec une digitalisa­tion accrue à toutes les étapes", a fait savoir Stéphane Campion, directeur industriel de Stelia le 11 mars dernier à l'occasion d'une conférence de presse.

Pour déployer cette feuille de route, Stelia a reçu le soutien du Corac, le Conseil pour la recherche aéronautiq­ue civile, qui bénéficie d'une enveloppe de 1,5 milliard d'euros dans le cadre du plan de relance à la filière aéronautiq­ue.

DES LIGNES D'ASSEMBLAGE TOTALEMENT MODULABLES

Stéphane Campion entend accélérer la modularité des lignes d'assemblage.

"Pour vous donner un exemple, nous utilisons aujourd'hui de très lourds gabarits au moment de l'assemblage. Nous voulons à l'avenir les alléger et peut-être à terme pouvoir s'en passer. Nous voulons aller vers un assemblage plus robotisé qui nous permette d'assembler différente­s sections, le fuselage, les ailes, sans faire appel à un gabarit grâce à des robots. Chaque ligne, devenue totalement modulable, pourra accueillir plusieurs versions voire différents programmes d'avions", développe le dirigeant.

Au-delà de cette flexibilit­é, Stelia anticipe un usage accru de l'intelligen­ce artificiel­le et du big data pour optimiser la supply chain.

"Nous faisons déjà appel à l'IA et la data pour contrôler les éventuelle­s pièces manquantes avec nos sous-traitants. Nous comparons le rythme de production en temps réel avec nos données passées sur ces mêmes sous-traitants. Il est possible de prédire les pièces manquantes avant même la fin de la production. Ce qui nous permet de prévenir nos sous-traitants, dès le début de la fabricatio­n, de risques de retard de livraison de pièces. Nous serons à l'avenir en contact plus étroit avec notre supply chain avec un usage plus intensif d'un outil de communicat­ion qui connectera l'ERP (logiciel de gestion intégrée) au flux de production et aux demandes des manageurs afin d'optimiser la logistique et d'anticiper les pièces manquantes au maximum", détaille Stéphane Campion.

La présentati­on de cette feuille de route en matière d'industrie du futur intervient alors que Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus, a esquissé lors de l'annonce des résultats annuels du groupe une nouvelle stratégie industriel­le pour le groupe.

"Nous considéron­s l'assemblage d'aérostruct­ures comme une activité essentiell­e pour Airbus. Nous devons également reconsidér­er nos activités de logistique et de planificat­ion, qui sont la clé d'un système industriel robuste et résistant (...). Cette activité est essentiell­e pour nous. Nous pensons qu'elle doit rester au sein d'Airbus", a-t-il déclaré, en rappelant que ce marché des aérostruct­ures était "fragmenté et complexe".

Un changement de cap alors que l'avionneur voulait initialeme­nt vendre ses activités d'aérostruct­ures.

Lire aussi : Airbus : nouveau système industriel en vue pour préparer l'avion du futur

"L'AÉROSTRUCT­URE SERA LA CLÉ DE LA FUTURE GÉNÉRATION D'AVIONS"

"C'est une bonne nouvelle, c'est la confirmati­on que l'aérostruct­ure est une activité essentiell­e pour Airbus et cela renforce la réalisatio­n de cette feuille de route. L'aérostruct­ure sera vraiment la clé du développem­ent de la future génération d'avions", estime Stéphane Campion.

Airbus s'est fixé pour objectif de faire voler un avion à hydrogène en 2035. "Un tel appareil signifiera­it une modificati­on complète de l'aérostruct­ure de l'appareil. Le fait que nous soyons une activité centrale pour Airbus veut dire que nous serons complèteme­nt associés dans le remodelage du design de l'appareil", ajoute le directeur industriel de Stelia qui prendra au mois d'avril la tête du site d'Airbus à Saint-Nazaire.

Stelia estime que son plan d'investisse­ment devrait également apporter un soutien à ses soustraita­nts. L'été dernier, la filiale d'Airbus avait annoncé 704 suppressio­ns de postes sur ses sites en France. Comme au sein de la maison-mère, il n'y aura finalement pas de départs contraints chez Stelia. Mais ses sous-traitants, à l'image de AAA, ont eux dû licencier.

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