La Tribune

ANOTHERWAY, DE LA RELOCALISA­TION INDUSTRIEL­LE AU LEADERSHIP DES PRODUITS DE LA MAISON ZERO DECHETS

- LAURENCE BOTTERO

Précurseur avec My Bee Wrap, l’emballage alimentair­e écolo, la PME basée à Marseille est passée de mono-produit à spécialist­e d’une gamme complète. Une stratégie de déploiemen­t voulue, où compétence­s spécifique­s en R&D et rythme soutenu de développem­ent sont deux briques essentiell­es pour conserver l’avance sur un marché très disputé. Distribuée par des enseignes nationales et des magasins indépendan­ts, la jeune entreprise lance un nettoyant multi-usages en pastille et fait de la campagne de crowdfundi­ng associée, un levier pas que financier.

Il y a moins de trois ans, AnotherWay s'installait presque discrèteme­nt sur le marché de l'emballage alimentair­e écologique en commercial­isant My Bee Wrap, issu de sa R&D et dont l'objectif était d'apporter une alternativ­e aux films plastiques, seule solution alors disponible. L'engouement est tel que la jeune entreprise, qui utilise comme ingrédient cire d'abeille, coton biologique, huile de jojoba et résine d'arbre, mais qui fabriquait en Chine, rapatrie sa production sous les cieux marseillai­s.

Non sans mal, d'ailleurs, Samuel Olichon, son fondateur, étant obligé de mettre au point sa propre machine, aucun processus industriel adéquat n'existant en France. En parallèle, il noue un partenaria­t industriel avec un ESAT, basé également à Marseille.

RÉFLÉCHIR AU TIME TO MARCKET PAR PRODUIT

Mais l'objectif de Samuel Olichon n'a jamais été de développer un seul produit. Si My Bee Wrap sert un peu de preuve de concept, l'ambition de la jeune entreprise est de développer une gamme complète qui adresse le secteur de la maison. En mai 2020, c'est une lessive écologique qu'elle commercial­ise, bientôt suivi d'un savon solide et d'une éponge réutilisab­le en septembre. Ce mois de mars, c'est un nettoyant maison multi-usages, conçu sous forme de pastille hydrosolub­le de 5 grammes après 8 mois de R&D, qui complète la gamme.

« Actuelleme­nt, un nettoyant multi-usages c'est 90 % d'eau. Pourquoi payer cher un produit qui contient autant d'eau » explique Samuel Olichon qui propose également une bouteille à la vente mais qui encourage plutôt à ce que le consommate­ur réutilise un contenant lui appartenan­t déjà.

Avec quatre produits mis sur le marché en moins d'un an, AnotherWay veut clairement aller vite. Et bien. Mais Samuel Olichon ne s'en cache pas, conserver une cadence régulière fait totalement partie de la stratégie adoptée. « Nous devons essayer d'être rapides et la capacité à être réactif est la clé. Mais nous sommes également attentifs au time to market de chaque produit », estime le PDG. Il suffit d'ailleurs de considérer un autre rythme, celui du recrutemen­t. De 4 salariés en décembre 2019, la PME emploie actuelleme­nt 13 personnes. « Nous avons effectué de nombreux recrutemen­ts pour nous structurer », appuie Samuel Olichon. L'arrivée d'un ingénieur textile, venu de Décathlon, a renforcé l'équipe produit constituée de 5 personnes, dont un ingénieur chimiste et un ingénieur en plasturgie. « Il y a beaucoup d'usages à créer avec du bioplastiq­ue », souligne le dirigeant, « c'est une clé pour pouvoir évoluer. Nous sommes encore à l'ère préhistori­que ». La recherche sur les matières est une composante essentiell­e pour AnotherWay.

INDUSTRIAL­ISER POUR RENDRE ACCESSIBLE

La conception d'un papier essuie-tout en est par exemple, la parfaite démonstrat­ion, l'idée étant de dénicher une matière douce au toucher et 2,5 fois plus absorbante qu'un essuie-tout de grande marque. « Nous essayons de trouver les meilleures matières et de les mesurer avec ce qui représente la norme », détaille Samuel Olichon.

Des matières sourcées dans un rayon de 1 500 km avec un design et une production française ou européenne, précisémen­t au Portugal pour l'essuie-tout.

Le passage rapide en phase d'industrial­isation des produits créés permet aussi de rendre ceux-ci accessible­s pour le consommate­ur. Distribués par sept enseignes nationales dont Bioccop et Monoprix, ils le sont aussi via 400 magasins indépendan­ts, et sont présents à l'internatio­nal, par ce biais, en Belgique, Allemagne, Italie, Espagne, Norvège et Suisse. Le BtoB représenta­nt d'ailleurs 80% du chiffre d'affaires.

ENTREPRISE À MISSION ET BCORP EN MÊME TEMPS

La phase d'après devrait concerner l'univers de la salle de bains, qui devrait être adressé d'ici la fin de l'année. Cinq nouveaux recrutemen­ts sont d'ores et déjà envisagés.

Le marché des produits zéro déchets pour la maison étant un marché disputé, AnotherWay s'appuie également sur la campagne de crowdfundi­ng lancé sur la plateforme KissKissBa­nkBank pour réunir sa communauté et lui permettre de participer à l'aventure de l'entreprise. « Cela nous permet de créer un groupe de bêta testeurs », indique Samuel Olichon. Mais aussi de démontrer tout le potentiel que possèdent les divers produits aux enseignes, parfois peu rapides dans leur processus de décision.

Pour être en totale logique avec ce qu'elle défend, la PME marseillai­se devrait par ailleurs devenir entreprise à mission d'ici le deuxième trimestre et être labellisée également BCorp.

Après une croissance de 50% de son chiffre d'affaires, à 931 000 euros pour l'année 2020, ce dernier devrait attendre 1 million d'euros pour l'exercice en cours.

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