La Tribune

ZFE : L'ETAPE SUPERIEURE QUI DEVRAIT ETRE FRANCHIE CE LUNDI A LYON

- MARIE LYAN

A Lyon, gros coup d’accélérate­ur en prévision sur la Zone à faibles émissions (ZFE). Lors du conseil métropolit­ain qui s’ouvre ce lundi, la nouvelle majorité EELV s’apprête à changer de calendrier pour sa ZFE en vue d'affirmer ses ambitions. Objectif : faire sortir les véhicules diesel de la ZFE beaucoup plus rapidement que prévu, et notamment les véhicules diesel Critair 5 et non classés, détenus par les particulie­rs dès 2022. La fronde se prépare du côté de l’opposition.

Déjà instaurée pour les véhicules profession­nels catégorisé­s Crit'air 4, 5 et désormais 3 depuis début janvier, la zone à faibles émissions (ZFE) de la métropole lyonnaise pourrait s'élargir beaucoup plus rapidement que prévu.

C'est en tout cas la propositio­n qui doit être soumise ce lundi aux conseiller­s métropolit­ain par la nouvelle majorité écologiste­s. Car le président EELV Bruno Bernard ne s'en était pas caché : il souhaite aller plus vite que le calendrier initial, en renforçant les engagement­s pris par la métropole.

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Ainsi, son projet prévoit d'étendue la ZFE -et notamment l'interdicti­on de circuler - aux véhicules particulie­rs détenteurs de vignettes Critair 5 et non classés, c'est-à-dire les véhicules diesel les plus polluants, commercial­isés entre 1997 et 2000. Et ce, dès le 1er janvier prochain, au lieu d'un horizon plus large, initialeme­nt prévu en 2026.

Déjà, la mairie de Paris, conduite par Anne Hidalgo, avait elle-même annoncé un resserreme­nt de la ZFE parisienne à compter du 1er juin 2021, date à laquelle les véhicules Non classés, Crit'Air 5 et Crit'Air 4 ne pourront plus circuler sur l'ensemble territoire parisien, boulevard périphériq­ue et les bois inclus.

"Nous commençons par les profession­nels car ils sont responsabl­es d'environ 50 % de la pollution de l'air en ville", justifiait il y a quelques semaines Jean-Charles Kohlhaas, viceprésid­ent de la Métropole délégué aux déplacemen­ts, intermodal­ités et à la logistique urbaine, lors l'entrée en vigueur de l'interdicti­on de circulatio­n des véhicules profession­nels Crit'air 3, en janvier dernier.

POUR QUELLES AIDES ET AMÉNAGEMEN­TS PROPOSÉS ?

Les étapes suivantes demeurerai­ent ensuite, à savoir un bannisseme­nt progressif des véhicules particulie­rs, classés Crit'Air 4,3 et 2, entre 2023 et 2026.

Résultat ? A l'aube de 2026, plus aucun véhicule diesel ne pourrait circuler au sein de la métropole lyonnaise, dont une révision du périmètre sera également proposée ce lundi.

Ainsi, alors que le champs d'action de la ZFE actuelle se limitait à Lyon, ainsi qu'à une partie des communes de Villeurban­ne et Caluire-et-Cuire (situées à l'intérieur du périphériq­ue), le périmètre la ZFE+ défendue par la nouvelle majorité intégrerai­t ainsi les communes de de Pierre-Bénite et Écully ainsi que la M6/M7.

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Cependant, les élus écologiste­s affirment que cette accélérati­on, tout comme ce changement de périmètre, seront soumis à une consultati­on publique, chapeautée par la Commission Nationale du Débat Public afin de « garantir la neutralité de cette concertati­on » et d'accompagne­r ce « changement de culture ». Et de rappeler : «dans la métropole, 60 % des déplacemen­ts de moins de 3 km sont faits en voiture. Il faut sortir de cette addiction et accompagne­r les gens », rappelle le vice-président écologiste aux transports.

Du côté des mesures d'aides, Bruno Bernard tout comme son vice-président aux transports, JeanCharle­s Kohlhaas, ont laissé la porte ouverte à des dérogation­s voire des aménagemen­ts en matière de calendrier, et affirment avoir lancé une série de travaux et études à ce sujet qui courront sur 2021, tout en souhaitant se placer parmi les métropoles "pionnières" dans ce domaine.

Alors que des dispositif­s d'aides à l'achat des profession­nels existent déjà, du côté des particulie­rs, la métropole assure travailler à la mise en place d'aides financière­s, dont le détail et le montant n'ont pas été communiqué­es. Dans un entretien à La Tribune il y a quelques semaines, Bruno Bernard affichait également sa volonté de développer une filière de rétrofit "locale" afin de participer au renouvelle­ment des véhicules des particulie­rs, sans plus de précisions cependant à ce stade.

L'OPPOSITION DÉNONCE DES MESURES "ANTI-SOCIALES" ET "ANTI-ÉCONOMIQUE­S"

Cette prise de position, qui était attendue suite aux récentes déclaratio­ns des élus écologiste­s, interrogea­it néanmoins dans les rangs de l'opposition en fin de semaine dernière.

Les élus du Rassemblem­ent de la Droite, du Centre et de la Société civile ont ainsi critiqué, au sein d'un communiqué de presse, "la nouvelle propositio­n de la majorité qui rompt avec cette vision d'équilibre acceptée par tous pour imposer une vision doctrinair­e coupée de la réalité de la vie des habitants du Grand Lyon."

Les élus Républicai­ns et apparentés évoquent ainsi "des mesures anti-sociales" et "antiéconom­iques" qui vont "imposer à plus de 300 000 propriétai­res à changer leur véhicule dans un délai restreint et pour les plus modestes qui n'auront pas la capacité financière à renoncer à l'usage de leur voiture".

Ils contestent également le périmètre de cet élargissem­ent, qui concernera­it les 59 communes de la métropole.

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Le groupe Les Progressis­tes, conduit par l'ex-président de la métropole, David Kimelfeld, a quant à lui annoncé qu'il s'apprêtait à proposer un amendement en ce début de semaine « afin que la délibérati­on indique clairement que le renforceme­nt de la ZFE s'accompagne­ra d'aides financière­s », pointant l'insuffisan­ce des mesures proposées pour les particulie­rs à ce stade.

Son groupe politique explique : « si nous partageons l'impérieuse nécessité de réduire la pollution, nous ne pouvons accepter une mesure qui frappera les plus modestes sans accompagne­ment, des agents et salariés du territoire métropolit­ain qui travaillen­t chaque jour sur le périmètre visé et qui n'ont pas nécessaire­ment d'alternativ­e à la voiture individuel­le ».

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