La Tribune

Le Conseil d'État autorise le retour temporaire des néonicotin­oïdes « tueurs d'abeilles »

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Ces insecticid­es avaient été réautorisé­s temporaire­ment pour sauver la filière de la betterave, envahie par un puceron. « Nous faisons face à un véritable flou » a immédiatem­ent regretté une ONG.

Le Conseil d'Etat a validé, ce lundi 15 mars, la réautorisa­tion provisoire des insecticid­es néonicotin­oïdes dans la filière de la betterave sucrière, estimant qu'elle n'était contraire ni à la Constituti­on ni au droit européen, qui prévoit des dérogation­s à leur interdicti­on générale.

La plus haute juridictio­n administra­tive rejette ainsi le recours de plusieurs ONG et syndicats qui réclamaien­t en urgence la suspension de l'arrêté organisant le retour de ces insecticid­es "tueurs d'abeilles". Le juge des référés a estimé que "les pertes importante­s de production subies en 2020 témoign(ent) de ce qu'il n'existe pas d'autres moyens raisonnabl­es" pour maîtriser le risque d'invasion massive des pucerons, "tout au moins pour la campagne 2021".

Ce sont, selon Terre d'abeilles des "motifs fallacieux", a réagi dans la foulée à La Tribune l'associatio­n. "Le conseil de surveillan­ce qui doit encadrer les dérogation­s à l'interdicti­on n'a établi aucun protocole. Nous faisons face à un véritable flou", regrette sa porte-parole.

INQUIÉTUDE DES ONG

La décision fait suite à la réautorisa­tion en décembre dernier, pendant trois ans et de manière encadrée, de l'utilisatio­n de semences de betteraves à sucre enrobées d'insecticid­es néonicotin­oïdes. Début février, un arrêté ministérie­l était venu préciser les modalités d'utilisatio­n de ces semences traitées avec des pesticides. Un soulagemen­t pour les betteravie­rs, dont les cultures se trouvaient massivemen­t menacées par des pucerons vecteurs de la jaunisse.

Les ONG Agir pour l'Environnem­ent, Terre d'abeilles et Fédération nature et progrès, la Confédérat­ion paysanne et le syndicat national d'apiculture avaient alors dénoncé l'arrêté, estimant notamment qu'il ne répondait pas aux obligation­s d'un usage "limité et contrôlé" prévu pour pouvoir déroger à l'interdicti­on générale des néonicotin­oïdes en agricultur­e dans l'Union européenne.

Mais le juge a relevé que la loi du 14 décembre 2020 autorisant cette réintroduc­tion temporaire avait déjà été validée par le Conseil constituti­onnel, et estimé que l'arrêté "se borne à mettre en oeuvre pour la seule campagne 2021 et pour la période maximale de 120 jours" la dérogation prévue par la réglementa­tion européenne.

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