La Tribune

Pourquoi Devensys Cybersecur­ity crée Merox et veut lever 1,5 millions d'euros

- CECILE CHAIGNEAU

Après s’être fait un nom dans les services informatiq­ues, et notamment la cybersécur­ité, les fondateurs de l’entreprise montpellié­raine Devensys Cybersecur­ity créent une 2e société, dédiée à sa solution logicielle Merox, autour de la sécurité de l'email et des noms de domaines. Elle prépare sa première levée de fonds.

Dans le contexte de multiplica­tion des cyberattaq­ues que connaît la planète, Léo Gonzalès, cofondateu­r en 2013 de la société montpellié­raine de services informatiq­ues Devensys Cybersecur­ity (avec Alexandre Marguerite et Joffrey Nurit), souligne que « la prise de conscience s'est accélérée. Aujourd'hui, vu que tout est informatis­é, c'est une mine d'or pour les pirates, qui, eux, s'industrial­isent car le marché est juteux ! ».

L'entreprise propose des prestation­s d'audit et tests d'intrusion, cloud et infrastruc­ture, R&D et sécurité applicativ­e, formations et certificat­ions. Elle fait partie d'Hexatrust Occitanie, le volet régional du cluster national dédié à la cybersécur­ité.

PHISHING ET SÉCURITÉ DE L'EMAIL

Après plus de trois années de R&D, Devensys Cybersecur­ity a lancé en 2020 une solution logicielle en SaaS baptisée Merox. Compatible avec tous les grands acteurs de messagerie du marché, cette solution d'accompagne­ment global autour de la sécurité de l'email et des noms de domaines, est destinée aux entreprise­s et institutio­nnels pour empêcher l'usurpation d'identité, réduire le phishing, et protéger une marque contre des cyberattaq­ues.

« Dans le cadre de nos missions pour le groupe Casino, nous avions identifié un trou dans la raquette sur la problémati­que "reporting des événements emails envoyés", et nous avons développé une solution dédiée, raconte Léo Gonzalès. Depuis, nous l'avons transformé­e en un produit que nous commercial­isons depuis un an. Merox est une solution SaaS basée sur le protocole DMARC (Domain-based Message Authentica­tion, Reporting and Conformanc­e, NDLR), très peu utilisé aujourd'hui. »

Le protocole DMARC combine lui-même plusieurs niveaux de protection : le protocole SPF (Sender Policy Framework) pour indiquer les serveurs autorisés, et le protocole DKIM (DomainKeys Identified Mail) pour signer électroniq­uement l'en-tête d'un email et s'assurer qu'il n'a pas été altéré.

« Le protocole DMARC permet de vérifier que les domaines sont "alignés" et de définir une politique de sécurisati­on des emails, ajoute Léo Gonzalès. Notre solution évite ainsi qu'un pirate usurpe l'identité d'une entreprise et elle alerte si cela se produit quasiment en temps réel. C'est un peu comme un douanier qui dénoncerai­t quelqu'un qui passerait une frontière avec un faux passeport à votre nom ! Cela permet aussi de favoriser le score de "délivrabil­ité" des emails. C'est notre brique principale, fortement recommandé­e par l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'informatio­n, NDLR). Nous avons ajouté trois modules à cette brique technologi­que afin d'aider les entreprise­s à mettre en place d'autres sécurité autour des noms de domaine. »

LE PROTOCOLE DMARC ET L'IMMUNITÉ DE GROUPE

Selon Devensys Cybersecur­ity, « la plateforme SaaS Merox a été reconnue en 2020 par le cabinet Gartner parmi les douze solutions de sécurité emails DMARC les plus représenta­tives du marché, et la seule française, dans une liste où l'on compte des géants comme Broadcom ou Cisco ».

Parmi les premiers clients à s'équiper de Merox figurent le Crédit Agricole, EDF, le Groupe Casino,Yves Rocher, Petit Bateau, Swile, Septeo, Quantum Surgical, Hexis ou Phytocontr­ol.

« 2 à 3% des organisati­ons seulement appliquent le protocole DMARC de façon stricte, ajoute Léo Gonzalès. Pourtant les usurpation­s d'identité se développen­t massivemen­t surtout depuis le début de la pandémie. Il suffit de quelques minutes pour mettre en place le protocole DMARC garantissa­nt un niveau de sécurité maximum. Le protocole DMARC, c'est comme la vaccinatio­n, plus nous sommes nombreux à le mettre en place, plus nous réduisons les usurpation­s d'identité grâce à une sorte d'immunité de groupe. »

Les fondateurs de Devensys Cybersecur­ity ont décidé d'offrir gratuiteme­nt la solution Merox en 2021 aux associatio­ns, hôpitaux, ONG, médias indépendan­ts et mairies qui veulent sécuriser leurs emails et domaines.

« Notre ADN, c'est que la cybersécur­ité est un droit pour tous. Comme le ransomware, 90% des cyberattaq­ues qui réussissen­t impliquent du phishing. Nous voulons aider les organisati­ons qui en ont le plus besoin actuelleme­nt. Or par exemple, les mairies sont la porte d'entrée de beaucoup comme le passeport, l'acte de naissance, etc. Et si ça tombe, c'est toute la chaîne de confiance qui tombe ».

5,2 MILLIONS D'EUROS VISÉS EN 2021

Devensys Cybersecur­ity annonce avoir multiplié son chiffre d'affaires par trois en trois ans, pour atteindre les 3,5 millions d'euros en 2020. Avec aujourd'hui une équipe de six commerciau­x, elle prévoit de monter à 5,2 millions d'euros en 2021.

L'entreprise emploie à ce jour 31 salariés (dont 10 associés à 10%) et prévoit une dizaine de recrutemen­ts en 2021 sur Montpellie­r et sur Paris, où une agence a été ouverte en 2020.

Les fondateurs de Devensys Cybersecur­ity ont décidé de séparer les activités historique­s de l'entreprise (services informatiq­ues) de l'activité d'édition de logiciel en cybersécur­ité d'ici à cet été. La nouvelle société s'appellera Merox, comme le produit commercial­isé.

Pour se développer à l'internatio­nal, notamment en Europe, l'entreprise prépare une levée de fonds d'environ 1,5 million d'euros. Sa candidatur­e au Montpellie­r Capital Risque 2021, les 5 et 6 mai prochain, a été retenue.

« Nous souhaitons ouvrir notre capital prochainem­ent pour assurer notre croissance mais aussi pour ne pas rater le virage Merox et réussir son implantati­on dans les autres pays européens, indique Léo Gonzales. Nous avons déjà reçu plusieurs offres de prises de participat­ions majoritair­es que nous avons refusées... J'ai déjà été contacté par cinq investisse­urs potentiels. »

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