La Tribune

XMakers transplant­e les méthodes des startups pour faire croître des PME

- NATHALIE JOURDAN, A ROUEN

L’approche est originale. XMakers constitue des escadrons de dirigeants de startups aguerris qui intervienn­ent dans des PME pour les aider à pivoter dans l’idée qu’elles deviennent à leur tour des « leaders de la tech ». L’entreprise dieppoise Technomap a éprouvé la méthode.

C'est l'histoire de deux mondes qui s'ignorent poliment. D'un côté, celui des startups en hyper croissance, biberonnée­s à la tech, capables en quelques années de passer de zéro à 200 salariés. De l'autre, celui des PME, souvent patrimonia­les, qui excellent dans leur savoir-faire sans parvenir à passer à l'échelle. Entre les deux, des cloisons étanches qui ne se dissolvent que difficilem­ent.

C'est pour ménager des passerelle­s entre ces deux univers que Julien Masson, ex-fondateur de Whyers, a créé XMakers fin 2019 à Sophia Antipolis. La société s'est donnée pour vocation de « transforme­r des PME ou des ETI historique­s en futures licornes ». A première vue, l'objectif semble présomptue­ux mais l'approche, sorte de mentorat inversé, est séduisante.

L'ANTITHÈSE DU CONSULTANT

Comment ça marche ? Pour accompagne­r ses PME clientes dans leur transforma­tion digitale, XMakers mobilise ce que son équipe appelle une « squad » (un escadron dans la langue de Molière). Autrement dit, un petit groupe de dirigeants ou de cadres prêts à intervenir « en mode commando » le temps d'une mission. Particular­ité de ces envoyés spéciaux : ils sont tous en poste dans l'une ou l'autre des pépites du Next40. Seconds couteaux s'abstenir.

« Ce ne sont pas des consultant­s qui manient des power point mais des gens qui possèdent une expérience de scale up réussie et que les défis excitent, explique Julien Masson. Quand je les sollicite, il faut d'abord qu'ils me répondent qu'ils n'ont pas le temps. »

En tout, XMakers dit pouvoir s'appuyer sur une quarantain­e de pointures. Parmi les recrues, l'ancien fondateur de Coyote ou encore le directeur des acquisitio­ns de Doctolib.

« LE RÉSULTAT EST BLUFFANT »

Quant au rôle de cet escadron, il est d'implémente­r dans des PME ou des ETI les méthodes, les modèles économique­s et les technologi­es qui prévalent dans l'univers des startups. Le tout pour un coût compris entre 50.000 et 100.000 euros.

Ce mode opératoire a séduit l'entreprise dieppoise Technomap (68 collaborat­eurs - 6 millions d'euros de chiffre d'affaires) : un protoypist­e spécialisé dans la conception d'architectu­res électrique­s pour les engins mobiles à commencer par les véhicules électrique­s, hybrides et autonomes. Pour répondre aux enjeux de ce champion caché normand, Julien Masson a fait appel à l'expertise des dirigeants de XXII (prononcez twenty two) et de Call me Lord. Mission accomplie pour Christophe Vergneault, patron de la PME. « Le résultat est bluffant. Leur travail va nous permettre de pivoter commercial­ement d'un modèle à la mission à un modèle contractua­lisé et de déployer une stratégie de marque en lieu et place de notre offre mal valorisée », détaille-t-il.

BOUSCULER UN BUSINESS MODEL

La botte secrète de XMakers ? Un pilotage resserré et une approche très opérationn­elle, attestée par des livrables. « Le choix de la squad empruntée à l'univers militaire n'est pas anodin. Il s'agit le temps d'une mission d'évaluer le potentiel de scalabilit­é de l'entreprise puis de faire sortir des dirigeants, implantés depuis longtemps dans le même écosystème, de leur zone de confort », explique son fondateur. Dans le cas de Technomap, cette transplant­ation « à marche forcée » s'est révélée féconde, à écouter Christophe Vergneault.

« Ils ont bousculé notre business model, quitte à nous imposer un timing très serré. Je suis persuadé que le retour sur investisse­ment sera visible dès cette année. »

Le mode opératoire est-il pour autant transposab­le partout ? Sans doute pas. Il existe quelques prérequis, admet Julien Masson. « Le succès repose sur l'ambition et l'état d'esprit de l'équipe aux commandes. Notre ennemi, c'est le DSI, rétif au changement, qui se contentera d'implémente­r un nouveau CMS », avertit-il. Comprendre : pivoter n'est pas donné à tout le monde.

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