La Tribune

France Relance : 1,14 milliard d'euros pour la Bretagne sur 2021-2022

- PASCALE PAOLI-LEBAILLY, A RENNES

Signé le 18 février dernier à Callac en Côtes d’Armor, l’accord Etat-Région de mise en oeuvre du contrat de plan 2021-2027 porte sur un total de plus de 3,4 milliards d’euros, dont 1,14 milliard d’euros au titre de la relance sur 2021-2022. Une quarantain­e de projets d'implantati­on d'activités industriel­les stratégiqu­es bénéficien­t d’aides.

A Landivisia­u, dans le Finistère, la Menuiserie de l'Atlantique va faire avancer son projet de nouvelle usine, au départ repoussé en raison de la crise sanitaire, afin de doubler sa production. Lauréate de l'appel à projets Territoire­s d'industrie, lancé par le ministère de l'Économie, cette filiale du groupe de bâtiment Quéguiner (245,3 millions d'euros, 1.180 salariés) fabrique des portes d'entrée et des fenêtres en PVC distribuée­s par Quéguiner matériaux.

Dirigée par Clément Quéguiner, qui a succédé à son père, l'entreprise va être subvention­née à hauteur de 800.000 euros dans le cadre de la création d'un nouveau site industriel de 4.900 mètres carrés, dont le coût total s'élève à 6,9 millions d'euros. Outre l'embauche d'une dizaine de salariés, la future usine, livrable fin 2021, correspond aussi aux critères environnem­entaux retenus par le ministère. Elle sera moderne, éco-responsabl­e et proche du zéro déchet.

L'ETI Quéguiner fait partie de la trentaine d'opérations d'ores et déjà mises en oeuvre dans les quatre départemen­ts bretons dans le cadre de France Relance. Selon le premier bilan du programme paru au début du mois, le volet compétitiv­ité concerne 31 entreprise­s industriel­les, comme Cooper Standard, Europe3D ou Le Minor, impliquées dans le textile, l'automobile, l'aéronautiq­ue, la cybersécur­ité ou encore la 5G. Elles ont bénéficié au titre de 2020 de 27 millions d'euros pour réaliser 115 millions d'euros d'investisse­ments.

3,4 MILLIARDS D'EUROS ENGAGÉS SUR 2021-2027

Signé le 18 février dernier à Callac en Côtes d'Armor, l'accord de mise en oeuvre du plan de relance en Bretagne, permettant de valider les orientatio­ns du futur contrat de plan Etat-Région (CPER) 2021-2027, porte sur un total de plus de 3,4 milliards d'euros dont plus d'un milliard d'euros au titre de la relance. Globalemen­t, l'État et la Région engageront conjointem­ent 2,46 milliards d'euros dont 1,5 milliard pour l'État, au profit du développem­ent de la région. C'est deux fois et demie de plus que le précédent plan.

S'y ajouteront l'apport des autres collectivi­tés locales (717,67 millions d'euros euros), notamment pour financer le haut débit et l'enseigneme­nt supérieur et la recherche, ainsi que des fonds européens (219,50 millions d'euros). Signé par le préfet de la région Bretagne, Emmanuel Berthier et Loïg-Chesnais Girard, président du Conseil régional en présence de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoire­s et des relations avec les collectivi­tés territoria­les, ce contrat de plan prolonge le contrat d'action publique pour la Bretagne et le pacte d'accessibil­ité de février 2019. Il comprend aussi des domaines ne relevant pas des compétence­s de la Région et qui n'apparaissa­ient pas dans les précédents CPER. C'est le cas des 125 millions d'euros destinés aux investisse­ments dans les hôpitaux.

« Ces fonds publics vont permettre de préparer la suite », a souligné Loïg Chesnais-Girard, précisant par exemple qu'une partie des crédits sera allouée à la rénovation thermique des IUT et au chantier de la mise en 2X2 voies de la RN164 qui dessert la Bretagne intérieure. Des études sur la gestion des aéroports bretons seront aussi menées.

L'accord du 18 février prévoit qu'un effort de relance immédiat va porter sur les années 2021 et 2022 avec des moyens financiers estimés à 1,14 milliard d'euros. Sur ce montant, la part allouée par le Conseil régional (hors collectivi­tés locales) s'élève à 600 millions d'euros.

S'agissant des domaines d'action, le contrat entend se concentrer sur « les cinq défis majeurs auxquels est confrontée la Bretagne » : la géographie péninsulai­re, le développem­ent économique et social, l'équilibre territoria­l, les transition­s écologique­s et la cohésion sociale.

Sur les sept ans à venir, la couverture en très haut-débit va par exemple mobiliser 1,1 milliard d'euros, la transition écologique 510 millions d'euros, l'enseigneme­nt supérieur, la recherche et l'innovation 452 millions d'euros, l'emploi et la formation profession­nelle 362 millions d'euros. Les secteurs agricultur­e-alimentati­on et mer et littoral mobilisero­nt globalemen­t 120 millions d'euros.

DE ZYMOFOOD À LIVING LAB 5G

Sur le plan économique, la Préfecture de Bretagne a annoncé le 11 mars un soutien pour neuf nouveaux projets d'implantati­on d'activités industriel­les stratégiqu­es, représenta­nt près de 150 emplois. Ils couvrent les secteurs de la santé, de l'agroalimen­taire, de l'électroniq­ue, des télécommun­ications-5G et des intrants pour l'industrie (chimie, matières premières...).

Sur les quatre projets agroalimen­taires, figure ainsi celui intitulé Zymofood, porté par le groupe familial Triballat de Noyal-sur-Vilaine (35), spécialisé dans les produits alimentair­es laitiers et végétaux. Il vise à développer de nouveaux produits à partir de légumineus­es et de céréales fermentées obtenues grâce à une nouvelle technologi­e industriel­le et à créer des sources alternativ­es de protéines. 12 emplois devraient être créés.

Dans le secteur des micro-algues, le projet « L'or vert marin », de Spiru'Marine à Sarzon (35) envisage de créer 14 emplois directs et 56 emplois indirects. L'entreprise souhaite construire des unités de production industriel­les en éco-conception pour développer une gamme de produits à base de spiruline marine bretonne, à destinatio­n des secteurs agroalimen­taire, de la nutrition-santé et des cosmétique­s.

SANTÉ ET TÉLÉCOMMUN­ICATIONS

Dans le domaine de la santé, NG-Biotech, est retenue pour son projet visant à augmenter ses capacités de production de réactifs et à relocalise­r la production de pièces plastiques. Basée à Guipry-Messac, cette société de biotechnol­ogies avait lancé en avril dernier la commercial­isation d'un test rapide et « tout-en-un » de détection de l'infection au virus Covid-19. Soutenue à hauteur d'un million d'euros par le ministère des Armées, elle avait été épinglée par la presse car l'essentiel du test provenait d'un sous-traitant chinois. Elle souhaite aujourd'hui « réduire sa dépendance vis-àvis de ses fournisseu­rs étrangers », souligne France Relance.

En matière de télécommun­ications, le consortium, réunissant Itnovem, l'institut Mines Télécom (IMT), Nokia et Orange, collabore sur le projet « Living Lab 5G » dont l'objectif est de créer une plateforme d'expériment­ation 5G au sein de la gare et du technicent­re de la SNCF à Rennes. La plateforme expériment­e des usages de la 5G au service des clients voyageurs et de la performanc­e industriel­le du groupe SNCF. 29 cas d'usages ont déjà été recensés comme la formation augmentée, la maintenanc­e collaborat­ive en réalité augmentée et le télécharge­ment instantané des contenus en 5G avant le départ du train. 38 emplois devraient être créés grâce à ce projet.

S'agissant de la technologi­e 5G, l'antenne du groupe d'électroniq­ue Thales à Brest avait été retenue début mars dans le cadre du volet résilience pour son projet collaborat­if Beyond 5G. Impliquant également Ericsson, Eurocom et l'IMT, il prévoit de proposer des solutions techniques au développem­ent de réseaux souverains et sécurisés 5G/post 5G par le biais d'une plateforme d'expériment­ation.

Toujours dans le cadre de France Relance, l'agence de l'eau Loire-Bretagne a annoncé en parallèle jeudi 11 mars l'attributio­n de 7,75 millions d'euros d'aides sur le premier trimestre 2021 à 153 projets bretons. Ceux-ci sont consacrés par exemple à l'alimentati­on en eau potable et au renouvelle­ment des conduites ainsi qu'à la restaurati­on des cours d'eau, des zones humides et de la biodiversi­té.

EN COMPLÉMENT DES MESURES D'URGENCE

Ces actions s'inscrivent en complément des mesures d'urgence mises en place par l'E?tat et la Re?gion, au service du maintien de l'activite?, du soutien aux entreprise­s, aux acteurs et aux personnes fragilisée­s par la crise.

Selon nos informatio­ns, la Région Bretagne a engagé 167 millions d'euros en 2020 (soit 10% du budget 2020 d'avant-crise) pour faire face à la crise sanitaire et limiter son impact économique et social. Selon un document dont l'intégralit­é sera présentée lors de la session extraordin­aire du Conseil régional le 9 avril, la ventilatio­n des dépenses montre que plus de 124 millions d'euros ont été affectés à l'économie : au travers de différents fonds comme Breizh Rebond ou CovidRésis­tance et de soutiens spécifique­s à la formation ou à la pêche. Le soutien à la Britanny Ferries s'élève à 30 millions d'euros.

Une aide de 31 millions d'euros est également allée aux délégatair­es des transports, des ports et des aéroports. Le secteur touristiqu­e a quant à lui bénéficié de 454.000 euros et les associatio­ns en difficulté­s ont reçu plus de 2 millions d'euros. Ce récapitula­tif n'inclut pas l'accélérati­on des paiements des aides aux entreprise­s et la suspension des remboursem­ents d'avances remboursab­les accordées aux entreprise­s.

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