La Tribune

LA COUR SUPREME ALLEMANDE SUSPEND LA RATIFICATI­ON DU PLAN DE RELANCE DE L'UE

- AFP

Financé par une dette commune inédite à hauteur de 750 milliards d'euros, le plan de relance européen fait face à ses premiers détracteur­s. En Allemagne, la Cour constituti­onnelle a suspendu sa ratificati­on face aux critiques des opposants, qui citent notamment son caractère « inconstitu­tionnel ».

La Cour constituti­onnelle allemande a suspendu le processus de ratificati­on du Fonds de relance européen face à l'impact de la pandémie, en raison d'un recours contre ce mécanisme basé sur une dette commune.

L'instance suprême "a décidé que le texte de loi" sur ce plan, qui venait d'être approuvé par les parlementa­ires, "ne devait pas être paraphé par le chef de l'Etat" dans l'attente d'une décision sur ce recours en référé, selon un communiqué de la Cour.

Ce délai intervient alors que les deux chambres du Parlement national venaient tout juste d'approuver le texte de loi.

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UN MÉCANISME SANS PRÉCÉDENT

Il risque donc de ralentir encore la mise en place de ce Fonds doté de 750 milliards d'euros, au moment où la pandémie se prolonge en Europe et continue à affecter durement des pans entiers de l'économie.

Âprement négocié l'été dernier par les Vingt-Sept, ce mécanisme de l'UE est destiné à faire face aux conséquenc­es économique­s de la pandémie de Covid-19.

Il repose sur un mécanisme sans précédent de dette commune à tous les Etats membres, et une partie de l'argent sera versée sous forme de subvention­s (312,5 milliards), notamment aux pays ayant subi le plus lourd impact.

C'est précisémen­t cette mise en commun inédite des dettes des pays européens que contestent les initiateur­s du recours devant la Cour constituti­onnelle allemande.

L'extrême droite allemande, le parti AfD, a aussi annoncé son intention d'attaquer le Fonds pour inconstitu­tionnalité.

UN « TRANSFERT FINANCIER » INACCEPTAB­LE

Les opposants au texte estiment que la Loi fondamenta­le allemande interdit au pays de partager le fardeau de la dette avec d'autres Etats.

Ils y voient une politique de "transfert financier" inacceptab­le des pays supposés budgétaire­ment vertueux, vers des pays perçus comme laxistes.

La décision de la Cour sera donc très suivie.

Elle a déjà été saisie à plusieurs reprises dans le passé sur des questions similaires, liées cette fois aux mesures de soutien à l'économie de la Banque centrale européenne, installée à Francfort (ouest).

Les juges suprêmes ont jusqu'ici toujours fini par les accepter, mais avec de plus en plus de réserves, signifiant qu'on était à leurs yeux aux limites de ce qui est juridiquem­ent possible en Allemagne.

Le délai imposé par la Cour est un coup dur pour le gouverneme­nt de la chancelièr­e Angela Merkel. Elle a soutenu à bout de bras ce Fonds avec le chef de l'Etat français Emmanuel Macron l'an dernier, brisant un tabou dans son pays.

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