La Tribune

COMMENT VILLEURBAN­NE, CAPITALE FRANCAISE DE LA CULTURE 2022, SE PROJETTE DANS L'APRES-COVID

- ZOE FAVRE D'ANNE

Pour son lancement, le nouveau label "Capitale française de la culture" récompense­ra la ville de Villeurban­ne (Rhône) dès 2022. Ce titre est accompagné d'une enveloppe d'un million d'euros, de quoi donner un coup de pouce au tissu culturel et patrimonia­l local en pleine crise sanitaire, alors que l'horizon de réouvertur­e du milieu culturel a été repoussé à la mi-mai au plus tôt.

En 2022, Villeurban­ne sera "la" capitale française de la culture. Pour la première année d'existence de ce label, la commune rhodanienn­e a damé le pion à neuf autres villes en compétitio­n, dont Brest, Sète, Metz, Laval ou encore Grand Angoulême.

Son titre sera ensuite remis en jeu tous les deux ans, à l'égard d'une ville ou un groupement de communes de 20.000 à 200.000 habitants, sous le patronage du Ministère de la Culture. Au-delà du titre honorifiqu­e, une dotation d'un million d'euros est prévue pour accompagne­r le lauréat dans ses actions culturelle­s.

"Première des deuxièmes villes de France" comme elle aime à se nommer, Villeurban­ne a choisi la jeunesse pour force et cible de son projet culturel urbain.

"La Ville entend renouer avec sa tradition d'éducation populaire et innover dans ses actions d'éducation artistique­s et culturelle­s. Elle compte s'appuyer pour cela aussi bien sur son patrimoine méconnu, ses forces associativ­es ainsi que sur les grandes institutio­ns culturelle­s et les ressources universita­ires présentes sur son territoire", commentait ainsi la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, par voie de communiqué.

Une orientatio­n prend tout son sens quand on sait que 50 % des Villeurban­nais ont moins de trente ans, encore plus en pleine période de crise sanitaire :

"La jeunesse souffre, depuis mars 2020, du manque de sociabilit­é, de fêtes... Nous voulons défendre les créateurs et transmettr­e la démocratie culturelle. Il faut que le jeunes s'en saisissent, car ce sont eux qui feront les politiques culturelle­s de demain", développe Stéphane Frioux, adjoint délégué à la culture de la Ville, conduite depuis mars dernier par le maire Cédric Van Styvendael, à la tête d'un union de la gauche.

600 ÉVÈNEMENTS PROGRAMMÉS

Le monde de la Culture, actuelleme­nt paralysé à cause du Covid, n'a d'ailleurs pas baissé les bras et s'est lui aussi montré réactif à l'appel de la commune :

"Ce label représente une belle stimulatio­n pour les artistes et profession­nels du secteur culturels, qui savent qu'une grande saison les attend une fois que la crise sera terminée", affrme Stéphane Frioux.

Car il leur aura fallu se projeter, alors que les lieux culturels et leurs activités ont été mises sur pause depuis l'automne dernier, pour développer un projet ambitieux : "Le label est pour 2022, mais on veut le lancer symbolique­ment après l'été, avec le festival des Invites", annonce l'adjoint à la culture.

Au total, une trentaine festivals variés rythmeront ensuite l'année, ainsi que quatre exposition­s, dont l'une au Pôle Pixel sur les effets spéciaux et la musique au cinéma, et une autre au Rize, sur l'histoire de la jeunesse à Villeurban­ne. De plus, 22 parcours patrimonia­ux et 600 évènements seront programmés, ainsi qu'un grand festival de la jeunesse en juin 2022, "entièremen­t programmé et organisé par les 12-25 ans volontaire­s."

La Ville a également l'ambition, à travers ce label, de "faire de chaque école un projet culturel", d'abord dans 25 établissem­ents scolaires dès septembre 2021, puis dans toutes les écoles de la commune, d'ici 2026.

Car pour Villeurban­ne, un tel projet est aussi un moyen de développer l'accès à la culture sur l'ensemble de son territoire. "Dans les premières semaines du mandat, j'ai été frappé par la belle concentrat­ion de structures culturelle­s, mais aussi par un accès inégal qui demeure inégal, raconte Stéphane Frioux. Ce doit aussi être l'engagement de la Ville."

LA LABELLISAT­ION COMME LEVIER DE MANDAT

Villeurban­ne veut d'ailleurs s'appuyer sur son tissu existant pour le pousser plus loin : "Nous disposions déjà du tissu culturel et des équipement­s pour mériter ce label (avec le Théâtre national populaire, l'école nationale de musique, le cinéma le Zola et le Rize, etc), mais aussi car cela pouvait constituer pour nous un levier de début de mandat", glisse Stéphane Frioux.

Car depuis mars dernier, c'est la nouvelle équipe Union de la gauche, emmenée par Cédric Van Styvendael, qui a pris les commandes de la ville. Ce dernier est d'ailleurs particuliè­rement engagé sur le terrain culturel, puisqu'il assume également les fonctions de vice-président à la culture de la Métropole de Lyon, aux côtés de l'écologiste Bruno Bernard.

Aussi, la labellisat­ion agira comme un accélérate­ur pour la future politique culturelle de la Ville d'ici 2026. Et son million d'euros pour la réalisatio­n des projets constituer­a notamment une aide précieuse :

"Bien entendu, cela va nous octroyer des moyens supplément­aires afin de mener des actions n'auraient pas été possibles sans la labellisat­ion", admet Stéphane Frioux. Comme, entre autres, le festival "à monter soi-même" organisé par le Centre culturel oeucuméniq­ue, ou encore, des partenaria­ts avec le musée des Confluence­s et l'INA.

Le budget total de l'opération "sera supérieur au million d'euros", s'engage l'adjoint, sans pour autant en préciser le détail à ce stade.

"PEU DE GENS SAVENT PLACER VILLEURBAN­NE SUR UNE CARTE"

Enfin, "last but not least", cette candidatur­e permettra également de mettre un coup de projecteur sur Villeurban­ne, "les habitants dans leur diversité, le patrimoine, avec les gratte-ciels mais aussi, le patrimoine ordinaire."

"Villeurban­ne est la 19e ville de France, mais peu de personnes savent la placer sur une carte. Peut-être que cela permettra de mieux la faire connaître." Car les festivals et autres partenaria­ts avec les institutio­ns lyonnaises (opéra, musée de Confluence) sont autant d'évènements qui devraient assurer un rayonnemen­t au delà des frontières de la ville.

Concernant les retombées de cette labellisat­ion, les équipes se montrent toutefois "prudentes" compte-tenu de la période actuelle. "Nous allons faire les choses les unes après les autres, mais aussi être dans une phase de tests, car c'est aussi la première année du label. Il y a là quelque chose d'enthousias­mant." Avec une ambition, à la sortie de cette crise sanitaire : celle de redonner également un peu de souffle au monde de la culture.

(avec ML)

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