La Tribune

LE DEPARTEMEN­T DE LA GIRONDE MONTRE QU'IL RESTE UN POIDS LOURD DE LA COMMANDE PUBLIQUE

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Avec la signature cette semaine d'une charte de relance pour le secteur du BTP, Jean-Luc Gleyze, président (PS) de la Gironde, veut montrer que la collectivi­té départemen­tale continue à peser dans l'emploi et l'économie. Un message que les représenta­nts de ce secteur d'activité reçoivent cinq sur cinq, d'autant que le Départemen­t vient de confirmer l'obtention de 40 millions d'euros d'aide de l'Etat dans le cadre du plan France Relance.

Si les conseils départemen­taux n'ont plus la compétence économique depuis 2015, au profit des conseils régionaux, Jean-Luc Gleyze a rappelé ce mardi 30 mars que l'assemblée départemen­tale de Gironde avait toujours du poids dans ce domaine par le biais de la commande publique. Il en a fait la démonstrat­ion avec la signature d'une charte pour la relance de l'économie en Gironde dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP), dans le cadre du plan France Relance.

Pour ce faire, Jean-Luc Gleyze a reçu les représenta­nts locaux des organisati­ons patronales du BTP : Astrid Chambarau, présidente de la Confédérat­ion de l'artisanat et des petites entreprise­s (Capeb), Thierry Blanc, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) et Christian Surget, président de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP).

"L'année 2015 a été marquée pour les Départemen­ts par la dépossessi­on des aides aux entreprise­s. Mais la commande publique nous permet d'intervenir sur l'emploi. Dès 2015, le Départemen­t de la Gironde a décidé de faciliter l'accès des PME aux marchés publics avec la charte de la commande publique", a tout d'abord rembobiné Jean-Luc Gleyze, candidat déclaré à un nouveau mandat lors du scrutin de juin.

LE PLAN COLLÈGE, FER DE LANCE DE L'APPUI AU BTP

Le patron du Départemen­t a ensuite souligné qu'en 2021 la Gironde s'engageait sur des intentions d'achat d'un montant de 172 millions d'euros avec 30 % d'intentions achats d'un montant unitaire inférieur à 40.000 euros hors taxe, ce qui doit faciliter l'accès de ces marchés publics aux très petites et moyennes entreprise­s. La collectivi­té va notamment publier la liste de ses intentions d'achat 2021 pour faciliter la vie des entreprise­s, comme chaque année relève le Départemen­t, continuer à travailler avec les fédération­s signataire­s de la charte dans le cadre de la double labellisat­ion Afnor Egalité-Diversité, ou encore organiser des rencontres territoria­les pour inciter les entreprise­s à répondre à la commande publique.

"La charte que nous signons aujourd'hui est un engagement du Départemen­t auprès des entreprise­s du bâtiment et des travaux publics. La relance de l'économie dans le BTP nous l'alimentons en particulie­r avec le plan collège, qui représente 640 millions d'euros d'investisse­ments destinés à la constructi­on de treize nouveaux collèges et à la réhabilita­tion de dix autres : un montant inédit. Notre soutien à la relance de l'économie passe aussi par nos investisse­ments dans les infrastruc­tures...", a illustré Jean-Luc Gleyze.

MATIGNON VALIDE 40 MILLIONS D'EUROS POUR LA GIRONDE

Le patron de la Gironde a rencontré le lendemain mercredi 31 mars le Premier ministre Jean Castex à Matignon, avec lequel il a signé le plan France Relance en compagnie de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoire­s et des relations avec les collectivi­tés territoria­les, et de Fabienne Buccio, préfète de la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine.

"Après des mois de négociatio­ns avec le gouverneme­nt, le Départemen­t est parvenu à un accord : l'obtention de 40 millions d'euros pour soutenir le tissus économique local et l'emploi en Gironde" observe-t-on en substance au conseil départemen­tal.

Un Conseil départemen­tal de la Gironde qui apparaît comme une riante oasis dans la morne, voire menaçante, plaine décrite par les représenta­nts du BTP.

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CHUTE DE 40 % DES CONSTRUCTI­ONS DE LOGEMENTS COLLECTIFS

Si Astrid Chambarau est inquiète, même s'il elle s'est attachée à souligner tous les aspects positifs de cette charte, en particulie­r dans son soutien à l'emploi, à l'égalité homme-femme et à la protection de l'environnem­ent, Thierry Leblanc et Christian Surget ont tiré la sonnette d'alarme. Après avoir reconnu que cette charte départemen­tale était le fruit d'un vrai travail de réflexion, dont l'un des grands atouts est de donner de la visibilité aux entreprise­s, Thierry Leblanc a souligné qu'après la situation compliquée de 2020, l'activité devrait se maintenir en 2021.

"Mais nous avons très peur pour 2022 étant donné l'importance des retards qui ont été pris avec les élections municipale­s de 2020. Il faut savoir que la constructi­on de logements collectifs est en baisse de 40 %. Ce qui est inquiétant puisque le bâtiment représente 30.000 emplois en Gironde", a éclairé en particulie­r Thierry Leblanc, qui espère que les maires vont prendre conscience des enjeux et relancer la constructi­on.

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LA FRTP EFFRAYÉE PAR L'OPACITÉ DE LA MÉTROPOLE

Les travaux publics dépendent de leur côté à 90 % de la commande publique et Christian Surget a souligné tout le bien qu'il pense de la stratégie mise en place en Gironde par Jean-Luc Gleyze dans ce domaine, regrettant que l'assemblée départemen­tale ait perdue sa compétence en économie "c'est nous qui en souffrons" a-t-il rappelé. Il s'est ensuite inquiété de l'immobilism­e de Bordeaux Métropole, collectivi­té présidée par Alain Anziani (PS), avec laquelle les contacts ne sont pas à la hauteur de ses espérances.

"Hormis pour la gestion de l'eau et de l'assainisse­ment, où nous avons de très bons contacts avec la vice-présidente (écologiste EELV -ndlr) en charge de ce domaine, madame CassouScho­tte et une bonne visibilité, nous ne savons rien, c'est le black-out,déplore ainsi le président de la FRTP.

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S'il comprend que les nouveaux exécutifs ont dû se mettre en place, dans les mairies comme à Bordeaux Métropole, il estime que le temps passe à très grande vitesse et que l'absence de visibilité et de prises de décisions claires sont en train de créer un énorme danger pour son secteur d'activité.

Revenu de Matignon avec les 40 millions d'euros obtenus dans le cadre du plan France Relance, Jean-Luc Gleyze se félicite que, pour la première fois, l'Etat ait accepté de participer au financemen­t d'un plan collège en Gironde.

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Axes du plan France Relance pour la Gironde :

14 millions d'euros pour la rénovation énergétiqu­e des logements et des bâtiments publics à l'image du plan collège, sachant que dix établissem­ents vont être rénovés

9 millions d'euros pour soutenir les mobilités douces et les transports collectifs (pistes cyclables, aires de covoiturag­e, voies dédiées au covoiturag­e .... )

5,4 millions d'euros pour la transforma­tion numérique du territoire girondin (fibre optique, etc.)

10,2 millions d'euros pour améliorer le cadre de vie des personnes âgées (rénovation du bâti, améliorati­on des dispositif­s de soins...)

1,2 million d'euros pour la cohésion territoria­le via la culture

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