La Tribune

« Il ne faut pas lâcher les TPE PME » dit le président des experts-comptables

- LAURENCE BOTTERO

Alors que le confinemen­t concerne désormais l’ensemble du territoire hexagonal, avec pour conséquenc­es celle notamment d’entrainer la fermeture des commerces et de remettre les salariés en télétravai­l, Lionel Canesi rappelle que le moment est encore fragile pour les petites et moyennes entreprise­s et que le dirigeant, pour résister encore, doit pouvoir bénéficier d’une indemnité partielle. Et d’insister aussi pour anticiper la reprise en préparant un choc de consommati­on.

« Ce n'est pas le moment de lâcher les TPE PME, alors qu'elles vont être reconfinée­s » dit Lionel Canesi. au moment où la France revit une troisième fermeture administra­tive de certains de ses commerces et alors que de nombreux salariés vont retrouver le télétravai­l, la fermeture des établissem­ents scolaires le rendant indispensa­ble pour certains.

Alors que le Plan de relance a tracé les lignes essentiell­es à la reprise, cette reprise justement, n'est pas encore effective. Le remboursem­ent des PGE est également une question qui sous-tend le sujet. Et puisque cette reprise est fébrile - dans les startings-blocks certes, mais encore fébrile - il apparaît donc indispensa­ble que les aides et soutiens perdurent. Ceux déjà effectifs, bien sûr, comme l'Etat s'y est engagé. Mais il ne faudrait pas oublier les dirigeants, ces chefs d'entreprise qui se trouvent à nouveau dépourvus face à une situation qui les prive d'une part - voire pour certains de la totalité de leurs revenus. « Il faut aider nos dirigeants en leur octroyant une indemnité partielle » propose, à nouveau Lionel Canesi. Le président du Conseil Supérieur de l'Ordre des experts-comptables a, en effet déjà, émis cette suggestion, qui viendrait apporter de l'oxygène financier à ceux qui, malgré les différents dispositif­s d'aides, ne sont pas ciblés par une aide spécifique. « Le chômeur à le chômage, le salarié l'activité partielle... » Et les dirigeants, rien. Or, pour Lionel Canesi, l'indemnité partielle est la réponse adéquate pour à la fois donner espoir et de quoi vivre aux dirigeants et leur permettre ainsi de tenir jusqu'au vrai moment de la reprise.

PROVOQUER L'ÉTINCELLE DE LA RELANCE

Et puis, à côté des réponses immédiates, il y a celle de la préparatio­n à la reprise. Pour le président du Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables, il faut opter pour l'étalement des dettes liées à la Covid-19. « Il faut identifier et isoler les dettes Covid et surtout permettre l'étalement de leur remboursem­ent sur 10 ans. C'est ce qui doit éviter les défaillanc­es massives et préparer la relance ». C'est l'une des façons, dit encore Lionel Canesi, «de lancer l'étincelle de la relance ».

Et d'expliquer que « si l'on veut une relance, il faut de l'investisse­ment. Et pour cela il faut de la trésorerie. Or, si la trésorerie sert à rembourser les dettes Covid, elle ne permet pas d'investir dans les nouveaux projets de développem­ent. L'étalement du remboursem­ent sur une durée plus longue est indispensa­ble ».

De la même façon, Lionel Canesi estime que le débranchem­ent, évoqué en post-crise, des aides devra se faire par phases différente­s. « Certains secteurs n'ont pas été touchés, d'autres ont été fermés administra­tivement. La question est de savoir comment les entreprise­s vont reprendre, avec un passeport vaccinal ou pas pour ce qui concerne le tourisme... »

LES 30 GLORIEUSES

Et puisque l'on parle de reprise économique, il faut aussi parler consommati­on. Car c'est encore en consommant que l'on relance la machine économique, que l'on remet en route les circuits, que l'on crée la richesse. Un point important car on sait que les Français ont massivemen­t épargné depuis un an. Nul doute qu'ils attendent de pouvoir fréquenter à nouveau restaurant­s, théâtres, cinémas, magasins ou salles de gym mais assez logiquemen­t le Français a aussi besoin d'avoir confiance en l'avenir pour consommer. « Il faut créer les conditions des 30 Glorieuses », indique Lionel Canesi. « Cela ne veut pas dire aller dans le tout consommati­on, mais il s'agit de remettre de l'argent dans le circuit. Et surtout de privilégie­r le consommer français. Il est indispensa­ble, pour favoriser la relance, de faire du patriotism­e économique ».

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