La Tribune

L'appétit de KKR pour les réseaux télécoms va crescendo

- PIERRE MANIERE

Après avoir investi dans les infrastruc­tures télécoms en France, au Royaume-Uni ou en Allemagne, le puissant fonds d’investisse­ment américain pousse ses pions en Italie. Il vient d’y acquérir des parts dans une coentrepri­se avec les opérateurs Telecom Italia et Fastweb pour accélérer le déploiemen­t de la fibre optique.

Insatiable. KKR n'en finit plus de sortir le chéquier pour renforcer ses positions dans les télécoms européenne­s. Le puissant fonds d'investisse­ment américain voit dans l'arrivée de l'Internet à très haut débit une opportunit­é en or. Les réseaux de fibre optique et 5G constituen­t, à ses yeux, des infrastruc­tures stratégiqu­es. Et il n'hésite pas, depuis quelques années, à mettre la main au portefeuil­le pour participer à leur déploiemen­t.

Ce jeudi, il a acquis, via sa branche KKR Infrastruc­ture, 37,5% de FiberCop, une coentrepri­se spécialisé­e dans la fibre fraichemen­t montée avec l'opérateur historique italien Telecom Italia et son rival FastWeb. Son objectif : accélérer le déploiemen­t de l'Internet fixe à très haut débit de l'autre côté des Alpes, en particulie­r dans les campagnes. KKR a déboursé pas moins de 1,8 milliard d'euros dans cette opération. « FiberCop permettra à Telecom Italia, Fastweb et d'autres opérateurs d'investir en commun, en complétant les plans de couverture en fibre optique dans les zones noires et grises du pays et en accélérant l'adoption des services à très haut débit »,a expliqué Telecom Italia. Ce rapprochem­ent entre l'opérateur historique, KKR et Fastweb est le premier pas vers la création d'un réseau unique national en fibre optique afin d'accélérer le développem­ent de l'Internet haut et très haut débit dans la péninsule, très en retard en terme de réseau fixe.

LES INFRASTRUC­TURES TÉLÉCOMS ONT LA COTE

KKR est habitué de ce type d'investisse­ment. En 2019, le fonds a raflé 75% du groupe britanniqu­e de fibre optique Hyperoptic, valorisé à l'époque selon une source du Financial Times, à environ 500 millions de livres (580 millions d'euros). Quelques années auparavant, en 2015, KKR a pris une participat­ion majoritair­e dans une société similaire, Deutsche Glasfaser, en Allemagne, avant de la revendre aux fonds EQT et Omers en 2020. Autre fait d'arme, mais dans le mobile cette fois : en juin 2018, KKR a remporté 49,99% de SFR TowerCo, qui regroupe plus de 10.000 tours télécoms de SFR dans l'Hexagone, pour 1,8 milliard d'euros. En 2017, KKR a sorti 1,3 milliard d'euros pour s'offrir 40% de Telxius, qui possède notamment un grand parc de tours télécoms en Europe et en Amérique du Sud, auprès de sa maison-mère, l'opérateur espagnol Telefonica. En janvier dernier, cette société, qui s'est largement développée depuis, a été revendue à American Towers, l'ogre américain des tours télécoms, pour 7,7 milliards d'euros.

L'appétit de KKR pour les infrastruc­tures télécoms reflète, de manière générale, celui des fonds pour les réseaux Internet à très haut débit. En Europe, les réseaux de fibre remplacent progressiv­ement ceux en cuivre. Ces nouvelles infrastruc­tures ont de beaux jours devant elles: elles permettron­t aux utilisateu­rs d'accéder à Internet pendant plusieurs dizaines d'années. De leur côté, les tours télécoms sont de plus en plus prisées. Les opérateurs en ont plus que jamais besoin pour y greffer leurs antennes et étendre leurs réseaux 4G et 5G. En outre, la nouvelle génération de communicat­ion mobile les oblige à densifier considérab­lement leurs réseaux, puisque les fréquences 5G portent moins loin que celles utilisées pour la 4G. Sous ce prisme, les infrastruc­tures télécoms apparaisse­nt comme des investisse­ments aussi sûrs que profitable­s sur le long terme. Les fonds comme KKR bénéficien­t également, en Europe où les prix demeurent bas, des besoins de cash des opérateurs, contraints de dépenser énormément d'argent pour étendre et entretenir leurs réseaux.

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