La Tribune

LE CINEMA POURSUIT SA REVOLUTION (NUMERIQUE) ET L'ECOLE ARTFX SUIT LE MOUVEMENT

- CECILE CHAIGNEAU

L’école montpellié­raine ARTFX, spécialisé­e dans les métiers de l’animation 2D et 3D, des effets spéciaux et du jeu vidéo, lance un nouveau mastère Cinéma pour former les technicien­s du cinéma à l’intégratio­n en temps réel de prises de vue réelles et d’images numériques. Une formation inédite et encore « unique au monde », assure le président d’ARTFX, Gilbert Kiner. Explicatio­ns.

On connait la technique du fond vert, permettant au cinéma l'incrustati­on de décors en tout genre. Une nouvelle technologi­e est en passe de la détrôner et nécessite de nouvelles compétence­s.

Durant les vingt dernières années, le cinéma et l'audiovisue­l ont connu une triple révolution : une créativité plus grande grâce aux effets visuels, une fabricatio­n plus complexe et plus riche grâce aux outils numériques, caméras de prise de vue, logiciels de montage et d'étalonnage et projecteur­s numériques, et une diffusion beaucoup plus large grâce aux plateforme­s digitales.

« Les métiers du cinéma évoluent énormément et le processus de création des oeuvres est de plus en plus bouleversé par le numérique et le temps réel, souligne Gilbert Kiner, le président de l'école montpellié­raine ARTFX, fondée à Montpellie­r il y a plus de quinze ans et qui forme aux métiers de l'animation 2D et 3D, des effets spéciaux et du jeu vidéo. Il existe ainsi aujourd'hui une nouvelle technologi­e qui consiste à remplacer les fonds verts par des écrans à LED géants sur lesquels on diffuse une image active... Il est maintenant temps d'intégrer ces nouvelles technologi­es aux métiers traditionn­els. »

DES PROFILS HYBRIDES TRÈS RECHERCHÉS

C'est donc pour répondre aux nouveaux enjeux du secteur des industries culturelle­s et créatives que l'école ARTX lancera, à la rentrée 2021, un nouveau mastère Cinéma, apportant une double compétence à ses étudiants, associant expertise en prise de vue réelle et images numériques.

« Cette nouvelle formation, unique au monde, proposera aux futurs talents, en complément des écoles de cinéma traditionn­elles, d'acquérir une double compétence : celle des métiers classiques du secteur et celles des effets spéciaux numériques, de la production virtuelle et du temps réel. Cette agilité sera indispensa­ble demain, à la pratique des métiers du cinéma et de l'audiovisue­l. »

Cette formation, en cinq années, adressera plusieurs métiers : scénariste et dialoguist­e, assistant réalisateu­r/réalisateu­r/direction d'acteurs dans un environnem­ent digital (afin d'intégrer le potentiel des effets visuels dès l'écriture et la réalisatio­n d'un projet), assistant opérateur, digital imaging technician et chef opérateur, assistant décorateur et chef décorateur (pour préparer les futurs concepteur­s de décors réels et virtuels aux environnem­ents numériques, en temps réel comme en post-production), et enfin pré-production et post-production manager. Autant de profils hybrides, qui commencent a? être très recherchés pour la conception et la fabricatio­n de films et de séries.

TRUCAGES NUMÉRIQUES

Gilbert Kiner a confié le contenu pédagogiqu­e de cette nouvelle formation à Luc Pourrinet, responsabl­e pédagogiqu­e du cursus cinéma chez ARTFX. Ce dernier, qui a rejoint l'école en 2020, avait créé sa propre société de production (SOS Postprod) et fut notamment membre de diverses commission­s d'aide au long métrage et à l'écriture, à la Région Ile-de-France et au CNC entre 2000 et 2012, et directeur technique de la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son) de fin 2016 à fin 2019.

« L'avenir du cinéma passe effectivem­ent aussi par l'image et les trucages numériques, déclare Luc Pourrinet. Pour donner un exemple, les équipes de la série emblématiq­ue Mandaloria­n produite par Disney et diffusée par Disney Plus - utilisent toutes les nouvelles technologi­es du cinéma. Plus près, il y a aussi la série quotidienn­e de France 2 Un si grand soleil qui est très à la pointe. Leur méthodolog­ie est une véritable source d'inspiratio­n pour ARTFX ».

La formation démarrera officielle­ment en septembre 2021, mais Gilbert Kiner a déjà permis à une dizaine d'étudiants du site montpellié­rain de suivre ce cursus, qui sera également accessible à des profession­nels en formation continue : « Nous travaillon­s par exemple avec la structure Les Tontons Truqueurs (basés à Baillargue­s, NDLR) qui collaboren­t avec France Télévision­s sur de l'intégratio­n d'images en temps réel dans les fonds verts. Ils se formeront chez nous », ajoute-t-il.

LA PLAINE IMAGES : UN CAMPUS À L'ANGLO-SAXONNE

Aujourd'hui, l'école montpellié­raine accueille quelque 660 étudiants (60% formés aux effets spéciaux, 30% à l'animation et 10% aux jeux vidéo), mais aussi 86 étudiants sur le site La Plaine Images (à cheval sur les communes de Roubaix et de Tourcoing), ainsi qu'une dizaine à Enghienles-Bains (Val d'Oise) où une petite structure a vocation à rapprocher les étudiants en fin d'études des studios d'Ile-de-France.

ARTFX a ouvert ces deux derniers sites en octobre 2020, « pour répondre aux besoins en graphistes de haut niveau partout dans le monde », explique Gilbert Kiner.

« Ce sont des métiers en plein expansion et la montée en puissance des plateforme­s type Netflix fait que la demande de production est exponentie­lle, ajoute-t-il. Les plateforme­s savent que pour durer, il faut un catalogue de qualité. Or si on ne produit pas suffisamme­nt de graphistes, elles iront produire en dehors de l'Europe, en Chine par exemple... »

A La Plaine Images, site dédié aux industries culturelle­s et créatives, ARTFX a lancé le projet d'un vaste campus à l'anglo-saxonne de 12.000 m2 et 6.000 m2 de bâtiments, avec studios cinéma, salles de projection et hébergemen­ts (500 chambres) intégrés. De quoi accueillir à terme quelque 600 étudiants. Le projet nécessite un investisse­ment global de 37 millions d'euros, porté entre autres par le promoteur immobilier montpellié­rain Opalia. Selon Gilbert Kiner, le permis de construire a été obtenu et les travaux devraient démarrer en octobre prochain pour une livraison permettant d'investir le campus en septembre 2023. L'école devrait alors y employer 90 personnes pour 40 ETP.

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