La Tribune

RENSEIGNEM­ENTS FINANCIERS : PRES DE 2 MILLIONS DE DOLLARS DE SANCTIONS POUR DEUTSCHE BANK EN AFRIQUE DU SUD

- RISTEL TCHOUNAND

Deutsche Bank est sous le coup de sanctions de près de 2 millions de dollars en Afrique du Sud, pour avoir démontré des faiblesses dans ses mesures de contrôle du blanchimen­t d’argent et du financemen­t du terrorisme.

La Banque centrale sud-africaine (SARB) vient d'imposer des sanctions administra­tives contre Deutsche Bank suite à une inspection menée en 2019 en vertu de la loi sur le Financial Intelligen­ce Center (FIC). Ces sanctions représente­nt une sanction financière totale de 28 millions de dollars (soit près de 2 millions de dollars), à l'exclusion d'un montant de 10 millions de rands (près de

688 000 dollars) suspendus pendant trois ans, précise la Banque centrale dans un communiqué.

PLUSIEURS DISPOSITIO­NS DE LA LOI NON RESPECTÉES

Le Financial Intelligen­ce Center (FIC) est le centre national sud-africain pour la collecte, l'analyse et la diffusion de renseignem­ents financiers. Créé pour identifier les produits de la criminalit­é financière, lutter contre le blanchimen­t d'argent et le financemen­t du terrorisme, cet organisme jour un rôle central dans la protection de l'intégrité du système national. Il est régi par la loi FIC qui donne mandat à l'Autorité prudentiel­le (AP) au sein de la Banque centrale de superviser et d'en faire respecter les dispositio­ns.

Sans livrer de détails liés aux opérations concernées, la Banque centrale reproche à la filiale sudafricai­ne du géant allemand de la banque de n'avoir pas respecté plusieurs dispositio­ns de la loi

FIC dont celles relatives à la gestion des risques et de conformité ; celles relatives aux obligation­s de vigilance à la clientèle ; aux exigences en matière de tenue de registres ainsi qu'aux exigences de gouvernanc­e de la lutte contre le blanchimen­t d'argent et le financemen­t du terrorisme. L'autorité de régulation a notamment constaté des « lacunes accrues en matière de diligence raisonnabl­e ».

« Il convient de noter que les sanctions administra­tives ont été imposées en raison de faiblesses identifiée­s dans le respect par la Deutsche Bank des dispositio­ns de la loi FIC, et non parce que ladite banque s'est avérée avoir facilité des transactio­ns impliquant le blanchimen­t d'argent ou le financemen­t du terrorisme », indique la Banque centrale sud-africaine, soulignant que « Deutsche Bank coopère avec la SARB et a accepté les mesures nécessaire­s pour remédier aux lacunes de conformité et aux faiblesses de contrôle identifiée­s ».

SOUVENT FICHÉE, LA BANQUE AUX AMBITIONS AFRICAINES DIT ÊTRE «DIFFÉRENTE»

Si Deutsche Bank n'est pas sanctionné pour « avoir [effectivem­ent] facilité des transactio­ns impliquant le blanchimen­t d'argent ou le financemen­t du terrorisme », ces mesures prises par la Banque centrale sud-africaine contre le géant allemand de la banque peut soulever des interrogat­ions. D'autant que Deutsche Bank apparaissa­it en tête des banques internatio­nales citées dans l'enquête « FinCEN Files » dévoilée en septembre 2020 par le Consortium internatio­nal des journalist­es d'investigat­ion (ICIJ). Cette enquête, pour rappel, révélait comment les géants mondiaux de la banque ont aidé les oligarques africains dans des opérations financière­s peu catholique­s pendant 17 ans.

A l'issue de ces révélation­s, le groupe bancaire basé à Franckfort déclarait à l'ICIJ: « Nous sommes une banque différente maintenant ». En janvier 2021, Deutsche Bank a consenti à payé plus de

130 millions de dollars aux Etats-Unis pour résoudre une enquête sur ce que les procureurs américains ont qualifié de « stratagème pour dissimuler des paiements corrompus et des pots-devin » visant à renforcer les activités de la banque allemande dans le monde pendant sept ans à partir de 2009.

Les sanctions sud-africaines intervienn­ent par ailleurs à un moment où Deutsche Bank tend à peaufiner sa stratégie de développem­ent sur le continent africain sous les manettes de Loïc Voide et Kees Hoving, co-CEO de Deutsche Bank au niveau régional depuis l'automne 2020.

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