La Tribune

AURA : DES METROPOLES GENERATRIC­ES DE PIB, MAIS OU LA PAUVRETE AUGMENTE

- MARIE LYAN

À quelques jours d’écart, deux baromètres de l’INSEE donnent la températur­e au sein de la région Auvergne Rhône-Alpes. Les chiffres, compilés avant l’arrivée de la pandémie, font état d'une région dynamique, génératric­e de PIB mais où les écarts commencent à se creuser, en particulie­r au sein des quatre principale­s métropoles. Et la crise sanitaire pourrait encore accentuer ce phénomène.

Il y a quelques jours, l'INSEE publiait une actualisat­ion de ses chiffres relatifs au PIB régionaux : celle-ci confirmait notamment que la région Auvergne Rhône-Alpes occupe (toujours) la seconde place des PIB à l'échelle nationale, après l'Ile-de-France. Son produit intérieur brut représenta­it ainsi 272,6 milliards d'euros, soit 12% de la création de richesse nationale, selon les derniers chiffres arrêtés en 2018.

Soit un PIB par habitant de 34.120 euros, ce qui représente 4.000 euros de plus que dans les autres régions de province, avec une création de valeur boostée par le secteur tertiaire (dont la valeur a augmenté de 5 points par rapport à l'année 2000).

Concernant l'impact de la crise actuelle, il faudra cependant attendre. Mais ce mercredi, l'INSEE a publié un autre indicateur qui nuance ce tableau : car sur la même période, cette étude révèle qu'un habitant sur huit de la région est touché par la pauvreté (ce qui représente près d'un million d'habitants).

Bien qu'à première vue, ce chiffre demeure stable depuis 2013 et s'affiche comme le 3e plus faible taux de pauvreté au niveau national (derrière les Pays de la Loire et la Bretagne), grâce au dynamisme de l'économie régional, il masque en réalité de plus fortes disparités entre les territoire­s, et notamment au sein des métropoles, où les écarts commençaie­nt à se creuser déjà avant la pandémie. « Et la crise sanitaire actuelle pourrait augmenter » ce phénomène, met en garde l'INSEE.

4 HABITANTS SUR 10 TOUCHÉS EN MÉTROPOLE

Car au sein des grandes métropoles auralpines, ce sont quatre habitants sur dix qui étaient touchés par la pauvreté au sein des villes de Lyon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand ou Grenoble.

Entre 2013 et 2018, le taux de pauvreté a grimpé à Grenoble (de 13 à 14%), mais aussi sur le périmètre de la métropole de Lyon (de 15% à 16%) ainsi que dans la métropole de Saint-Etienne, où il a même bondi de deux points (de 17% à 19%). Et ce, alors que ces départemen­ts (Isère, Rhône et Loire) n'ont pas vu leur taux global évoluer, avec des chiffres respective­ment fixés à 10%, 9% et 11%.

Dans le cas du Puy-de-Dôme, la situation semble plus contrastée car le taux de pauvreté de l'ensemble du départemen­t a diminué d'un point (de 12 à 11%) en l'espace de cinq ans, tandis que celui de la métropole de Clermont-Ferrand augmente de 14% à 16%.

« Le Cantal est, par exemple, le 2e départemen­t français qui connaît la plus forte baisse du taux de pauvreté, mais Saint-Étienne est l'une des métropoles où la pauvreté augmente le plus fortement », illustre par exemple l'INSEE afin de souligner les disparités régionales.

Cette augmentati­on de la pauvreté affecterai­t toutes les tranches d'âge, et plus particuliè­rement les publics jugés les plus vulnérable­s, car situés à l'entrée et la sortie du marché du travail, c'est-à-dire les moins de 30 ans et les 50-59 ans.

Avec, parmi les ménages concernés, une plus forte proportion de foyers composés d'une seule personne, correspond­ant là encore au sein des métropoles à une population étudiante ou à des jeunes travailleu­rs en situation précaire.

Au final, cette étude laisse entrevoir une meilleure résistance des départemen­ts dits plus ruraux, déjà amorcée avant la crise actuelle, et qui ont vu leur taux de pauvreté diminuer comme le Cantal (-1,8 pts) et la Haute-Loire (- 0,8 pt).

Mais plutôt qu'une croissance provenant de ces territoire­s, l'Institut national de la statistiqu­e y voit plutôt la traduction d'une « baisse du nombre de personnes en âge de travailler, parmi lesquelles se trouvent les population­s les plus touchées par la pauvreté ». Avec, de l'autre côté du spectre, un phénomène de vieillisse­ment des population­s plus marqué dans ces régions, avec à la clé, « une part élevée et grandissan­te des pensions et retraites dans le revenu des habitants ».

Une tendance qui pourrait là aussi se renforcer avec la crise actuelle, qui a mis à rude épreuve les revenus de différents secteurs d'activités, et où les revenus des retraités ont plutôt tendance à avoir mieux résisté.

Afin de réaliser cette étude, l'INSEE a étudié le nombre de personnes présentant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, établi à 1.087 euros par mois en 2018 pour une personne seule. Tout en rappelant que, malgré de bons chiffres enregistré­s par l'ensemble de la région, la crise sanitaire pourrait encore augmenter les écarts constatés.

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